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Le canal de Bernistap et le tunnel de Buret / Houffalize

Le canal de Bernistap et le tunnel de Buret / Houffalize

Le canal de Bernistap et le tunnel de Buret / Houffalize

Le canal de Bernistap et le tunnel de Buret / Houffalize

L’idée de relier la Meuse au Rhin n’était pas tout à fait neuve lorsque Guillaume d’Orange Nassau se lança dans un des plus grands chantiers de son époque. L’entreprise avortée nous léguera un des sites les plus insolites de toute l’Ardenne : le souterrain de Buret ou le canal de Bernistap.

De la France à la Belgique en passant par la Hollande

Et, saut dans le temps, pour commencer : en 1814, l’Empire français commence à vaciller, l’empereur est exilé sur l’île d’Elbe. Sans savoir que Napoléon reviendra un an plus tard et sera définitivement battu à Waterloo,  le congrès de Vienne confie les destinées de ce qui n’est pas encore la Belgique, ni le Grand-duché de Luxembourg  au roi Guillaume de Hollande. Un garçon bien sympathique, au départ, mais qui va mal tourner. Ses maladresses, comme disaient alors les diplomates, feront qu’il sera rapidement pris en grippe par ses nouveaux sujets. L’imposition du néerlandais comme unique langue nationale, les vexations infligées aux catholiques (les Hollandais sont majoritairement protestants), l’augmentation des impôts, la censure de la presse et la laïcisation de l’enseignement font déborder le vase. Par la révolution de  1830, les Belges et les Luxembourgeois boutent Guillaume dehors et prennent leur indépendance.

 

Un projet pour ouvrir la voie du développement

Guillaume, s’il n’était pas très psychologue avec la diversité de ses sujets, avait cependant une vision économique progressiste. Conscient que le développement passait nécessairement par un réseau de communication efficace, il engagea une série de grands travaux. Et certains, comme notre canal de Bernistap, accéderont au podium des “Grands travaux inutiles”.

Les voies de communication les plus faciles pour l’époque sont incontestablement les voies d’eau, car elles permettent le transport rapide de tonnages importants. Si on conçoit bien aujourd’hui de développer  la mobilité par des liaisons entre deux autoroutes parallèles, il paraissait tout aussi évident au 19e siècle de construire ces liaisons entre deux fleuves parallèles, tels que la Meuse et le Rhin.

Guillaume se donna corps et âme dans ce projet.

L’Ourthe, la Wolz puis la Moselle, et enfin le Rhin

Sur la carte, on voit la Meuse à l’ouest et son passage à Liège qui s’industrialisait déjà en ce début de 19e siècle. On voit, à l’est, le Rhin qui traverse Bonn ou Cologne. Sur la carte, on a vite fait de tracer une ligne droite entre ces grandes cités.

Alors, pourquoi passer en Ardenne pour relier fleuves et rivières qui permettent les échanges commerciaux ? L’Ardenne est si éloignée des grandes activités commerciales.

Parce que, il fallait trouver un endroit où ces deux grands fleuves se rapprochent par l’intermédiaire de leurs affluents. Quitte à remonter aux sous-affluents, voire aux sous-sous affluents.

Et là, quelque part, à proximité des villages de Tavigny, de Buret et de Hoffelt, le ruisseau de Tavigny prend sa source en direction de l’Ourthe puis de la Meuse. De l’autre côté de la ligne de crête naît un autre ruisseau qui lui s’en va vers la Woltz, et puis la Sûre en direction de la Moselle pour rejoindre le Rhin. La liaison à créer entre les deux bassins fluviaux ne représentait donc que cinq kilomètres.

Le tracé est donc dessiné par la nature. Encore faut-il que ces rivières naissantes soient rendues navigables. Ce qui nécessite les grands travaux qui rendent le projet ambitieux et même très ambitieux. Plus des deux cents écluses seront nécessaires entre Liège et Wasserbillig, des kilomètres de chemins de halage, un travail colossal.

Cependant le gros morceau des travaux reste quand même de relier l’Ourthe et la Woltz ; là il faudra vraiment creuser un canal et entailler la colline pour que les rivières se rejoignent, renforcées par les ruisselets qui coulent entre Tavigny et Hoffelt.

Un canal, c’est entendu, mais pourquoi un tunnel ?

Pour joindre les deux bassins fluviaux, il faudra passer de l’autre côté de la ligne de crête en bateau. Par définition, une ligne de crête, c’est haut, à une altitude plus élevée que les deux ruisseaux que nous devons relier par un canal. Tellement haut qu’il faudrait au point culminant creuser de 60 mètres pour rejoindre le niveau qui relierait nos deux sources. Creuser sur soixante mètres de profondeur et sur plusieurs kilomètres, de long c’est un travail énorme avec les moyens techniques disponibles à l’époque. Les ouvriers et ouvrières étaient équipés de pioches, de pelles, de paniers en osier et de brouettes…

Là où il y aurait trop de déblais à évacuer, il est bien plus facile de creuser SOUS la terre et de faire un tunnel pour rejoindre les portions du canal venant de Bernistap à l’ouest et du village de Hoffelt à l’est.

Et voilà l’idée.

Les promoteurs eurent le bon goût de commencer ce grand projet par son passage le plus difficile : le tunnel qui devait s’étirer sur un tracé en ligne droite de 2528 mètres. Bien leur en prit, car la liaison fluviale ne sera jamais terminée.

Peu de temps après les débuts du chantier, les Hollandais furent renvoyés chez eux par les révolutionnaires de la future Belgique. Ils emmenèrent leurs capitaux et leurs finances, laissant le projet de Guillaume d’Orange en plan.
Recapitaliser le chantier par le nouvel état belge était en soi un grand casse-tête, mais surtout, le chemin de fer naissant rendait le transport fluvial beaucoup moins vital au développement économique. La liaison fluviale devenait inutile.

Ainsi donc, de la ferme de Bernistap s’en va un canal abandonné d’un peu plus d’un kilomètre pour arriver à l’entrée d’un tunnel qui devait traverser la colline sur deux kilomètres et demi pour rejoindre la tranchée de Hoffelt et relier l’Ourthe belge à la Wolz luxembourgeoise. Il fut creusé sur la moitié de sa longueur initiale avant l’abandon des travaux. Plus tard, un éboulement l’a bouché à trois cents mètres de l’entrée.

Que d’efforts, que de sueur pour rien, notre époque n’a pas inventé les « travaux inutiles ».

 

 

Le souterrain qui devait être creusé à 60 mètres sous le sommet de la crête ne sera jamais terminé et le rêve de Guillaume ne verra jamais le jour.

100 après

À la fin des années 1920, le canal était devenu ce qu’on appelait alors “un lieu de villégiature”.
Le canotage était une activité très à la mode.
(Photos : Collection Marian Struzik)

La ferme de Bernistap

 

 

La ferme de Bernistap était le point de départ du chantier du canal. On y faisait la cuisine, on y blanchissait le linge des ouvriers. Elle était le “poste avancé” des gestionnaires du chantier. Elle a retrouvé sa pleine fonction d’exploitation agricole dès la fin du projet et cela perdure encore aujourd’hui. En face de la cour de la ferme, le passage qui permet la balade du canal. La balade est réservée aux piétons car l’endroit est désormais classé en zone de protection “Natura 2000”.

La tornade de juin 2021

Nous ne verrons plus jamais la ferme de Bernistap telle qu’on l’a connue depuis l’époque de la réalisation du canal et du tunnel.
Ni depuis que nous avons réalisé ce reportage en 2018.

Le 27 juin 2021, une terrible tornade s’abattit sur la ferme. En quelques minutes, les bâtiments de la ferme furent jetés à terre comme un château de cartes. Par miracle, il n’y eut pas de victime humaine, mais les bâtiments historiques furent complètement ravagés.

Ci-dessous, quelques photos comparent la situation d’avant (les photos du haut) la tempête et ce qui reste après (les photos du bas). Seul le logis de Monsieur Gerardy a été préservé et la toiture refaite, le reste n’a pas pu être reconstruit. Tout est détruit !
Merci à Monsieur Gerardy et à sa sœur de nous avoir un peu parlé de cet évènement dramatique. Nous pensons profondément au choc qu’ils ont subi ainsi qu’à la perte historique qu’a causée cette tornade.

Le canal est devenu une réserve naturelle (classée Natura 2000)

 

 

De la ferme de Bernistap à l’entrée du tunnel, il y a plus ou moins 1 kilomètre de canal. Arrachés à la colline, les déblais étaient remontés par des femmes portant des paniers en osier sur leurs dos. Lorsqu’on progresse le long du canal, on chemine sur un sentier surélevé constitué de tout le schiste extrait de la tranchée. Il régnait sur le chantier, une agitation sans commune mesure avec la quiétude qui baigne les lieux aujourd’hui. Les castors, qui ont envahi l’endroit, semblent vouloir continuer la tâche en abattant les arbres qui ont pris possession des remblais.

Même l’eau du canal s’est endormie sur ce prestigieux projet. Sans courant, l’eau claire au printemps se couvre de mousse dès la venue de l’été.

Le souterrain, qu’on n’appellera tunnel que plus tard

 

 

Il devait trouer la colline sur exactement 2528 mètres. Les ouvriers progressant d’environ 1 mètre par jour avaient fait la moitié du travail avant l’abandon du projet. Plus tard, un éboulement s’est produit à trois ou quatre cents mètres de l’embouchure. On peut encore distinguer les attaches qui servaient aux bateliers à haler leurs embarcations.

Souterrain ou tunnel ?

Les contemporains des travaux – et la chose n’est pas interdite de nos jours – parlaient de souterrain, à propos de Buret : tunnel est un mot anglais qui n’est apparu que plus tard, dans le sillage du chemin de fer.

Draguer ?

L’entrée de l’ouvrage s’est progressivement envasée au fil du temps. Le tunnel haut de quatre mètres ne laisse plus qu’un passage très étroit. D’aucuns voudraient lui rendre son aspect original, mais le site est désormais rendu à la nature. Le souterrain devenu grotte abrite des espèces protégées de chauves-souris.

Remettre le site en état ? C’est possible, selon un ingénieur retraité : “Tout est possible ! Certaines maçonneries pourraient être remises en valeur sans grande difficulté. Pour le reste, il faut draguer des tonnes de boue, et consolider des versants. Ça aussi, c’est possible, mais il faut amener les machines et le charroi sur place. Ce qui, moyennant une bonne coordination du chantier, pourrait se faire par une voie unique qui n’a pas besoin d’être une autoroute. Reste ensuite à savoir que faire des boues de dragage.

Bateaux

Les plus gros bateaux (des Bètchètes) destinés à naviguer sur le canal mesuraient 25 m de long, et 2 m 50 de large, pour un tirant d’eau de 80 cm. Charge comprise, leur poids maximum atteignait 60 tonnes. L’équipage était composé d’un batelier, de deux mariniers et d’un cheval. Dans les souterrains, la progression se faisait à l’aide de gaffes destinées à haler le bateau en s’accrochant aux barres et autres étriers disposés sur la voûte, à espaces réguliers.

L’illustration extraite de la brochure touristique présentant l’ouvrage montre bien par quelle méthode les bateliers faisaient progresser les “betchettes” à l’intérieur du tunnel.

En savoir plus

Couverture du roman : La rivière contrariée

La rivière contrariée : le roman de Gery de Pierpont

Sur fond de mission économico-politique à l’ancienne, La Rivière contrariée entraîne ses lecteurs dans une passionnante enquête à rebondissements. Ce récit d’aventures, tissé dans une page d’histoire aussi fascinante que méconnue, valut à son auteur le Prix Alex Pasquier (Roman historique) de l’Association des Écrivains belges (2003).

En version “papier” et en version numérique

http://larivierecontrariee.com/le-livre


 

canalmeusemoselle.wordpress.com
Le site du Cercle d’Etudes du Canal de Bernistap-Hoffelt

meuse-moselle1830.be
Le site des recherches historiques de l’auteur du roman


Où est caché ce tunnel ?

Bernistap

Bernistap

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Une brochure explicative et gratuite est disponible au Syndicat d’Initiative de Houffalize. Une balade de 15 Km est également proposée jusqu’à la découverte de l’entrée du canal.

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Récolte de la sève de bouleau

Récolte de la sève de bouleau

Récolte de la sève de bouleau

Récolte de la sève de bouleau

La sève de bouleau est consommée de temps immémoriaux dans les régions sibériennes et scandinaves. Cette pratique ancestrale complète naturellement les très nombreux usages que les peuples nordiques faisaient du bouleau; jusqu’à en faire un arbre sacré tellement il était indispensable à la vie de ces régions. Si on ne fait plus de bougies en écorce de bouleau aujourd’hui, la consommation de sève perdure et la pratique est descendue jusqu’à nous.

kiitos pohjoisen ihmiset (ça veut dire “merci à vous peuples du Nord” en Finnois).

 

Son action diurétique et dépurative est connue pour éliminer les toxines accumulées durant l’hiver. Elle est un draineur activant l’élimination des déchets de l’organisme : acide urique, urée, cholestérol. Elle est également vermifuge dit-on.

Cet “élixir de printemps” peut être consommé frais à l’état pur à raison d’un verre par jour, de préférence à jeun.
Bien qu’elle puisse se conserver à l’aide de différents additifs (alcool), il est très simple de récolter la sève et de la consommer fraîche dès le début du mois de mars dans nos régions, avant l’apparition des bourgeons sur les arbres.

C’est à ce moment que, captée par les racines, elle prend littéralement l’arbre d’assaut pour acheminer la sève brute en direction du sommet. Là, dès qu’il éclora, le feuillage transformera cette sève brute en sève élaborée par le travail de la photosynthèse.

Cette sève montante que nous récoltons est donc composée en grande partie de l’eau du sol, mais enrichie d’une multitude de sels minéraux diversifiés; d’où son nom “d’eau de bouleau” parfois utilisé. On la récolte directement au jardin en forant un trou de faible diamètre dans le tronc (sur une profondeur de 2 à 5 cm.) et en y insérant un tuyau. Ce tuyau coule dans la bouteille de récupération et le tour est joué. L’écoulement est impressionnant, ce petit trou de 12 mm maximum de diamètre remplira votre bouteille d’un litre tous les matins. De quoi traiter quotidiennement toute la famille. Si le temps se refroidit brusquement, comme cela peut se produire au mois de mars, la montée de la sève ralentira, voire s’arrêtera. Cela ne signifie pas que la récolte est terminée, le flux reprendra avec la remontée de la température. La production dure à peu près trois semaines à un mois.

Lorsque la source ne coule plus, il faut reboucher le trou fait dans le tronc de notre cher bouleau au moyen d’une cheville de bois ; inutile de laisser la porte ouverte à l’entrée de bactéries ou champignons qui pourraient s’en prendre à notre “arbre de vie “.

La sève fraîche se conserve à peine quelques jours au frigo, elle devient rapidement trouble, elle fermente et devient acidulée. Il vaut mieux ne plus la consommer à ce stade, bien qu’il soit possible de la laisser fermenter pour en faire un « vin de bouleau » et même un “champagne de bouleau”. C’est évidemment une tout autre technique que nous laisserons aux spécialistes.

Bonne cure.

 

 

La mèche (10/12 mm), le tuyau de même diamètre que la mèche et enfin, lorsque la récolte sera terminée, un bout de branche pourra faire office de bouchon.

La sève est récoltée début mars, avant l’apparition des bourgeons.

Il est très simple de récolter la sève, même en grande quantité. N’oubliez pas de boucher les trous au moyen de chevilles de bois à la fin de la récolte.

 

Fr. Rion 2023
Sources : Le guide du bouleau  par Ph. Andrianne

 

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La chasse infernale du seigneur de Herbeumont

La chasse infernale du seigneur de Herbeumont

ips (bostryche) typographe

La chasse infernale du seigneur de Herbeumont

 

Le thème de la chasse infernale – qui porte aussi de nombreux autres noms – se retrouve avec d’infinies variantes à travers toute l’Europe. Il trouve vraisemblablement son origine dans la chevauchée céleste d’Odin, à la recherche de connaissances qu’il transmet aux hommes. Dans l’imagination populaire, secondée par le fracas des tempêtes d’équinoxe, la portée métaphysique du mythe scandinave s’est incarnée d’une manière assez générale dans l’histoire d’un chasseur maudit dans l’éternité pour ses forfaits terrestres. L’Ardenne n’est pas avare de ces récits dans lesquels, comme c’est le cas pour le sire d’Herbeumont, le personnage central est à la fois un seigneur injuste et cruel et un chasseur impie profanant le repos dominical. L’intervention du diable y est un élément peu fréquent.

 

La chasse sauvage ou Chasse infernale

Die Wilde Jagd (« La Chasse sauvage »). Toile de Johann Wilhelm Cordes, vers 1856. (Wikimedia)

 

Bâti dans le troisième tiers du XIIIe siècle, le château d’Herbeumont était une forteresse tournée vers la France et surveillant une partie de la vallée de la Semois. Un des châtelains qui s’y sont succédé, le comte Renaud, avait la réputation d’être un homme dur pour lequel la chasse était une passion dévorante que six jours par semaine ne pouvaient assouvir. Aussi le dimanche n’était-il pour lui pas plus sacré que les champs prêts à être moissonnés qu’il traversait sans vergogne avec chiens et chevaux.

Un dimanche matin, alors que, sourd aux objurgations de son épouse, il venait de pénétrer avec son équipage sur la colline boisée du Dansau, un endroit redouté aujourd’hui encore pour ses maléfices, il vit venir à lui deux cavaliers. Le premier, jeune et blond, montait un cheval blanc, tandis que l’autre, plus âgé et le teint sombre, menait un cheval noir.
Le comte Renaud les invita à se joindre à sa chasse, mais le jeune homme lui rappela que c’était le jour du Seigneur, tandis que son compagnon, au contraire, incita le sire d’Herbeumont à ne pas s’arrêter en si bon chemin.
Renaud eut vite fait son choix et lança ses chiens à la poursuite d’un cerf à l’imposante ramure.

Le soir n’allait pas tarder à tomber lorsque ce cerf, épuisé, se réfugia dans la chapelle d’un ermite. Celui-ci adjura Renaud de ne pas profaner le sanctuaire. Le comte n’en avait cure: insultant et menaçant le saint homme, il le bouscula pour entrer avec ses chiens dans la chapelle.

Aussitôt, parmi de fulgurantes lueurs, le sol se mit à trembler, Satan apparut et tordit si bien le cou du chasseur que celui-ci, remis en selle, ne pouvait voir que la croupe de son cheval, qui l’emporta au même instant dans une chevauchée éperdue, poursuivi par une meute acharnée, vomie par l’enfer et qui ne devait pas le lâcher avant la fin des temps.

Parfois, au hasard de cette folle randonnée nocturne, le comte Renaud traverse encore les bois du Dansau dans le vacarme des galops et de la meute déchaînée.

 

Nous remercions chaleureusement Monsieur Albert Moxhet pour ce texte (2002)

Le château d’Herbeumont est érigé au sommet d’une crête rocheuse épargnée par la Semois qu’il domine de plus de 111 mètres. Le château est érigé par Jehan de Rochefort, fils de la maison de Walcourt, en l’an 1268. L’escarpement naturel de la montagne a longtemps rendu le château inaccessible de trois côtés. (Photo Denis Maqua)

Plus d’info sur le site de l’asbl SAS, association qui a pour but la sauvegarde et la promotion des monuments et sites archéologiques de la vallée de la Semois et de ses environs

 

Sur la carte

Le château d'Herbeumont

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Wéris : dolmens et menhirs en Calestienne

Wéris : dolmens et menhirs en Calestienne

ips (bostryche) typographe

Wéris : dolmens et menhirs en Calestienne

Ni Obélix, ni le Diable, ne sont pour rien dans le bel ensemble de mégalithes entourant la petite localité de Wéris. De là à dire que ces monuments ont livré tous leurs secrets, il y a un pas que nous nous garderons bien de franchir.

(suite…)

Edgard Schindeler, un témoignage photographique inédit

Edgard Schindeler, un témoignage photographique inédit

Edgard Schindeler, un témoignage photographique inédit

Le photographe Edgard Schindeler est membre d’une famille liégeoise plutôt aisée. Il vit le jour à Seraing en 1880 et décéda en 1951 après avoir laissé un témoignage photographique inédit.

Si son patronyme est de consonance bien peu wallonne, c’est qu’il le doit à l’aïeul fondateur de la famille, un militaire Suisse. Le soldat rencontra une belle hollandaise vers 1758 à Maastricht et fonda un foyer qui s’installa bientôt dans la cité Liégeoise. Sont-ce les origines suisses qui firent que le couple et ses descendants prospérèrent rapidement et, au fil des générations, devinrent fonctionnaires, occupés dans les métiers du droit, de la finance ou encore de la banque ?
Edgard naquit donc sous une bonne étoile mais ne semblait pas être intéressé par de hautes responsabilités, il devint modestement photographe. C’est à la Fabrique Nationale de Herstal (la F.N.) qu’il exerça sa profession de photographe industriel entre 1921 et 1937.

Mais son talent, c’est à travers tout le pays, et principalement en Ardenne qu’il le révéla.

 

Schindeler et l’Ardenne

 

Photo du château de Bouillon

L’ancien corps de garde du château de Bouillon. C’est ainsi que Schindeler a annoté cette photo dans son carnet de notes.
Photo de 1934

 

Grâce à la situation bourgeoise de la famille, et dit-on, grâce à un gain substantiel à la loterie (*voir note), il s’offrit en 1929 une belle automobile ; une FN évidemment. Durant ses temps libres, il sillonne le pays pour fixer, non pas sur pellicule, mais sur plaque de verre de nombreuses scènes de vie, des bâtiments et surtout, des paysages. Son œuvre exceptionnelle est reconnue et appréciée par ses collègues photographes dont la plupart exerce dans le milieu des cartes postales. Cette expression artistique n’a rien de dérisoire, car à l’époque, la carte postale est en effet un puissant vecteur de diffusion d’images.

S’il visite les grandes villes du pays, c’est souvent en Ardenne que son art (et son auto) le ramène. Bouillon, La Roche, Spa, Vielsalm sont devenus ses points de chute réguliers. A Vielsalm, sa fille Fanny épousa le propriétaire de l’Hôtel Belle-Vue qui brûla complètement en 1938, hélas. A La Roche en Ardenne, Edgard lui-même acheta l’Hôtel du Nord qu’il n’exploita cependant jamais personnellement. Il en confia la gestion à une famille rochoise chez qui il revenait souvent. C’est aussi à La Roche qu’il fit ses derniers clichés de la région en 1946, les plus tragiques également. Lors de l’Offensive des Ardennes, la cité fut dévastée par les bombardements de décembre 1944, le photographe fixe les ruines sur ses fidèles plaques de verre.

 

Hotel Belle Vue à Vielsalm

L’Hôtel de Belle Vue où sa fille vécut à Vielsalm. Le bâtiment à été détruit par un incendie et a aujourd’hui disparu.

 

Il décéda à Herstal en 1951, laissant près de 2000 clichés qui forment un témoignage direct et sincère du paysage ardennais de l’entre-deux guerres.
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* Note : L’idée de gain à la loterie bat un peu de l’aile lorsqu’on sait que la “Loterie coloniale”, telle qu’elle était appelée à l’époque, fut créée en 1934 seulement.
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D’après le catalogue de l’exposition prévue à Herstal en 2020 : Jean-Claude Massart, Serge Alexandre, Anne-Marie André, Jean-Luc Devillers

Schindeler à La Roche-en-Ardenne en 1945

La Roche 1946

La Roche détruite par les bombardements durant l’Offensive des Ardennes.

En 2019, pour commémorer les 75 ans de la Bataille des Ardennes et la destruction de la cité, la ville de La Roche organisa une exposition des photos d’Edgard Schindeler : 75 photos pour 75 ans.
La salle du CPAS accueillit l’exposition qui retraçait ce qu’était la vie à La Roche avant la guerre. A l’extérieur des photos de plus grands formats illustraient les dégâts des bombardements. Ces photos placées sur les lieux même où elles ont été saisies par Edgard Schindeler permettaient de découvrir la cité rochoise avant et après les bombardements de décembre 44.
La commune de Herstal également se souvient de son citoyen photographe. Une exposition rétrospective prévue en 2020 dut être reportée faute de Covid 19. Partie remise !

Les plaques de verre en photo

Dès 1850, le verre sert de support aux négatifs photographiques. L’émulsion sensible adhère au support grâce à un liant, le collodion humide était le plus utilisé. La gélatine le remplace à la fin du 19ème siècle, elle permet l’utilisation de la plaque sèche rend la manipulation des négatifs beaucoup plus pratique et donc, plus abordable.
La photographie bénéficie de tous les progrès technologiques de l’époque. Les appareils peuvent devenir plus légers et être désormais tenus en mains, ils ne requièrent plus l’usage systématique du pied. La qualité des objectifs s’améliore et les appareils sont équipés d’un magasin à plaques. Edgard Schindeler continue cependant à travailler avec une chambre photographique sur pied. Peut-être est-ce une habitude prise dans l’exercice de sa profession de photographe industriel à la F.N. de Herstal? La qualité de ses cadrages et la précision de l’exposition montrent le soin dont il faisait preuve lors de ses prises de vues.

 

D’après J.L. Devilers

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La gatte d’or du château de Logne | Ferrières

La gatte d’or du château de Logne | Ferrières

La gatte d’or du château de Logne | Ferrières

La gatte d’or du château de Logne | Ferrières

 
 
Sur les rives de l’Ourthe, le château de Logne occupe un piton rocheux surplombant la rivière. L’emplacement est, comme il se doit pour une forteresse, choisi afin d’offrir un site dominant les alentours et difficilement accessible. En ce temps-là, les châteaux-forts faisaient la guerre, pas du tourisme.

En 1521, Charles-Quint, excédé par les meurtres et les rapines de la famille de La Marck, celle du Sanglier des Ardennes, fit raser le château.

Mais bien plus tôt, en l’an 1100, Waleran, duc de Luxembourg habitait les lieux et régnait sur la région. A quelques lieues de là, son vassal le seigneur de Bierloz avait la charge de sécuriser le domaine car le brigandage était fréquent. De Bierloz remplissait sa mission de police avec une certaine aisance, il avait par contre, beaucoup plus de difficultés à surveiller et protéger sa fille Marthe.
Marthe de Bierloz était d’une beauté fascinante. Son teint légèrement bistré, sa noire et abondante chevelure, ses grands yeux bruns d’où jaillissaient des éclairs, sa taille haute et fine, son port de reine, tout contribuait au prestige d’une merveille devant laquelle on se sentait pris d’une vive admiration.

Ainsi, les prétendants étaient-ils nombreux à s’attarder aux environs de Bierloz. Les palefrois* des chevaliers en visite de courtoisie se croisaient sans cesse sur les chemins, jusque dans la cour du château de Bierloz. La mignonne ne prêtait guère d’attention à ces nobles guerriers, elle n’était pas intéressée par la gloire ou la fortune. C’est Alard qu’elle aimait, un simple page* aux yeux bleus et à chevelure blonde. Le page était lui aussi transi d’amour pour la belle et savait que malgré la différence de rang, il deviendrait bientôt l’époux de Marthe. Le seigneur de Bierloz, brave homme,  donnerait son consentement à cette union, ainsi qu’à n’en point douter, Waleran le maître du page également.

Waleran était bien le seul homme de toute la région à ignorer la beauté et la personnalité de Marthe. En fait, il ne connaissait pas la jeune femme, tout simplement.

 

 

La visite au château, jour maudit

 

 

 

En un jour maudit, le seigneur de Bierloz eut la très mauvaise idée d’envoyer sa fille au château de Logne pour y porter au duc un magnifique coq de bruyère* chassé le matin même. Et bien sûr, le duc fut beaucoup plus séduit par la beauté de Marthe que par la chair du coq de bruyère. Le duc en perdit tout sens du devoir, offrit tant et tant d’or et de bijoux à la jeunette que celle-ci à son tour se laissa séduire. Son cœur fut plus sensible au vil attrait de la richesse qu’à l’amour éperdu que lui portait Alard, elle offrit son cœur et son corps au duc.

Le page en mourut de chagrin peu de temps après. Frappé par le déshonneur de la famille, le père de Marthe le suivit de peu. Marthe elle, restait indifférente au deuil ainsi qu’au mépris et à la réprobation générale. Elle caressait ses bracelets, ses colliers, ses chaines d’or qu’elle amassait sans retenue.

Tant et si bien que, devant une telle avidité, le duc lui-même se détourna de la Belle et finit par enfermer sa concubine dans les souterrains du château. Un jour, on la trouva morte. Son corps était enlacé, emballé peut-on dire, par toutes les richesses qu’elle avait amassées. Les colliers, les chainettes entravaient ses jambes, elle était comme étouffée par ses joyaux. A la Noël suivante, dans les fossés du château, on aperçut une chèvre blanche qui errait. L’animal était couvert de bijoux resplendissants, les témoins reconnurent les parures de Marthe.

Depuis lors, toutes les nuits de Noël, les paysans du voisinage se pressent aux alentours du château, espérant apercevoir et détrousser la chèvre. Ils se défient les uns les autres, soulevant de lourdes pierres, sondant les puits, explorant les creux des rochers.

Beaucoup au cours de siècles aperçurent la chèvre, mais nul n’est encore arrivé à s’en emparer.


 

Gatte : Désigne une chèvre en langue wallonne.

 

Palefroi : Alors que le destrier est la monture réservée à la guerre ou à la chasse, le palefroi est le cheval de parade ou de promenade. Le cheval du dimanche, en quelque sorte.

 

Page : Jeune homme généralement d’origine noble, attaché au service d’un seigneur.

 

Coq de bruyère : Le tétras lyre était une espèce fréquente en Haute Ardenne jusqu’au début du 20ème siècle. Il était un gibier de choix. Aujourd’hui, il est totalement protégé et ne subsiste plus que très difficilement dans les Hautes Fagnes. (Image Wikimedia commons)

Adaptation libre selon la version De Hubert Stiernet pour une édition de l’agence Havas en 1929.
L’illustration par Gustave Flasshoen est également extraite de cette même édition.
L’illustration du titre est créée à partir d’une photo de Logne par Steve Lemoine

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Le château de Logne vu par Steve Lemoine

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Le château de Logne

Le château de Logne

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Le charbonnier : mi homme – mi démon

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Le charbonnier : mi homme – mi démon

Le charbonnier : mi homme – mi démon

Il y a quelques décennies déjà que la forêt ne connaît plus l’odeur des fauldes, et qu’il ne reste plus guère du charbonnier que quelques expressions dont l’origine est en passe de devenir définitivement incompréhensible pour ceux-là même qui les emploient à l’occasion. Allons donc à la rencontre des charbonniers, maîtres chez eux, avant que la mémoire se perde.

 

Si tous les métiers de la forêt recèlent leur part de mystère, souvent entretenue par l’environnement forestier lui-même, celui de charbonnier occupe une place particulière entre toutes. Car ceux-là vivaient en forêt plusieurs mois par an, farouches et ressemblant à autant de démons avec lesquels ils partageaient la science du feu.

Dans la hutte qu’il construisait, le charbonnier était bel et bien « maître chez lui », s’affairant nuit et jour autour de la faulde tandis que sa famille procédait aux activités parallèles, conduisant les brouettes, réparant les sacs, sciant les bois destinés à être transformés, cordant les stères et veillant sur le quotidien. Rude quotidien, on s’en doute, dans une promiscuité qui ne laissait guère de place aux grandes envolées lyriques.

 

Hutte de charbonnier, de bûcheron, de sabotier

Hutte de charbonnier, de bûcheron, de sabotier. Les travaux forestiers se faisaient en équipe, et en famille.

 

La plupart des charbonniers exerçaient, hors saison, la profession de sabotier ou de bûcheron. Et certains villages se vidaient littéralement lorsque celle-ci arrivait, à l’image de Presgaux (Thiérarche), où 31 ménages émigraient alors vers les huttes de la forêt.

Tout près de celles-ci, la faulde était tenue à l’œil sans relâche : il ne faut pas confondre quelques morceaux de bois carbonisé avec du charbon de bois. La confection de celui-ci répondait à un savoir-faire précis ne laissant aucune place à l’improvisation.

 

LA FAULDE SANS FAUTE

Le charbonnier délimitait tout d’abord la surface de base de la faulde en plantant un bâton en son centre et, au départ de celui-ci, en comptant un nombre égal de pas déterminant autant de rayons permettant de tracer la circonférence de base. L’aire était alors ratissée, égalisée, et la faulde toujours replacée au même endroit par la suite. Ce qui explique la présence – de plus en plus résiduelle, il est vrai – d’espaces circulaires à la flore particulière dans nos forêts.

 

Hutte d'ouvrier des bois

Les travailleurs des bois installaient toute la famille dans la hutte durant la période d’exploitation de coupe forestière.

 

L’opération suivante consistait à planter trois piquets de la hauteur terminale de la faulde, entourés de rondins empilés triangulairement (croisades) constituant la cheminée autour de laquelle une trentaine de stères étaient empilées verticalement, en bûches de 80 à 90 cm. Le fourneau était ainsi formé, dont les bois les plus fins formaient une manière de coque recouverte de feuilles puis enfin d’une couche de terre. Le charbonnier avait entre temps ôté les piquets centraux et recouvert la cheminée par une tôle ou un gazon.

Pour la mise à feu, il montait à l’échelle, ouvrait la cheminée, prenait une pelle de feu et la descendait, puis il faisait glisser au fond un premier sac de braisettes enfoncées jusqu’au fond à l’aide d’un pieu appelé « avalwè » (avaloir). Cette opération était renouvelée une seconde fois deux ou trois heures plus tard.

La mise à feu terminée, l’évolution du feu devait être surveillée nuit et jour par les charbonniers qui montaient sur la faulde deux ou trois fois par jour, recouvrant la cheminée pour éviter toute entrée d’air. Au bout du deuxième jour, le feu devait être arrivé au sommet de la faulde, qui commençait à fumer.

Le troisième jour, les fauldeurs grimpaient sur la meule et marchaient sur toute la surface. Si celle-ci s’affaissait, ils comblaient les défoncements avec de la terre pour éviter le feu. Le soir, ils veillaient l’apparition des « feuwèes » signalant l’activation du feu à un endroit précis. Celui-ci était dirigé par une douzaine de « trous de pied » à la base de la faulde, ouverts ou bouchés en fonction de l’activation. La faulde était protégée du vent par de grands cadres recouverts de paille ou de sacs : les paillassons.

Le quatrième jour, le feu était cuit et les charbonniers veillaient à ce qu’il n’y ait aucune « feuwette » jusqu’au complet refroidissement. la tête centrale annonçait la qualité du charbon de bois : si elle était trop grosse, le feu avait été trop vite et le charbon serait de moindre qualité.

Une fois la faulde refroidie, les morceaux de bois du pied (piétons) étaient enlevés, la butte peignée et frappée à l’aide d’un râteau à tête large (buchwè) de manière à l’égaliser. Une fois la poussière enlevée, le charbon était prêt à être tiré.

 

EXTINCTION DES FEUX

Comme on peut s’en douter, la confection de savants barbecues dominicaux ne constitua longtemps qu’une partie très anecdotique de l’utilisation du charbon de bois. Celui-ci servait surtout pour la cuisine, le repassage (dans ce type de fer à repasser à couvercle que l’on retrouve encore quelquefois sur les brocantes), le zingage et l’usinage du cuivre.

 

Meule de charbon de bois

La meule est terminée, on va pouvoir la couvrir de terre et y bouter un feu doux. Et puis, l’homme de droite pourra allumer sa pipe 🙂

 

Après la guerre de 14-18, l’électricité et le gaz ont commencé à le supplanter. Et si la guerre suivante rendit un peu d’air aux charbonniers, ce ne fut que de manière très provisoire : le progrès technique a mis petit à petit un terme à cette activité comme à tant d’autres.

Aujourd’hui, ce sont des fours industriels qui produisent le charbon de bois. La masse y a gagné, mais ce fut au détriment de la qualité.

Au détriment d’un type bien particulier de forestier, aussi. Restent quelques sites remarquables par la persistance des traces, quelques reconstitutions plus ou moins heureuses, et, surtout, une légende.

Rencontrant naguère un vieux paysan, je lui demandai ce qu’il pensait de l’évolution des métiers de la terre. La réponse fut sans équivoque : « Plus dur, ça oui. Plus physique. Mais il y avait tout le temps du monde dans la campagne et dans les bois. On s’entraidait, on causait, et ça t’obligeait à réfléchir avant de te mettre en brouille avec quelqu’un. Et puis, surtout, on avait le temps : tu ne savais pas aller plus vite que les saisons, ou que ton cheval. Aujourd’hui, tu ne vois plus grand monde et quand tu vois quelqu’un c’est en coup de vent, à travers une cabine de machine ».

Nostalgie ? Chaque époque a les siennes. Mais il est clair que la mécanisation – contrairement à sa vocation première – ne libère que très relativement les individus. Et qu’elle tue les personnages. Le charbonnier en était un, de fameuse stature.

 

Ecrit par :Patrick Germain 11-11-2008
Source :« En Fagne et Thiérarche » – T 11 – 1970 – Cercle d’histoire régionale de Presgaux.
La photo de l’entête appartient à la collection personelle de Mr Lemaire de Stavelot. L’origine des autres photos est inconnue.

 

Agapit Delmont, le dernier faudeu

 

Agapit Delmont, le dernier faudeu

Agapit, fut très certainement le dernier charbonnier d’Ardenne à produire le charbon de bois de façon artisanale. Il vécut dans les bois des Hauts-Buttés en Ardenne française jusqu’en 1979.

Voyez un reportage de 35 minutes diffusé sur la RTBF en 1978 :

https://www.sonuma.be/archive/chants-de-la-foret-d_ardenne-du-13011979

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Le monument Nicolas Pietkin à Sourbrodt

Le monument Nicolas Pietkin à Sourbrodt

Le monument Nicolas Pietkin à Sourbrodt

Toute langue par ses concepts, ses intonations etc, influence nécessairement le mental de celui qui, bon gré mal gré, la pratique. C’est donc, aussi, un outil politique. En 1876 Bismarck l’a très bien compris, promulguant un « Kulturkampf » auquel un prêtre fagnard va apporter son grain de quartzite. À la rencontre de Nicolas Pietkin.

Un prêtre contre le Kulturkampf

Né à Malmédy le 6 décembre 1849, Nicolas Pietkin fait ses humanités aux collèges de Malmédy et de Neuss, avant d’entreprendre des études de philosophie et de théologie à Bonn. Ordonné prêtre à Cologne le 24 août 1875, il ne supporte pas les contraintes linguistiques imposées à l’avènement de Bismarck : en 1876, entérinant un « Kulturkampf » (combat culturel) amorcé dès 1862, l’allemand devient en effet la seule langue administrative en terre d’Empire, où s’inscrit l’Est de la Belgique actuelle. Enseignement et religion ne tarderont pas à subir le même diktat. C’en est trop pour ce jeune prêtre indéfectiblement attaché à la tradition latine, qui choisit l’exil.

En 1879 toutefois, il se plie au mandement de l’évêque d’Aix-la-Chapelle et va seconder le curé de Sourbrodt, avant de devenir administrateur de la paroisse, puis titulaire de celle-ci en 1881. Persistant dans son opposition au Kulturkampf, il n’hésite pas à s’adresser en wallon à ses paroissiens, et privilégie le catéchisme l’évêché de Liège au détriment de celui l’état prussien. Manière comme une autre de donner des leçons de français aux jeunes, qui en sont désormais dépourvus à l’école. Mais s’il en combat la politique culturelle, Pietkin n’en reste pas moins fidèle à l’Empire allemand jusqu’en 1914.

 

La louve romaine du monument Pietkin

Au sommet du monument se trouve un bronze représentant la louve romaine allaitant Romulus et Remus, symbole de la civilisation romaine et latine.

 

 

Un monument détruit par les nazi en 1940

Arrêté et gardé comme otage plusieurs jours durant, le curé de Sourbrodt prend alors pleinement conscience des finalités du Kulturkampf. C’est désormais un homme déçu – et souffrant – qui va s’efforcer de poursuivre sa mission auprès des familles éprouvées par la guerre, sans distinction d’ordre linguistique.

Après avoir vu avec soulagement l’ancienne Kreis prussienne d’Eupen-Malmédy rattachée à la Belgique en 1919, au titre de dommages de guerre, l’abbé Pietkin est décoré de la Médaille de l’Ordre de la Couronne en 1920. Il meurt à Malmédy un an plus tard, le 9 janvier 1921, et c’est toute une région qui lui rend hommage lors de funérailles impressionnantes.
Homme de conviction, Nicolas Pietkin s’est par ailleurs distingué à travers de nombreux travaux et publications philosophiques ou scientifiques. Musicologue et poète à ses heures, on doit également à ce Fagnard acharné plusieurs études et actions au bénéfice de la région. Il fera entre autres analyser les eaux ferrugineuses du « pouhon « qui porte aujourd’hui son nom, étudiera les vertus des plantes et sera l’un des sauveteurs du Boultè (un monument des Hautes-Fagnes).

Trois années après l’armistice, l’Assemblée wallonne, sous la plume de Remouchamps, invite toutes les communes wallonnes à fêter la Wallonie le 25 septembre 1921. Ce jour-là correspond à la Journée du drapeau malmédien, manifestation organisée en faveur d’un rattachement de Malmédy à la Belgique. Le secrétaire général de l’Assemblée wallonne invite alors chaque commune à arborer au minimum le drapeau wallon et le drapeau malmédien. Celui-ci sera mis en vente et le fruit de celle-ci devra permettre d’ériger un monument en hommage à Nicolas Pietkin.

C’est chose faite le 3 octobre 1926. Mais l’édifice est détruit en 1940, lors de l’annexion au Reich nazi. Reconstruit en 1956 par le sculpteur Maréchal, d’après les plans de l’architecte Gérard, il trône encore au carrefour des routes d’Ovifat et Elsenborn. Le bas-relief en bronze est celui d’origine, coulé par Georges Petit en 1925.

 

 

Portrait de Nicolas Pietkin

Le médaillon en bronze, de 1,2 mètre de diamètre est celui d’origine, coulé par Georges Petit en 1925.

Description du monument Pietkin.

Le Général Baron Baltia fut désigné gouverneur de la région Eupen-Malmedy au mois d’Octobre 1919, à la suite du traité de Versailles qui redessinait la carte européenne après la défaite de l’Allemagne en 1918.

Un timbre à l'effigie de Nicolas Pietkin - 1961

La nation lui rendit hommage une nouvelle fois à l’occasion de l’émission d’un timbre poste en 1961.

Patrick Germain – 2007
  Source : “Guide de la Fagne” – A.J. Freyens 
Photos : Mediardenne – 2020

Sourbrodt

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La Croix des fiancés de la Fagne à la Baraque Michel

La Croix des fiancés de la Fagne à la Baraque Michel

La Croix des fiancés de la Fagne à la Baraque Michel

Le samedi 21 janvier 1871, François Reiff et Marie Solheid quittent Jalhay pour se rendre à Xhoffraix. C’est là que Marie est née, le 10 octobre 1846. Là qu’il faut se rendre pour se procurer les documents indispensables en vue d’un prochain mariage. La Fagne est couverte de neige. Le ciel plombé, tourmenté de bourrasques qui balaient le plateau. Mais l’amour est aveugle, et Marie entêtée : les fiancés ne reviendront pas.

 

Les fiancés de la Fagne

 

Tout a pourtant bien commencé, quelques mois plus tôt à la kermesse de Jalhay : Marie Solheid, servante de ferme à Haloux, du côté de Limbourg, y fait la rencontre de François Reiff, un solide Bastognard âgé de 32 ans occupé à la construction du barrage de la Gileppe. Coup de foudre ! Et mariage à la clef. Le plus vite possible : Cupidon, à l’époque, rend des comptes à saint Pierre. Et saint Pierre à l’administration.

Ce samedi-là, François et Marie ont donc décidé de rejoindre Xhoffraix. Nul ne saura jamais pourquoi ils ont choisi de se lancer dans une équipée dont la jeune femme, enfant du haut-plateau, ne peut ignorer les périls : 16 kilomètres, au moins, à travers les tourbières enneigées! Quand ils eussent pu, en empruntant le chemin de fer via Pepinster et Hockai, couvrir ensuite sans danger les quelques lieues restantes. Bravade de jeunes amants ?

On sait qu’ils prennent le déjeuner à Jalhay, au Café Mixhe où travaille Lambert Solheid, frère de Marie. Celui-ci, à l’unisson des autres personnes présentes, tente de dissuader les deux jeunes gens. En vain. Sur le coup de midi, ils quittent l’auberge. Des témoins les voient passer peu après, luttant contre la tourmente, sur le chemin de Jalhay à Xhoffraix. Puis plus rien.

 

Les fiancés ne reviendront pas

 

Jusqu’au 16 mars 1871, où le journal verviétois “Le Nouvelliste” relate : “Lundi dernier, vers 5 heures du soir, à environ une lieue en amont de Solwaster, commune de Sart, on a découvert le corps d’un inconnu (…) Il était habillé d’un nouveau sarrau de lin, d’une casquette de velours et d’un pantalon de satin noir. Il portait une nouvelle chemise de lin fin, un gilet de coton rayé bleu et blanc et de légères chaussures à lacets presque neuves (…) Épuisée par une fatigue extrême, la victime a été tuée par le froid (…)” Le jour suivant, l’inconnu a un nom : François Reiff.

Une semaine plus tard, le 22 mars vers onze heures, un douanier prussien effectuant sa ronde découvre le corps sans vie de Marie Solheid au pied de la borne-frontière 151, sur le Sart Lehro. L’endroit est distant de quelques deux kilomètres de celui où François est tombé, et la tradition rapporte que le fonctionnaire trouve sur la jeune femme un mot griffonné au crayon par François :
“Marie vient de mourir et moi je vais le faire”.

 

 

 

 

Une pauvre croix de bois rappelle la fin tragique des fiancés de la Fagne - Photo de Jacques Chouffart

Une modeste croix de bois rappelle la fin tragique des fiancés de la Fagne. Ils seront pourtant séparés à jamais, les parents de Marie firent enterrer leur fille à Xhoffraix, François fut enterré a Sart – Photo de Jacques Chouffart

 

 

 

Mais que s’est-il passé ?

 

Si l’inventaire des vêtements portés par François Reiff en dit long sur l’impréparation ayant préludé au drame, et que le curé de Xhoffraix note dans son livre de décès que le corps de Marie était « intact et bien conservé », on ne peut que conjecturer au sujet des dernières heures des fiancés.

François est-il aux côtés de Marie lorsque celle-ci meurt à quelques centaines de mètres de la Baraque Michel ? Auquel cas, pourquoi retourne-t-il sur ses pas, au lieu d’aller chercher secours auprès des habitants d’un refuge dont sa promise ne peut que lui avoir parlé ? Marie a-t-elle d’abord perdu connaissance plus tôt, sur le vieux chemin de Xhoffraix ? Revenue à elle, la jeune femme se serait alors traînée, seule, vers la Baraque Michel. Jusqu’à l’endroit où l’on allait découvrir sa dépouille.

Quoi qu’il en soit, persuadé – à tort ou à raison – que la femme qu’il aime vient de mourir ; désorienté en ces lieux inconnus noyés dans la tourmente ; trempé jusqu’à l’os, transi de froid et sans doute tenaillé par un lourd sentiment de culpabilité, François Reiff était devenu un oiseau pour le chat.

 

 

La croix du souvenir

 

Située à l’endroit où Marie Solheid rendit l’âme, près de la borne 151, la première « croix des fiancés », datant de 1893, fut remplacée par une autre qui résista jusqu’en 1931, année où le Touring Club offrit une nouvelle croix à laquelle, en 1984, fut substituée une suivante. Voici enfin cette que nous connaissons aujourd’hui, offerte par un groupe bénévoles date de 2019.

 

La croix des fiancés et la borne frontière entre la Belgique et la Prusse.

La croix de 2019, c’est près de la borne 151 que le corps de marie fut découvert.

 

 

Il s’agit là de l’un des monuments les plus connus et les plus visités des Hautes-Fagnes. Voire, en son genre, de l’Ardenne même. Sans doute la tragédie qui s’y rattache, tant humaine, n’est-elle pas étrangère au fait. Combien ont confié à la croix solitaire, l’espace d’un regard ou posant sur ses bras quelques brins de callune, le poids d’amours perdues aux tourbières du coeur et qu’on n’oublie jamais ?

 

La croix des fiancés de la Fagne version 2019

Il est de coutume présenter un hommage aux fiancés. Cela peut être un simple rameau de bruyère accroché à la croix.

 

 

La tragédie des fiancés de la Fagne a marqué les esprits fagnards. La croix est depuis longtemps un lieu de recueillement pour les populations locales, mais aussi pour de nombreux touristes. Très tôt les éditeurs de cartes postales ont consacré des publications dédiées à ce lieu. On remarque qu’un brin de bruyère apparait sur une des cartes, mais surtout les crucifix qu’on ne remplacera pas avec le temps.

Les différentes publications de cartes postales permettent de mesurer l’évolution du paysage fagnard et de la place croissante de l’épicéa dans l’environnement.

(Clic sur les photos pour agrandir)

La photo du titre, ainsi que la seconde photo d’illustration sont dues à Jacques Chouffart.
Découvrir la page Facebook  du photographe >>

Textes autres photos : Mediardenne et Patrick Germain 2020

Note :

*Selon les sources, les Fiancés ont quitté Jalhay le samedi 21, ou le dimanche 22 janvier 1871. La première date, retenue par Gielen et les Amis de la Fagne entre autres, paraît plus vraisemblable : quel qu’ait pu être le degré d’inconscience des deux infortunés – et à moins d’un suicide prémédité – il leur fallait sans aucun doute (Marie, en tout cas) être présents sur leurs lieux de travail dès le lundi.

Source :

  • “La Croix des Fiancés – Quand Fagne et Forêt se souviennent…” Viktor Gielen (Traduit de l’allemand – Ed Markus à Eupen – 1976) “Guide de la Fagne” Antoine J. Freyens (Marabout, chez Gérard à Verviers Vème édition – 1967)

Faire la promenade de la Croix des fiancés

Des promeneurs en Fagnes
Une balade familiale en forme de boucle d’un peu moins de 6 kilomètres

Où est la Croix des fiancés ?

La Croix des fiancés

Au départ de la chapelle Fischbach,
la croix se trouve à peu près un kilomètre plus loin,
le long de la balade qui porte son nom.

 

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Légende de la Fée de la Lienne

Légende de la Fée de la Lienne

Légende de la Fée de la Lienne

Deux chevaux : l’un est noir, l’autre blanc. La rêne les tient en avant. Qui tient la rêne, noir et blanc ? Et ces chevaux qui sont-ils donc ? Les lunes passent, passeront, tant se posera la question.
Les pierres s’en souviennent : en ces années vivait Rambert, un hobereau dont la motte castrale se dressait à Grimbiémont ; non loin d’une rivière dont on avait perdu le nom, mais dont les eaux cristallines n’en finissaient pas de subjuguer le modeste seigneur. Celui-ci, il est vrai – tout redoutable combattant qu’il fut – nourrissait un goût prononcé pour le beau. Esthète, érudit, poète à ses heures, s’il pratiquait la chasse c’était bien davantage pour se nourrir que par amour de l’acte, au contraire de ses turbulents voisins.

 

Ainsi l’aube venait-elle d’étaler ses brumes dans la vallée, ce jour-là, quand Rambert, au sortir d’un taillis, tomba nez à nez avec une biche magnifique. Celle-ci le regardait innocemment tandis qu’il bandait le puissant arc d’if, s’apprêtant à décocher un trait mortel. Mais le jeune homme n’alla pas au bout de son dessein : baissant son arme, il regarda l’animal s’en aller lentement vers la rivière, puis s’endormit au pied d’un bouleau dont le tronc tourmenté plongeait ses racines sous l’herbe tendre du printemps.

Son instinct de guerrier le fit sortir de sa torpeur : quelqu’un était là, tout près ! Les yeux mi-clos, le chevalier s’apprêtait au pire, laissant glisser sa main vers la dague qu’il portait à la ceinture, dans un geste de dormeur. S’il fallait vendre sa peau, ce serait au prix fort. Quelque chose, pourtant, lui disait qu’il n’avait rien à craindre. Mais allez donc savoir : deux chevaux. L’un est blanc, l’autre noir. Qui tient les rênes, s’il les tient ?

 

 

Le doute fut dissipé lorsque, prêt à toute éventualité, il ouvrit les yeux et se tourna vers la présence. Celle-ci, une jeune femme aux cheveux blonds ondulant en cascade jusqu’au creux de ses reins, d’une beauté irréelle, voilée à peine par un tissu léger où le soleil faisait chanter les pleins et les déliés, le regardait paisiblement. Et ces yeux ! Il les connaissait bien, ces yeux : ceux de la biche, tout à l’heure ! Une petite chèvre au poil doré se tenait aux côtés de cette apparition dont Rambert était certain qu’il ne l’avait jamais rencontrée sur ses terres, ni sur celles d’alentours.

Ils se regardèrent longuement, sans mot dire, avant que le jeune homme rompe enfin le silence : « Je suis Rambert, seigneur en ces terres, et vous, belle dame, qui êtes-vous ? » « Appelez-moi Lienne, gentil seigneur ». Un silence, encore. De ces silences habités où tout s’exprime sans un mot. Où tout peut – où tout doit – se décider, faute de passer à côté de l’un de ces rendez-vous que la vie place sur le parcours. Deux chevaux : l’un est blanc, l’autre noir. Leurs rênes sont à l’encolure : nul ne les tient, qui les prendra ?

« Je… », balbutia Rambert. « Vous ? » répondit la femme en souriant. « Je… Je ne sais quels mots… vous dire… ». « Alors, à moi donc », enchaîna la belle : « Je suis la fée de cette rivière. Et comme tu l’as deviné, j’étais dans le corps de la biche, tout à l’heure, que tu as épargnée. Tu ne me connais pas, mais moi je te connais. Peu importe comment, mais je te connais. Et te sais différent des autres hommes… Attends, laisse-moi achever » fit-elle, coupant tendrement la parole au jeune homme. « Je sais quel est ton voeu, et combien grande est mon envie d’y répondre. Mais tu dois savoir que cinq années seulement nous seront données, au bout desquelles je devrai te quitter pour rejoindre le royaume des dieux anciens. Dis-moi, à présent que tu sais, ce que ton cœur brûle de me dire. S’il le veut toujours ». Rambert ne dit mot : il s’approcha d’elle et l’étreignit.

 

 

Ils ne rentrèrent que quelques jours plus tard au château, où l’inquiétude suscitée par cette absence inhabituelle fit rapidement place à la liesse des épousailles auxquelles la petite chèvre au poil doré assista, sagement allongée aux pieds du couple.
Les mois, les années passèrent, durant lesquels le sombre donjon de Grimbiémont se transforma en bienheureux séjour couru par tout ce que l’Ardenne et les pays alentours comptaient de musiciens, de ménestrels, d’érudits. Grâce à la chèvre, dont il suffisait de tondre les poils d’or – car c’était bien de l’or – pour payer bâtisseurs, orfèvres et autres marchands d’étoffes exotiques, la maison de Grimbiémont devint prospère. Reconnaissant, Rambert la fit même figurer sur ses armoiries.
Les mois, les années passèrent. Deux chevaux : l’un est noir, l’autre blanc, la rêne les tient en avant. L’un des deux s’en ira pourtant, Rambert ne voyait que le blanc : les hommes font ainsi, souvent.
Vint le jour des adieux. Là même où ils s’étaient connus, Lienne et Rambert se rendirent, seuls. La fée, émue, posa un ultime baiser sur les lèvres de son bien-aimé, qui ne pouvait retenir ses larmes : « Tant de bonheur, Lienne… » Mais elle, déjà, se transformait en brume et disparaissait, laissant Rambert à son chagrin. Il rejoignit tristement le château ou les cabrioles de la chèvre d’or, que son amour avait laissée, ne parvenaient plus à le distraire. Ménestrels et montreurs d’ours se firent de plus en plus rares. Un vieil homme, borgne et manchot, était devenu la seule présence que Rambert tolérait lorsqu’il s’en allait, des heures durant, arpenter les berges de la rivière à laquelle il avait rendu le nom de celle qu’il espérait toujours retrouver : Lienne. Désespéré, il partit pour la croisade et se couvrit de gloire, faute d’y mourir comme il l’eût souhaité.

À son retour, il quitta Grimbiémont, qui s’enfonça dans les broussailles et, grâce aux poils de la chèvre d’or, fit construire un nouveau château à Grimbièville, quelques lieues plus loin. Peu après, il épousa Brunehilde, la fille d’un seigneur voisin. Très pieuse, celle-ci séjourna peu auprès de Rambert : cette chèvre d’or et les bruits qui courraient au sujet des amours de celui-ci avec une fée lui faisaient redouter ce séjour. Où elle ne se trouvait d’ailleurs que pour obéir à son père. Elle donna descendance à son époux, puis rejoint un cloître lointain selon son plus ardent désir. Le chevalier pour sa part, devenu Baron, vécut quelques années encore avant d’expirer dans les bras de son seul ami, le vieillard borgne et manchot, tandis que la chèvre d’or lui léchait le front. C’était, le croiriez-vous, en bord de Lienne ; et Rambert rendit l’âme dans un sourire tandis qu’ un voile de brume se posait sur la scène.

Longtemps encore, les sires de Grimbièville vécurent prospères grâce à la chèvre d’or. Mais la peste survint, qui fit des ravages, n’épargnant personne : le dernier descendant de Rambert et ses trois fils périrent dans d’atroces souffrances. Le château fut abandonné, et avec lui la chèvre de Lienne. Un soir, un terrible orage s’abattit sur les murs désertés, rendant la pierre à la pierre, le bois à la forêt qui avait envahi les essarts et jusqu’au parc du bâtiment. Dans un éclair, on vit la chèvre d’or s’élever dans les nuées, pour disparaître à jamais.

 

Voilà : l’histoire est dite. Ou presque. Car si, par bonheur, vos pas vous mènent en bords de Lienne par un beau matin d’été, quand la brume gorgée de soleil étend sa gaze sur les prés, il ne tiendra qu’à vous d’être attentifs pour apercevoir la fée qui, cinq années durant, fit le bonheur de Rambert sur cette terre. Avant de l’accueillir de l’autre côté du miroir, un matin qu’il partit aux Iles Bienheureuses.
Deux chevaux : l’un est noir, l’autre blanc. La rêne les tient en avant. Qui tient la rêne, noir et blanc ? Vous la voulez ? Je vous la tends. Passe passant les fils d’argent, rênes des rêves et du temps : qui les a faites nous attend.

Ecrit par : Adaptation libre de Patrick Germain 24-10-2007
À la mémoire de mon père, François Germain.

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Le mémorial du Mardasson | Bastogne

Le mémorial du Mardasson | Bastogne

Le mémorial du Mardasson | Bastogne

C’est en 1950 que fut inauguré l’un des monuments les plus connus d’Ardenne : le Mardasson. Érigé en l’honneur des soldats américains tombés en Belgique durant toute la seconde guerre mondiale, il est généralement associé à la bataille “du saillant” dans la mémoire collective. Et pour cause : les pertes en vies humaines y furent plus importantes que durant les combats du débarquement en Normandie.

Le fait, tout déplorable soit-il, mérite d’être rappelé : les combats de l’Offensive des Ardennes furent les plus meurtriers qui se soient déroulés sur le front occidental durant la seconde guerre mondiale. Dans le triangle Elsenborn – Echternacht – Celles, les historiens militaires s’accordent généralement sur les chiffres, côté américain, de 8.607 tués, 21.144 disparus et 47.139 blessés.

Le Mémorial du Mardasson représente l’hommage du peuple belge à la nation américaine à travers celui rendu aux combattants tombés sur son sol. Sa réalisation est due à une initiative de l’ « Association Belgo-Américaine », groupement constitué en 1945 et comprenant diverses personnalités belges désireuses de perpétuer le souvenir.

Bastogne fut choisie pour ériger ce mémorial du souvenir, parce que l’effort américain y fut le plus décisif. Pour les Américains, Bastogne symbolise leur esprit légendaire de résistance, mais aussi leur sens de la contre-attaque victorieuse.

Le 4 juillet 1946, là où allait se trouver le point central du Mémorial, un peu de terre était prélevée et déposée dans un coffret, bientôt scellé en présence de l’ambassadeur des USA et expédié par avion spécial vers Washington. Une délégation belge, conduite par le ministre de la Défense Nationale, remit ce coffret sacré au président des États-Unis d’ Amérique, Harry Truman.

 

 

 


C’est au-dessus de ce point central que se trouvera la dalle en pierre du pays, portant l’inscription:
LIBERATORIBUS AMERICANIS
POPULUS BELGICUS MEMOR
4. VII. MCMXLVI
(Le peuple belge se souvient de ses libérateurs américains – 4 juillet 1946)

Le monument fut inauguré le 16 juillet 1950, en présence des plus hautes autorités belges et américaines; des délégations anglaise, française, hollandaise et luxembourgeoise renforçaient le caractère international de l’événement. Les associations de vétérans étaient évidemment du nombre. Sans oublier l’architecte, lauréat d’un concours de projets, Monsieur Georges Dedoyard et l’entrepreneur Monsieur Félicien Calay. Dans les fondations se trouve, scellé, un parchemin signé par différentes personnalités belges et américaines.

 

L’étoile à cinq branches

Le Mémorial affecte la forme de l’étoile de la Libération, à cinq branches dont chacune mesure 31m de longueur. Le diamètre de l’atrium central est de 20m et s’élève jusqu’à 12m; le sommet de l’édifice est parcouru par une galerie circulaire conduisant aux tables d’orientation, une par branche de l’étoile.

 

 

 

Sur la couronne figurent les noms des 48 États constituant les USA de l’époque. A l’extérieur également, les badges des différentes grandes unités ayant participé à la bataille du Saillant. Sur les parois internes, le déroulement de cette bataille est expliqué en langue anglaise et en dix tableaux.

 

 La crypte dédiée aux héros

 

 

 

Une crypte fut également creusée dans la roche; elle rappelle le sacrifice de 76.890 héros américains tués, blessés ou disparus dans cette bataille.

 

 

 

 Trois autels sont consacrés respectivement aux cultes catholique, protestant et juif. Les mosaïques aux couleurs chatoyantes sont de l’artiste français Fernand Léger.

Tout proche, le Bastogne War muséum accueille les visiteurs désireux d’en savoir davantage sur les combats meurtriers qui se déroulèrent en Ardenne durant le terrible hiver 44-45.

 

Ecrit par :Patrick Germain 07-11-2007


 

Où est Bastogne

Bastogne

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Le Mardasson

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Fauvillers

Bastogne et environs


La Baraque de Fraiture

La Baraque de Fraiture

En d’autres lieux, on aurait certainement baptisé l’endroit : le Col de la Baraque de Fraiture. Parce que le site culmine à 652 mètres d’altitude, il est ainsi la deuxième “montagne”  de Belgique après le plateau des Hautes-fagnes englobant la Baraque Michel et le signal de Botrange et la “Weisser Stein” de Bullange.

 

La « Fagne de Bihain » illustre bien le cadre désolé de l’endroit avant que les routes ne traversent la région.

 

Il paraitra sans doute prétentieux de parler de montagne, mais il est un fait que la flore naturelle du plateau des Tailles qui entoure le carrefour de la Baraque est comparable aux plantes de montagne, et même de montagne nordique. La linaigrette par exemple qu’on retrouve également en Hautes-Fagnes. Avant l’introduction massive de l’épicéa en Haute Ardenne, le paysage la plupart du temps les pieds dans l’eau et la tête dans le brouillard, se montrait fort inhospitalier. Les landes désertiques couvertes de bruyères, n’étaient parcourues que par les sangliers, quelques  loups, les réfractaires fuyants les conscriptions napoléoniennes ou quelques intrépides marchands que leurs affaires obligeaient à passer par là.

En 1838 seulement, les routes se dessinèrent plus précises, de Liège vers Bastogne et de La Roche vers Vielsalm et la Prusse. Un habitant du village de Fraiture – un malin ce Pierre-Antoine Molhan – bâtit au croisement des routes une masure en argile et torchis où ne tardèrent pas à s’arrêter les voyageurs. Le malin Molhan avait bien compris l’importance stratégique de l’endroit ; d’où qu’on vienne, il fallait grimper longtemps pour arriver au croisement, c’était assurément là qu’il fallait offrir boissons et collations aux bêtes comme aux gens. Bien vu Pierre-Antoine !

Molhan fit fortune, aménagea de mieux en mieux sa bicoque de paille pour la transformer en un solide bâtiment en pierres qui résistait sans trop se plaindre au climat de l’endroit. Le bâtiment existe toujours aujourd’hui ;  Molhan n’y est plus mais les voyageurs sont toujours soulagés de trouver boissons et bon repas à l’Auberge du Carrefour.

 

Une vue des nombreuses apparences subies par la Baraque de Molhan. Cette « version » de l’édifice fut détruite durant la guerre 40’/45′

 

Le Major Parker et la Bataille des Ardennes

Molhan avait pressenti l’importance stratégique du carrefour, il ne fut pas le seul.

Le 19 décembre 1944, cela fait trois jours que l’armée allemande a lancé la contre-attaque. Se repliant de l’Eiffel en passant par Salmchâteau, le major  Arthur Parker et la centaine d’hommes qui lui reste passe au Carrefour de la Baraque de Fraiture. Il y a là un incessant balai de transports de troupes et de matériel américains allant dans tous les sens ; ceux qui se replient, ceux qui vont renforcer les positions et certainement, ceux qui ne savent pas où aller. Le carrefour routier est un passage obligé, impossible de le contourner vu l’état impraticable du terrain sur un large périmètre autour du site.

Parker l’a bien compris : c’est aussi par là que les troupes allemandes devront passer. Jusqu’au 23 décembre Parker (qui fut blessé) et ses hommes tiendront tête aux Panzers allemands. Ils retarderont considérablement la percée nazie.

En 1994 un monument fut inauguré à la mémoire du courage de la troupe « Parker ». Un canon Howitzer 105 mm identique à ceux dont disposait Parker fut amené des Etats-Unis. Pour les américains, le carrefour de la Baraque est connu sous le nom de Carrefour Parker.

 

Canon Howitzer

Le canon Howitzer datant de 1941. L’aire du Souvenir sur laquelle il prend place est dédiée « aux Etats-Unis d’Amérique et à ses valeureux combattants », comme le dit la plaque commémorative.

Promenades et ski

 

Un bel enneigement permet la pratique du ski de fond, mais aussi du ski alpin et de la luge

 

Plusieurs établissements, offrant un large choix de restauration, sont venus s’ajouter depuis à l’Auberge du Carrefour dont l’enseigne voisine avec des aménagements dignes d’une fréquentation croissante.

L’or blanc n’y est pas étranger. Chaque années des milliers de visiteurs fréquentent les pistes de ski alpin qui, longues de 300, 700 et 1.000 mètres, sont équipées de remonte-pentes, éclairées à la nuit tombée, et complétées par une piste de luge. L’enneigement voulu y règne en moyenne 20 jours par an, et bien davantage pour les skieurs de fond qui trouveront sans peine des pistes balisées dans toute la région. Une autre piste de ski alpin est également accessible à Lierneux.

Qu’il neige ou qu’il fasse plein soleil, la Baraque de Fraiture constitue un point de départ idéal pour rayonner à-travers une région qui fait la part belle au tourisme familial. Des animations les plus connues aux vallées les plus secrètes, rien n’est jamais bien loin de ce carrefour qui ne ressemble à aucun autre.

 

Un site en altitude offre évidemment des points de vue d’une très grande beauté,… par temps clair.


Sources : Vieilles images sur toits de cherbins – Robert Nizet – 1986

Le CRIBA – Centre de Recherches et d’Informations sur la Bataille des Ardennes – www.criba.be


La Baraque de Fraiture vue du ciel

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Où est la Baraque de Fraiture

Baraque de Fraiture

Les Pieds verts

La Roche

Vielsalm




Manhay


Lierneux


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3 balades à proximité de la Baraque de Fraiture

La moissonneuse trévire

La moissonneuse trévire

La moissonneuse trévire

Trévire, ou gallo-romaine ? La moissonneuse décrite par Pline l’Ancien, au premier siècle, conserve bon nombre de ses secrets. Une reproduction, fonctionnelle, en est visible à la ferme gallo-romaine de Malagne.

Pline l’Ancien, au première siècle, évoque l’outil dans son “Histoire naturelle” : “Dans les vastes domaines des Gaules, une grande caisse dont le bord est armé de dents et que portent deux roues, est conduite dans un champ de blé par un boeuf qui la pousse devant lui : les épis arrachés par les dents tombent dans la caisse.” Palladius, trois siècles plus tard, voit fonctionner le vallus décrit par Pline l’ancien : “Le bouvier, qui suit par derrière, dirige la marche du chariot en l’élevant ou en l’abaissant suivant le cas”. On en retrouve les traces épigraphiques à Trèves, Arlon, Coblence et Reims.

La moissonneuse en action

La moissonneuse reconstituée est visible en action à l’Archéoparc de Malagne, près de Rochefort.

 

Mais la découverte déterminante est faite par J. Mertens, en 1958, sur le site de Montauban (Buzenol). C’est elle qui permet d’établir la corrélation entre les textes et un autre bloc sculpté, découvert à Arlon en 1854, qui représente la partie arrière du dispositif.

Bloc calcaire sculpté à Montauban.

Bloc calcaire sculpté découvert – et toujours présent – à Montauban. www.museesgaumais.be

 

 

D’autres renseignements ont été obtenus depuis, grâce au moulage d’une pièce d’époque, découverte en Allemagne.

 

ÇA MARCHE !

Quoi qu’il en soit, à force d’essais, l’Université Libre de Bruxelles (ULB) et la ferme gallo-romaine de Malagne (Rochefort) sont parvenues à réaliser une reconstitution de la moissonneuse trévire. Et ça marche : “L’âne est placé entre les brancards, la tête tournée vers la caisse. Le jouguet, placé sur son encolure, est attaché aux brancards au moyen de cordes. Lors du travail, le conducteur se tient à l’arrière et, outre son rôle de contrepoids, dirige la moissonneuse vers la droite, la gauche, le haut ou le bas. Un conpulsor, placé à l’avant, pousse, à l’aide d’un outil au long manche, les épis qui viennent engorger le peigne. Cette moissonneuse ne fonctionne qu’avec des céréales cassantes comme l’épeautre ou l’amidonnier. Les épis viennent se loger dans les fentes qui prolongent les dents. Ils se brisent à la base et tombent dans le bac de récupération. L’ouvrier devra effectuer un aller et un retour sur une même bande afin de ramasser les épis versés à contresens. Un récolte régulière est rapide, très efficace et ne laisse que peu d’épis sur le terrain”. La première moissonneuse sort de la nuit des temps. Et un pan de notre culture avec elle.

Patrick Germain 2007


Découvrir :

Archéoparc de Malagne : www.malagne.be

Les Musées gaumais : www.museesgaumais.be


Le Vallus en vidéo

 

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Le chant du Laetare – Vidéo

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Le troisième dimanche avant pâques, se déroule un des principaux rendez-vous du folklore ardennais : la laetare de Stavelot (on peut dire le laetare).

Un grand cortège haut en couleurs parcourt les rues de la localité au milieu des visiteurs enthousistes. Les rois de la fête sont sans conteste, les Blancs Moussis; personnages mystérieux, tout de blanc vêtus, portant un masque hilare au long nez rouge, qui vont et viennent, grognent, sautillent, lancent des confettis et taquinent la foule avec des vessies de porc gonflées.

Les Blancs Moussis (c’est du wallon, cela se traduit plus ou moins par : ceux habillés en blanc), sont apparus en 1502 en réaction à un interdit du Prince Abbé de la Principauté de Stavelot-Malmedy d’interdire aux religieux de se mêler aux réjouissances populaires. La foule choisit alors de revêtir des habits imitant ceux des moines pour remplacer leur absence forcée. Après de nouvelles interdictions des autorités religieuses, l’habit blanc remplaça le capuchon monastique etse compéta d’un long nez rouge en signe de dérision.

Chant du Laetare de Stavelot – Musique de Raymond Micha – L’Orphée de Stavelot dir. Albert Van Lancker – Photos Pierre-Alexandre Massotte – Montage André Micha

La photo d’entête de l’article est de Pierre-Yves Sougne

Le site de la laetare >>>

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Restauration d’un toit en chèrbins à la ferme de Filly – Vidéo

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Le chèrbin, prononcé hèrbin en Ardenne liégeoise et dont le nom signifie « éclat » en allemand (« scherben »), est une pièce d’ardoise en forme d’écaille asymétrique dont la découpe implique une pose particulière : toujours entamée en bas de versant sur la droite, elle gravit la toiture en diagonales parallèles jusqu’au faîte sur la gauche en recouvrements progressifs, tout en diminuant la taille des chèrbins et du pureau (partie non recouverte de l’ardoise). Le chèrbin présente une courbure à son point inférieur, de manière à conduire l’eau du haut vers le bas.

Un film de l’asbl Cultura Europa en 1996

Durée : 8.43 mn.

 

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La bataille des Ardennes – Vidéo

La bataille des Ardennes – Vidéo

La bataille des Ardennes – Vidéo

Un long documentaire sur la bataille des Ardennes que les Ardennais nomment plus volontiers l'”Offensive”.
De nombreux interviews de vétérans américains, le tout traduit en français.

Durant l’un des hivers les plus rudes jamais connus, plusieurs divisions d’infanterie américaines, prises par surprise et mal armées, livrent une bataille épique contre l’armée allemande dans la campagne des Ardennes.

 

 

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Le goût de l’écorce

Le goût de l’écorce

Le goût de l’écorce

Le goût de l’écorce
Un poético-documentaire de Martin Dellicour

Martin Dellicour et son équipe nous emmènent chez Joost, aux sources de l’Ourthe, pour un somptueux film au cœur de l’Ardenne. Dix minutes (et quelques…) d’immersion totale là où vivent Joost et ses voisins : les blaireaux, castors, bernaches, chevreuils et renards. Ils partagent la forêt et la rivière en bonne entente. Les surprenantes images de castors ont demandé plus de quarante heures de « planque » au bord de l’eau. Avec ce poético-documentaire, Martin Dellicour entame une série qui nous conduira à la rencontre d’artistes et artisans qui puisent leur énergie et leur créativité dans la vie sauvage et les paysages de l’Ardenne.

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Le goût de l’écorce : Avec Joost Vanvoorden | Réalisation : Martin Dellicour | Image & son : Anne Leidgens, Martin Dellicour | Musique : The Deranged Pinguins (Reprise de Timber Timbre), Tenacious Orchestra

www.ardennesauvage.be

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Bataille des Ardennes – Le cimetière allemand de Recogne

Bataille des Ardennes – Le cimetière allemand de Recogne

Bataille des Ardennes – Le cimetière allemand de Recogne

Depuis 1947, les corps de 6.807 soldats allemands reposent par groupes de six, sous de rustiques croix de petit granit, à Recogne. Avec Lommel (Léopoldsburg) c’est la plus grande nécropole du genre en Belgique.

 

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Le bloc de granit gravé à l’entrée du cimetière

 

Décembre 44 : Hitler lance l’offensive “Wacht am Rhein”, qui va déboucher sur l’un des plus grands carnages de la seconde guerre mondiale du XXème siècle, sur le front occidental. Les pertes humaines, de chaque côté, dépassent celles enregistrées durant le débarquement en Normandie. Actuellement, on cite les chiffres, côté américain à 8.607 tués, 21.144 disparus et 47.139 blessés ; côté allemand à 17.236 tués, 16.000 disparus et 34.439 blessés. Sans commentaire.

 

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La chapelle accueille les visiteurs.

 

Le service d’inhumation américain aménage un cimetière de regroupement situé de part et d’autre de la route de Noville. On y enterre, séparément, 2.700 soldats américains et 3.000 allemands.
Durant les années 46 / 47, les morts américains sont transférés à Henri-Chapelle, tandis que les services d’inhumation belges réunissent les allemands à Recogne. Aux 3.000 du départ vont se joindre les soldats tués dans d’autres endroits de la province de Luxembourg, du sud de la province de Liège et des Cantons de l’Est. Y reposent également les dépouilles de militaires tués dès le début de la guerre, et l’occupation.

Réconciliation par-dessus les tombes

En 1956, un camp de jeunesse international fut organisé. Son thème : “Réconciliation par-dessus les tombes”. Ces jeunes, venus de six nations, aidèrent à l’aménagement du cimetière et à la construction du mur d’enceinte, en grès rose de l’Eifel. Le 25 septembre 1960, le cimetière fut officiellement inauguré.

 

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Sous chaque croix, gravée recto/verso, reposent six dépouilles de soldats. Beaucoup n’ont pu être identifiés.

 

Sous chaque stèle de petit granit, gravée recto-verso, reposent six corps, dont certains n’ont jamais pu être identifiés. Aucune distinction de grade : officiers et soldats sont ici réunis dans la mort.

D’une même sobriété, une chapelle a été élevée, dont les murs sont décorés de bas-reliefs : l’un représentant st Michel portant la balance, et l’archange Gabriel portant la lumière.

On pourrait gloser à l’infini sur les tenants et les aboutissants de cette tuerie qui, sous des dehors idéologiques, a bel et bien constitué un exploit de plus à mettre au crédit d’une certaine forme d’économie. Foutaises, que le reste ! Fables tragiques avalées par les peuples pour justifier, et commettre, l’injustifiable. Et les archives auront beau faire, révélant le cynisme sous-jacent des assassins aux mains blanches : l’humain, on peut le craindre, ne comprendra jamais.

Mais la paix de ce cimetière. Mais la lumière rasante qui joue sur les stèles. Un jour, peut-être…

 

Ecrit par Patrick Germain 07-11-2007


 

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Auteur : Méolice

Où est Recogne

Recogne

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Le cimetière allemand de Recogne

Bertogne

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Fauvillers

Décembre 1944, le massacre de Baugnez à Malmedy

Décembre 1944, le massacre de Baugnez à Malmedy

Décembre 1944, le massacre de Baugnez à Malmedy

Outre les innombrables destructions et morts dues aux tirs d’artillerie et aux bombardements aériens, tant alliés qu’allemands, nombre de massacres furent commis durant l’offensive Von Rundstedt.
Leur liste s’égrène comme un chapelet : Baugnez, Bourcy, Noville, Wibrin, Stavelot, Bande, Steinbach …
Fait de troupes fanatisées, ivres de vengeance ou conscientes de l’inexorable échec du ” Reich millénaire “, ces massacres constituent un douloureux martyrologe ardennais.

La 1ere SS Panzer Division (LAH) commit de nombreux crimes de guerre lors de sa percée au Nord du saillant.
Celui de Baugnez, sur les hauteurs de Malmédy, est sans doute le plus connu : quatre-vingt-six GI’s y furent assassinés, dans une prairie située à l’angle des routes de Waimes et de Ligneuville.
La raison en demeure incertaine.

Les faits

Le 17 décembre 44, le 285eme bataillon d’observation d’artillerie de campagne US, aux ordres du lieutenant Lary arrive à Malmédy. Averti de la présence de blindés allemands à Bullange, celui-ci décide néanmoins de suivre la route qui lui a été assignée ; et l’unité s’engage sur la N 23.
Elle arrive au carrefour de Baugnez au moment même où une avant garde de la colonne Peiper y parvient.
Un violent engagement s’ensuit, et les véhicules sont bousculés par les blindés allemands de tête, qui poursuivent leur route. Mais le reste de la colonne est là, et Lary comprend que la situation de sa troupe est désespérée. Il décide de se rendre.
Le commandant Poetshke, qui est laissé avec les prisonniers, distrait deux Panzers de la colonne. Soptrott, commandant l’un des deux blindés, aurait alors reçu l’ordre d’ouvrir le feu. En tout cas, son canonnier, le soldat Fleps, abat le chauffeur du lieutenant Lary d’un coup de pistolet, puis les mitrailleuses des chars entrent en action. Des pionniers du génie allemand, de jeunes recrues, entrent ensuite dans le champ pour achever les survivants.

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Baugnez (source USArmy) : Enfouis sous la neige, les corps des soldats assassinés à Baugnez ne seront inhumés qu’une fois le carrefour repris par les alliés, un mois après les faits ; et le travail d’une commission d’enquête effectué.

La prairie Sacrée

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On dégagera plus de 80 corps de la neige

Volonté délibérée ? Effet d’entraînement, après le coup de feu de Fleps ? Que s’est-il passé, à Baugnez ? Les historiens eux-même s’y perdent. Restent les faits. Sans excuse.
Le procès de ce massacre eut lieu à Dachau en 1946, et Jochen Peiper fut condamné à mort. Il est prouvé aujourd’hui qu’il ne se trouvait pas à Baugnez au moment des faits.
La prairie abreuvée par le sang des malheureux fut longtemps laissée à l’abandon. Enfant, nous passions régulièrement à cet endroit, dont nos parents nous avaient maintes fois raconté l’histoire.
Elle était devenue sacrée, à nos yeux, et l’est restée.

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Un zoning artisanal est à présent établi derrière le monument commémoratif. Reste un souvenir tenace.

 

Un long chemin d’horreur

Mais les massacres ne se limitèrent pas à celui de GI’s désarmés. Les civils payèrent également un lourd tribut à la folie meurtrière des SS les plus fanatiques, dans le secteur.
La liste n’est pas exhaustive : sur la route, entre Stavelot et Trois-Ponts, vingt personnes – hommes, femmes et enfants – sont abattues. Vingt-quatre, à Parfondruy, dont deux femmes enceintes. A Reharmont, une douzaine de civils trouve la mort.
Plus loin, sur la route de Coo, les nazis abattent encore une vingtaine de personnes.
Un long chemin d’horreur, dont toute l’atrocité nous a sauté au visage, par delà l’espace et le temps, lors d’un reportage dans la Bosnie ravagée.

Est-ce ainsi que les hommes vivent ?

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Stavelot, cité martyre. Quelles que puissent être les circonstances, rien n’excusera, jamais, les massacres commis au nom d’une idéologie. Quelle qu’elle soit.


Peiper

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La condamnation à mort de Jochen Peiper fut commuée, le 30 janvier 1951, en détention à perpétuité. Le 22 décembre 1956, il était libéré sur parole jusqu’au 21 juin 1958, date à laquelle cette mesure prit fin. Le 14 juillet 1978, celui qui n’a jamais renié son attachement au nazisme était assassiné à Tarves (France) et sa maison incendiée.

Ecrit par le major anglais Reynolds, le livre ” L’adjudant du diable ” (De krijger – 2000 – ISBN 90-72547-97-7) retrace le parcours de Peiper, tout particulièrement lors de l’offensive. Ce livre, particulièrement fouillé, en dira plus au lecteur intéressé.


Virgil Lary mourut d’un cancer, en 1981. Dans une lettre à un ami, il confiait que, de toute manière, il était déjà mort dans le champ de Baugnez, en 1944.
Textes : Patrick Germain | Crédit(s) photographique(s):US NARA


 

Liens intéressants

Sur les archives audiovisuelles de la Sonuma

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Aux Etats-Unis, Baugnez est l’épisode le plus tristement célèbre de la Bataille des Ardennes : le 17 décembre 1944, un convoi de l’artillerie US est arrêté par la colonne allemande de Joachim Peiper. Faits prisonniers, les GI sont brutalement fusillés par les SS. Ce crime de guerre coûte la vie à 84 soldats. Mais que s’est-il réellement passé au carrefour de Baugnez? L’Américain George Fox, vétéran de la 285ème artillerie miraculeusement rescapé du massacre, et l’Allemand Rolf Ehrhardt, vétéran de la 1ère Panzer SS, donnent chacun leur version des faits.

 

Sur Youtube

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Des interviews (en anglais) de vétérans qui ont connu cet épisode dramatique. Quelques images d’archive des faits sont mixées, probablement, avec des images de propagande. Les films de propagande étaient très utilisés, tant dans le camps US que dans le camp Allemand.

 

 


 

Où est Baugnez et la commune de Malmedy

Baugnez

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Les corps des GI’s enfouis sous la neige

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Waimes


Malmedy



Le brame

Le brame

Le brame

Rendons une visite – distante – à Sa Majesté le cerf au moment où il fait trembler la forêt d’Ardenne au rythme d’une fête sauvage dont les échos venus du fond des âges réveillent, même chez l’homo internetus, d’étranges sensations.

“ La fièvre l’a saisi à l’improviste, un soir de septembre (…) il a senti l’odeur des biches, et l’impétueux instinct a soudain transformé son comportement. D’abord, il a apaisé sa nervosité avec de furieux coups de tête sur le premier arbuste qu’il a rencontré en quittant sa reposée (…) puis, il s’est brusquement retourné, a vu son compagnon habituel marcher sur ses talons. Pendant un long moment, il l’a toisé d’un regard dont toute aménité était absente. Voila que, subitement, cette présence, pourtant appréciée pendant tout l’été, lui était devenue insupportable „

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Ils se toisent

 

En quelques lignes, Roger Herman (1) vient de brosser le portrait psychologique du premier rôle de ce qui constitue sans doute l’événement le plus impressionnant de l’année ardennaise : au sombre des forêts le brame peut commencer ; drame épique dont les échos se répercutent depuis le fond des âges avec une même force brute, chargé d’émotions contradictoires auxquelles nul ne peut échapper en ses intimes

Sinon, comment expliquer cette mystérieuse pulsion qui, quelques semaines durant, va faire affluer vers l’Ardenne et ses forêts plusieurs milliers de personnes de tous âges et de tous sexes ? Comment expliquer que le plus blasé des coureurs de bois ne peut rester indifférent à ce qui, somme toute, ne constitue qu’un instant de l’année parmi d’autres sans cesse renouvelés?
Car, au fond, le brame n’est jamais que le rut du cerf. Notre plus grand mammifère sauvage, certes, et le plus expressif en la matière sans doute, mais encore ?

 

LE BRAME : MODE D’EMPLOI

 

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En voilà des manières !

 

Pour ce qui concerne les faits, le brame correspond à une période allant grosso modo du début septembre à la fin octobre, durant laquelle les cerfs en majesté rejoignent les hardes de biches en vue de s’accoupler. Le reste du temps, ils vivent seuls, ou en petits groupes.

D’un tempérament généralement flemmard, le cerf titillé par ses hormones devient alors un personnage irascible qu’il est très fortement déconseillé de rencontrer au détour d’un taillis sans avoir pris rendez-vous : quand quelque 150 à 200 kilos d’os et de muscles pour un mètre cinquante au garrot, surmontés d’une tête de furieux pourvue de bois redoutables quel que soit le nombre de leurs andouillers, décident de vous faire part de leur plus vif mécontentement, ça craint, croyez-m’en ! (voir anecdote)

 

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Lorsque vous assistez à une telle scène, il y a vraiment intérêt à rester à distance.

 

Bref, restez prudemment en-dehors du coup, laissant à ces messieurs le soin de s’expliquer en comité restreint. Un rituel immuable qui débute par un stade d’observation durant lequel les seigneurs en présence vont se jauger, avant de fuir ou de se rentrer littéralement dans le lard, entrechoquant leurs bois avec une violence inouïe car le combat ne mettra jamais en lice que des adversaires de puissances similaires. Il peut durer plus ou moins longtemps, selon la vigueur des cerfs aux prises et/ou la gravité des blessures reçues. Quelquefois, tous deux mourront d’épuisement, le bois inextricablement entremêlés. Tout qui, même à distance, a pu entendre le choc des ramures, peut se faire une idée de la sauvagerie de l’affrontement.

 

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Les grondements dans la forêt.

 

Les grondements rauques qui résonnent alors dans la forêt constituent à la fois une manière de revendiquer le territoire avec les femelles qui s’y trouvent, et de provocation envers les rivaux potentiels. Avec un peu d’oreille et de pratique, il est possible de les bien imiter à l’aide du verre d’une ancienne lampe à pétrole. Mais ne venez pas vous plaindre ensuite si vous vous retrouvez contraint de passer la nuit dans un arbre

 

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Le repos du seigneur

 

Ceci dit, vous y auriez tout le temps de compatir au sort du Seigneur de nos forêts qui, non content d’en prendre plein les ganaches pour conquérir son harem est ensuite contraint de veiller doublement au grain. Premièrement parce que les biches ne sont – individuellement – réceptives qu’une seule journée par an ; et deuxièmement parce que les cerfs plus jeunes, qui ont assisté de loin au choc des Titans, ne se privent pas de leur faire à l’occasion un (en)faon dans le dos.

 

LE GRAND CORNU

Voilà qui nous dresse le portrait d’un animal “ solaire „ brillant lors du brame d’un feu “ fixe „ qui, comme tous ceux de son espèce, peut à la fois être générant et destructeur dans un même élan. D’un animal qui impose le respect par sa stature et son allure, tout en représentant à bien des égards une puissante métaphore de la vie. De là à en faire un dieu il n’y a qu’un pas.

 

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Cernunos : la divinité

Franchi depuis plusieurs millénaires, les meilleures sources s’entendant pour prêter à la divinité celtique Cernunos une antériorité historique qui en fait sans doute, avec les divers avatars de la Terre-mère, l’une des plus anciennes du Panthéon occidental. Tout ceci pourrait n’être malgré tout que pure spéculation si Cernunos, avec quelques autres comme Épona, n’avait par ailleurs fait l’objet d’une christianisation insistante dont la figure la plus célèbre est sans conteste le cerf de saint Hubert. Et ça, c’est un indice de taille.
Quant à savoir s’il existe un lien entre le brame et le sabbat qui, avec ses bacchanales, ne serait que l’avatar dévoyé de rituels plus anciens, c’est une autre histoire. Reste qu’il existe de troublantes similitudes.

À titre purement personnel, mes affinités électives iraient plutôt dans le sens de la vision que Jean-Claude Servais a donné du brame au mois de septembre (2) de son “ Almanach „. Très émouvant.

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Jean-Claude Servais : “L’Almanach” – Septembre / Adrien

Alors, au bout du compte, trouvez donc votre chemin vous-mêmes dans l’infinité de lectures possibles qu’offre un symbole. Laissez-vous imprégner par l’ambiance du brame en commençant par les odeurs et le climat de la forêt d’Ardenne à l’automne ; montez en puissance avec le cerf en ne négligeant aucune sensation, fut-elle dérangeante pour la morale du temps, car nul ne connaît la lumière s’il n’a affronté l’ombre. Que chaque froissement, chaque odeur, chaque cri, chaque choc rapporté par l’écho, pénètre en vous jusqu’à en devenir intime. Vous fasse prendre conscience de votre unité avec le tout. Il se peut bien qu’alors des choses surprenantes se produisent en vous et autour de vous. Attentifs, Pèlerins, soyez attentifs.

 

AU CERF,  LA BIÈRE !

Bien-sûr, tout ceci suppose idéalement que vous ayez le bonheur de découvrir le brame seul, ou en compagnie d’un familier de la forêt qui saura vous guider et, le cas échéant, vous protéger.
Car on ne martèlera jamais assez, tout particulièrement à cette époque, le vieil adage de vénerie : “ au sanglier, le mire (médecin) ; au cerf, la bière (rien à voir avec le houblon) „ !

À défaut, il vaudra donc mille fois mieux rejoindre l’un des nombreux groupes de naturalistes qui organisent des soirées “ brame „ voire l’un des lieux de concentration tolérés par la DNF, que prendre des risques inutiles : l’instant recèlera de toute manière sa part d’intense magie.

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Texte Patrick Germain / 2007
Crédit(s) iconographiques :Jean-Claude Servais
Photos : Daniel Pigeon
Voir la page Facebook de Daniel
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Anecdote

Je dois au maître-traqueur José Léonard l’une des trouilles de ma vie lorsqu’un jour de battue en Hertogenwald il me chargea de “ rester pour retenir les chiens „ au sortir d’une clôture à gibier mal fermée dans laquelle il rentra en prononçant le “ on ne sait jamais… „ annonciateur des grands désastres. Quelques instants plus tard, au terme d’une fantasia de branches brisées, de cris et d’aboiements furieux, je me retrouvai nez à nez avec un cerf dont la seule chose que je puisse dire est qu’il était de très méchante humeur et qu’il me laissa juste le temps de me jeter à plat ventre dans un fossé dont je sortis ensuite couvert de boue et d’une verdure poisseuse qui seyait à merveille à mon teint du moment. C’était, me dit-on, un “ beau douze „ et j’avais tenu mon poste jusqu’à l’extrême limite : l’honneur était sauf. C’est fou ce qu’on vous observe, en forêt, dans ces instants de pur hasard…

Source :
•    (1)  “ Bêtes sauvages d’Ardenne „ – Roger Herman – Paul Legrain éd. 1976
•    (2)  “ L’Almanach „ – Jean-Claude Servais – Casterman 1988 – ISBN 2-203-38009-8
•    “ Les Celtes „ – Collectif – EDDL Paris éd. 2001 – ISBN 2-23700-484-6 et “ Chasse – Pêche „ – Cours technique secondaire de l’IPEAFP La Reid 1975


 

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Les fortifications celtes du Cheslé à Bérismenil

Les fortifications celtes du Cheslé à Bérismenil

Les fortifications celtes du Cheslé à Bérismenil

L’Ardenne regorge de sites jadis occupés par les Celtes aux différentes époques. Nombre d’entre eux restent sans doute à découvrir. Ce n’est pas le cas du Cheslé, à Bérismenil (La Roche en Ardenne), l’une des forteresses les plus vastes de la Belgique actuelle.

Texte : Patrick Germain 2007
Photos : Fr. Rion 2016

 

 

L'accès au Cheslé nous fait emprunter ce chemin forestier taillé dans le schiste.

L’accès au Cheslé nous fait emprunter ce chemin forestier taillé dans le schiste.

 

 

Au départ de l’église de Bérismenil, c’est à une remontée dans le temps que nous convient les Celtes, et, surtout, les archéologues: à quelques deux kilomètres de là se trouvent les vestiges de l’une des plus vastes enceintes fortifiées d’origine celtique recensées dans la Belgique actuelle.
Porté sur la carte Ferraris en 1777, reconnu en 1867 par Sulbout, le Cheslé – vocable dérivé de “châtelet” ou “château” – a fait l’objet de nombreuses campagnes de fouilles, depuis 1905 (Loë). Le site, sur lequel les recherches se poursuivent, a livré un matériel archéologique varié, dont la datation de certaines pièces au carbone 14 fait remonter la première occupation aux alentours de 519 avant notre ère. Au premier âge du Fer, donc, ou Hallstatt. Elle est donc antérieure d’au moins 400 ans aux écrits de César, sur lesquels nous reviendrons plus loin.

 

 

Situation topographique et stratégique

 

Au fond de la vallée, l'Ourthe coule..., pas toujours paisiblement.

Au fond de la vallée, l’Ourthe coule…, pas toujours paisiblement.

 

 

Le Cheslé est juché au sommet d’un éperon rocheux étranglé, en aval du Hérou. Les versants y sont raides, avec des dénivelées de l’ordre de 70 mètres. Il s’agit donc d’un site isolé, mais qui n’occupe pas une position prédominante : son sommet est situé sous l’altitude du plateau ardennais, qui l’entoure. Le contrôle qu’il a pu exercer, s’étonne-t-on parfois, n’a dès lors pu s’exercer que sur les versants du méandre, et sur le “gué des Haches”.
C’est faire peu de cas de l’importance stratégique de l’Ourthe, et de cet endroit en particulier. Quelles que puissent avoir été les qualités – avérées – des voies celtiques majeures, à la mauvaise saison les routes d’Ardenne deviennent généralement impraticables. C’est une des raisons qui peuvent expliquer l’utilisation de l’Ourthe, pourtant tortueuse et dangereuse, comme voie de communication. Et d’invasion.

 

Disposition, architecture

 

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Les fortifications réhabilitées s’étendent sur deux sites. Ici, la « porte » sur le versant le plus accessible.

 

Le rempart est long de 1700 mètres, et ceint quelque 13 hectares de terrain rocheux
En 1997, sous la houlette du professeur Bonenfant, de l’Université libre de Bruxelles, le site fait l’objet de fouilles. Dans sa publication, le scientifique mentionne que : “Le réexamen d’une coupe stratigraphique a monté trois états : une petite construction limitée à un chemin de ronde palissadé, dominant la longue pente dévalant à 45° vers l’Ourthe ; une construction plus élevée, bâtie en pierre et bois, formée d’une maçonnerie de moellons bruts assemblés à sec, raidie par des poteaux en façade et des traversines engagées dans l’œuvre ; en troisième lieu, une construction plus importante, mais de même style (…). Ces trois états s’étagent de bas en haut, ce qui paraît bien correspondre à leur ordre chronologique relatif.”

 

 

 

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De la « porte », on peut néanmoins surveiller l’Ourthe. Au fond, l’île du Meunier.

 

 

Un type de construction étendu à une grande partie du territoire celtique, et qui semble n’avoir guère du subir de modifications puisque, dans le livre VII, chapitre 23 de sa “Guerre des Gaules”, César écrit : “Telle est à peu près la forme des murailles dans toute la Gaule: à la distance régulière de deux pieds, on pose sur leur longueur des poutres d’une seule pièce ;  on les assujettit intérieurement entre elles, et on les revêt de terre foulée. Sur le devant, on garnit de grosses pierres les intervalles dont nous avons parlé.  Ce rang ainsi disposé et bien lié, on en met un second en conservant le même espace, de manière que les poutres ne se touchent pas, mais que, dans la construction, elles se tiennent à une distance uniforme, un rang de pierres entre chacune. Tout l’ouvrage se continue ainsi, jusqu’à ce que le mur ait atteint la hauteur convenable. Non seulement une telle construction, formée de rangs alternatifs de poutres et de pierres, n’est point, à cause de cette variété même, désagréable à l’oeil ; mais elle est encore d’une grande utilité pour la défense et la sûreté des villes ; car la pierre protège le mur contre l’incendie, et le bois contre le bélier ; et on ne peut renverser ni même entamer un enchaînement de poutres de quarante pieds de long, la plupart liées ensemble dans l’intérieur.”

 

Restauration, fouilles

 

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Le rempart principal, le premier a avoir été restauré. Au pied de ce talus, caché par les fougères, un fossé ralentit d’autant plus la progression des agresseurs.

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La construction volontairement inachevée illustre bien la technique. Un squelette de poutres entrecroisées traversant l’épaisseur des murs de pierre et de terre. Indestructible.

 

Une reconstitution, accessible au public, de l’ouvrage a été réalisée par la Société nationale des fouilles. L’effet est à la fois didactique et saisissant. Les photos utilisées dans cet article et dans la galerie d’images ci-dessous en témoignent à suffisance.

 

Légende et méditation

 

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Est-ce ce rocher ou un autre qui dissimule le repaire de la Gatte d’Or.

 

 

Un puits, dit la légende locale, se trouverait au centre de la forteresse. Gardé par une chèvre d’or, un trésor y sommeillerait, prêt à se livrer à celui qui, durant l’élévation de la messe de minuit – à Noël donc – offrira une poule noire, et ne profèrera aucune parole. Faute de quoi, le coffre contenant le trésor se transformera en une bête gluante, dont les yeux lancent des éclairs qui pulvérisent l’imprudent.

La légende est, tous les amateurs de ce genre de récit l’auront noté, de facture classique. Tout comme est classique, à proximité de ruines, la présence des Elfes. Les dieux ne meurent pas: ils se transforment.
Pour nous, cette visite aura surtout été l’occasion de retrouver des sensations ancrées tout au fond d’une mémoire plurielle qui ne manque jamais au rendez-vous, sur de tels sites. Qui ? Quoi ? Comment ? Tout ça importe peu, et nous appartient.
Reste que de tels lieux, chargés d’histoire et d’émotions, parlent à qui les veut écouter. Témoignent d’un passé qui fut nôtre et que, pour autant de raisons, l’Histoire de Belgique et d’ailleurs a longtemps – et sciemment – occulté. De nouvelles générations de chercheurs et d’historiens ont succédé aux Pirenne et consorts : puissent-ils être remerciés pour un travail que la topographie ardennaise ne simplifie pas ; comme ne les simplifient pas certaines difficultés d’un tout autre ordre – humaines, en l’occurrence – de moins en moins opérantes, il est vrai.

Puisse, par ce biais et par d’autres, l’Ardenne retrouver ses racines profondes. Tel est notre souhait, et, sans doute, celui de ceux qui, invisibles, poursuivent leurs vies dans le Sidh.
Ambiorix, par exemple, qui a peut-être fréquenté les lieux ?

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Source :
•    Collectif : « Province de Luxembourg : Le pays des roches et des méandres » – Maisons du tourisme et SI


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Le Cheslé

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Les fortifications du Cheslé

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La Porte de Trèves à Bastogne

La Porte de Trèves à Bastogne

La Porte de Trèves à Bastogne

 

Puissante tour carrée de quelques huit mètres de côté pour dix-sept de hauteur, la Porte de Trèves est un des derniers vestiges des fortifications qui entouraient Bastogne au Moyen Âge. Gros plan sur une vieille dame qui a beaucoup souffert.

 

 

 

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Par sa charte du 12 juin 1332, Jean l’Aveugle, comte de Luxembourg et de La Roche, roi de Bohème et de Pologne, affranchit les bourgeois de Bastogne, confirmant ainsi la localité dans son statut de « Ville ». Le château ayant été détruit par les Liégeois en 1236, Bastogne est reconstruite et fortifiée dans la foulée. En échange de quoi, la Ville eut pour obligation d’entretenir les remparts et les bourgeois d’en assurer la garde.

La Porte Basse, comme son nom l’indique, constitue alors l’accès principal à la localité par sa partie basse.

En 1602, Louis de Nassau assiège vainement Bastogne. Les remparts tiennent bon. Quelques années plus tard, comme en tant d’autres lieux, ils seront pourtant démolis sur l’ordre de Louis XIV, alors occupé à asseoir son pouvoir.

 

 

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Les remparts détruits, il ne reste que la porte.

La Porte Basse est ensuite restaurée, au XVIIIème siècle, devenant «Porte de Trèves» puisqu’ ouvrant la route dans la direction de ce centre alors important. Elle est convertie en prison et maison de passage, jusqu’à la guerre de 14-18.

Une première série de travaux de restauration est effectuée au XIXème siècle ; et le 22 février 1938, la Porte de Trèves est classée monument historique. Mais le tragique épisode de l’hiver 44-45 la laisse en ruines.

Relevée depuis lors, et gérée par le Cercle d’Histoire local qui y propose un intéressant panoramique de la préhistoire au Moyen Âge, le monument peut être visité sur rendez-vous. Des expositions temporaires y sont également organisées.

Non loin, l’église Saint-Pierre – édifice des XIIè-XVIè siècles – inscrit le hourd de bois cernant sa massive tour carrée dans le paysage bastognard.

 

 


Ecrit par : Patrick Germain 10-01-2008

Crédit(s) photographique(s) : Patrick Germain sauf carte postale ancienne
Crédit(s) iconographiques : gravure : tirée de “La Belgique Illustrée”

Sources :
•    « Communes de Belgique » – Collectif – 1980 – Crédit Communal de Belgique à la Renaissance du Livre éditeurs –
•    « La Belgique illustrée » – 1890 – Bruxelles, chez Bruylant ed. –
•    « La Belgique pittoresque » F. Alexis – M.G. – 2ème édition Grand IN-8″ – 1905 – Liège H. Dessain, imprimeur – éditeur –


 

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Où est la Porte de Trèves

Porte de Trèves

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La porte de Trèves

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Fauvillers

Bastogne et environs


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La glacière de Hermanmont – Vielsalm

La glacière de Hermanmont – Vielsalm

La glacière de Hermanmont – Vielsalm

La glacière de Hermanmont – Vielsalm

C’est dans la seconde moitié du 19ème siècle que fut édifiée la glacière de Hermanmont. Un édifice que d’aucuns confondent encore avec une chapelle, restauré à la fin du siècle dernier, et visible depuis la route menant à Recht, à la sortie de Vielsalm.

Jusqu’à la moitié du 19ème siècle, le “mont de Herman” ( du nom d’un comte de Salm de la deuxième moitié du 11e ou de la première moitié du 12e siècle) n’a comporté que les bâtiments d’une exploitation agricole. Peu après 1850 arrive à Vielsalm, où la chasse à courre s’implante,  monsieur Théophile Grart d’Affignies qui se loge d’abord dans la localité puis, dès 1854, à Hermanmont. Il devient propriétaire du domaine par acte du 16 novembre 1858 passé devant le  notaire Jacques  et pour un prix de 58.000 francs.
À son décès en 1879, le bien passe à Camille de Jacquier de Rosée et à son épouse Marie de Seyssel d’Aix. De plus ou moins 1858 à 1895 au plus tard, date du décès du baron, va s’aménager un fameux domaine qui comprend outre un réseau hydrographique assez particulier ( 3 étangs, 2 canaux, 1 mare, 1 cascade , l’alimentation de la roue du moulin) une série de constructions : une ferme, un château, un chenil, deux maisons, un pavillon, un moulin…et une glacière.

 

 

 

 

La glacière bordant la route vers ville-du-Bois

 

Le principe de la glacière est simple et on en trouvait presque partout en Belgique ( et à l’étranger), en général à proximité des châteaux ou, comme à Spa, des hôtels. Il s’agit d’une construction, enterrée et isolée le mieux possible. Dans le fond, un système d’évacuation des eaux vers un puits perdu permet de conserver la glace prélevée aux étangs voisins jusqu’en été. La glacière permettait de présenter à table glaces, sorbets ou autres préparations et se montrait fort utile pour l’élaboration de compresses et médications diverses.

La baronne de Rosée écrivait dans ses souvenirs le mercredi 6 août 1914 : “J’ai été interrompue par les dames Beaupain qui venaient voir si j’avais encore un peu de glace pour une pauvre dame qui vient d’avoir une attaque d’apoplexie.” Et dans une note de fin d’ouvrage : “on venait parfois en demander pour l’asile des fous de Lierneux”.

 

 

SAUVÉE DE LA RUINE

 

 

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Son petit-fils, Carlo Cardelli indiquait en note complémentaire aux souvenirs de sa grand-mère : ” Un escalier tournant conduisait à une basse terrasse couverte par le toit d’ardoises. Les feuilles mortes amoncelées par le vent sur les dalles en pierre offraient une belle tentation pour allumer un feu. La glacière proprement dite était en-dessous. La porte, arrachée, montrait un grand trou béant, duquel montait l’odeur nauséabonde de quelque animal, chat, oiseau taupe qui y avait trouvé la mort.
Autrefois, on y plaçait des gros blocs de glace, taillés dans l’étang, qui se conservaient jusqu’à l’été. Grand-papa en donnait généreusement à qui en demandait. Maman racontait que, souvent, on en envoyait quérir de l’hospice des fous de Lierneux.”

La glacière de Hermanmont est surtout connue pour sa partie visible, un petit édifice en briques avec toit pointu, sous des grands hêtres. En 1918 on vit des Allemands s’y agenouiller et prier, la prenant pour une chapelle.
Avec la généralisation de la distribution d’électricité, la glacière fut peu à peu délaissée dès après la première guerre. Lors de la seconde, elle subit certains dégâts puis le toit s’effondra, les arbres furent abattus, la route élargie, la végétation reprit ses droits si bien qu’au début des années nonante, la glacière n’était plus que ruines.

En 1992, sur proposition du Collège des Bourgmestre et Echevins, le Conseil communal de Vielsalm approuvait à l’unanimité l’achat par la Commune de ces ruines : les étapes de la restauration pouvaient s’enchaîner pour déboucher sur l’inauguration de la glacière restaurée lors des journées du Patrimoine des 9 et 10 septembre 1995. A cette occasion fut éditée une petite brochure reprenant toutes les données techniques aussi bien de la cuve que du petit édifice la surplombant.

Ecrit par :Robert Nizet 09-09-2008


 

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Où est la glacière

La glacière de Hermanont

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La glacière

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Le Boultê : histoire controversée d’un repère en Hautes-Fagnes.

Le Boultê : histoire controversée d’un repère en Hautes-Fagnes.

Le Boultê : histoire controversée d’un repère en Hautes-Fagnes.

A quelques pas de la Baraque Michel, en contrebas de l’assiette de la grand-route qui traverse la Fagne, un curieux monument ne manque pas d’attirer l’attention. C’est “Le Boultê”. Une colonne en arkose de Waimes, haute de quelques 4,50 m et surmontée d’une pigne, dont la seule certitude est sa vocation de repère.

L’on s’entend généralement pour faire remonter son érection, en 1566, par les familles Hauptmann-Panhaus (Panhuys, en fait) dans la foulée d’autres colonnes et croix destinées à guider les voyageurs sur : «la grande Faigne au chemin royal tirant de Limbourg à Trèves». Certains historiens ajoutent que ces monuments seraient également liés à la Réforme, dont les familles Hauptmann et Panhuys avaient embrassé la foi. Ils auraient ainsi jalonné les itinéraires vers les lieux de rassemblement protestants.
D’autres prônent toutefois l’antériorité du Boultê, qui aurait servi de modèle aux colonnes Hauptman et Panhaus. Il semble néanmoins exclu que cette colonne ait pu constituer un milliaire, ou tout autre édicule romain.

Quant au vocable « Boultê », il faudrait y voir une corruption de la forme “boule”, plutôt que de la  “baratte” parfois évoquée. Ce terme proviendrait de l’époque où, suite à la dégradation du monument, seule subsistait la partie inférieure, tronquée.

 

Le Boulté surmonté d'une croix

Une colonne en arkose de Waimes, haute de quelques 4,50 m et surmontée d’une pigne dont l’origine n’est pas déterminée. Et bien-entendu, le tout surmonté d’une croix présente sur tout monument qui se respecte en Ardenne.

 

Brisée en 1749, la colonne est renversée en 1878 par l’administration allemande afin d’éviter toute confusion avec les bornes frontières. En 1905 ce qui reste du Boultê est à deux doigts de finir en caillasse. Mais quelques fagnards éclairés veillent. Aidés par les abbés Pietkin et Beeckman, ils obtiennent que le monument soit non seulement redressé, mais aussi restauré. C’est chose faite en 1906.
Il est alors couronné d’une pomme de pin et d’une petite croix. Cette pigne proviendrait de l’ancien perron de Malmédy ou de la Colonne Hauptman, selon les sources. En 1945, le Boultê est à nouveau renversé par les troupes américaines, lors des travaux de rectification de la route. “Les Amis de la Fagne” le redressent en 1947, et le déplacent ensuite lors de l’élargissement de la chaussée. Il figure depuis sur l’insigne de l’association.

Écrit par :Patrick Germain /2007

Source :
•    « Guide de la Fagne » – A.J. Freyens – Vème édition, chez Marabout (Ed Gérard, Verviers) –

 


 

Baraque Michel

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Waimes


Malmedy



Notre-Dame des malades, au Mont-Saint-Martin – Gouvy

Notre-Dame des malades, au Mont-Saint-Martin – Gouvy

Notre-Dame des malades, au Mont-Saint-Martin – Gouvy

 

 

Entre Beho et Bovigny, sur la rive droite du Glain, une route forestière escalade le Mont-Saint-Martin, conduisant au sanctuaire de Notre-Dame des Malades. Un lieu d’histoire, et de mémoire.

 

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Le chemin de terre vers la chapelle Saint-Martin.

 

La vallée du Glain constitue une véritable mine d’or pour l’historien et l’archéologue Mine d’or qui est bien loin d’avoir livré tous ses secrets. L’occupation des lieux remonte à des temps immémoriaux. Bien avant qu’on ne parle de la villa royale de Glain, dont la première mention en tant que telle, date de 720, quand Charles Martel y rend sentence en faveur de l’abbé de Stavelot.
Le 1er octobre 814, la villa est à nouveau citée. Cet écrit révèle que la chapelle de Glain était non seulement église de chef-lieu, mais église régionale, au vu des dîmes. Les auteurs admettent généralement que cette chapelle se soit trouvée sur la colline devenue ” Mont-Saint-Martin “. Au fil des ans, le nom du patron de l’église aura prévalu sur celui du domaine qui, pour sa part, restera propriété des empereurs jusqu’au début du XIIIe siècle.

 

Jours de colère

 

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Un calvaire de croix de schiste borde le chemin

 

 

Guerre de trente ans, scission des Pays-Bas, contre-réforme… les temps sont troublés. Et la région voit se succéder les troupes en marche. Mal payées, quand elles le sont ; le plus souvent composées d’individus sans aveu aux ordres de capitaines peu regardants, ces bandes dévastent le pays.
Pour le territoire de la seule ancienne commune de Bovigny, on estime à une dizaine le nombre de villages et hameaux qui vont disparaître. Celui de Saint-Martin est du nombre.
C’est aux environs du lieu-dit ” Doyards ” que l’on situe Saint-Martin, autour de la butte où se dressait l’édifice du culte. Si l’on s’accorde pour laisser la date précise dans le vague, la tradition conserve mémoire des dernières heures du hameau, qu’elle rapporte en décrivant le massacre perpétré par des ” sarrasins ” armés de haches, se précipitant sur les habitants. Les quelques villageois qui se réfugient dans l’église n’auront pas plus de chance.

 

Notre-Dame des Malades

 

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La chapelle et son terrain bien entretenu

 

Curieusement, l’édifice ne connaît pas l’incendie et la ruine. Et si le clergé, ne desservant guère que des villages déserts dans un pays soumis à la violence, décide de résider à Bovigny, diverses dépenses sont effectuées, qui attestent de la survie de l’église du Mont-Saint-Martin. On sait qu’en 1631, sa réédification est réalisée, grâce au prélèvement d’une taxe. Le 16 août 1717, toutefois, le Prince-Evêque de Liège, Archevêque de Cologne, désigne Bovigny en qualité d’ église mère. A partir de la translation, le temple va se vider de son contenu, et ses murs s’effondrer. En 1849, ses derniers vestiges sont démolis.

Sur cette élévation consacrée – est-ce un hasard ? – à Saint Martin, grand assimilateur des lieux de cultes anciens, l’appel semble venu de la nuit des temps, qui incite, dès 1850, l’abbé Debra et ses paroissiens à construire une chapelle. Elle sera dédiée, outre au patron traditionnel des lieux, à Notre-Dame des Malades.

 

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Un mur circulaire de pierres sèches restauré.

 

Après avoir gravi le chemin menant au sanctuaire, bordé de croix de schiste, attestant le talent des Piette et autres artisans régionaux , le promeneur découvre un édifice à plan rectangulaire, et trois pans coupés, vers l’est. Au couchant, un petit porche, bordé d’une charmille, donne accès à la nef. Un clocheton surmonte la construction, dont le gris des ardoises tranche sur la blancheur du pignon. Dans son écrin de verdure, bordé d’un mur circulaire, en pierres sèches, restauré par les membres de l’asbl qui veille sur elle, Notre-Dame des Malades appelle au recueillement.

 

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Un autel extérieur, et une chaire, en pierre, complètent l’ensemble.

 

Les fouilles de 1968, et 1995, ont mis à jour les traces des configurations successives de l’église, et plusieurs sépultures. On enterrait probablement dès le VIII° siècle, autour du bâtiment, qui était déjà clôturé d’un mur, dont l’enceinte actuelle ne semble pas avoir repris les limites. Seules traces, discrètes dans la pelouse désormais régulièrement entretenue, quatre dalles sur lesquelles nous reviendrons prochainement.

La nef a retrouvé son cachet en l’an 2000. Deux séries de trois fenêtres y apportent la lumière du jour, on y pénètre par une porte encadrée en plein cintre. Un banc de communion sépare l’officiant des fidèles, donnant accès à l’autel, restauré ” à l’authentique ” par un artisan de Deux Rys, près de Manhay. Cette pièce est l’œuvre d’un nommé Valentin de Cierreux. Le meuble est surmonté d’un dais abritant une polychromie en plâtre, représentant Notre-Dame des Malades, un lambris le prolonge, de part et d’autre. A l’une et l’autre extrémité, saint Martin et saint Hilaire, crossés et mitrés, veillent.

À l’abri

 

 

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L’autel de la chapelle Notre Dame des Malades.

Les temps ont passé, restent les ” sarrasins “. Pour les préserver des pilleurs d’art religieux, et du vandalisme, une Pieta, la statuette de sainte Anne Trinitaire et celle de saint Martin en Charité, ont été placées en lieu sur. Ce sont leurs reproductions que l’on peut découvrir dans la nef. Et pour donner à la visite l’attrait supplémentaire d’une petite chasse au trésor : à vous de découvrir leur emplacement actuel.

Les deux premières sont en bois polychrome, d’une hauteur de 60 cm environ. Toutes deux remonteraient au XVI° siècle. La statuette de saint Martin, pour sa part, est en chêne, porte les traces d’une ancienne polychromie, et mesure 97 cm. Elle est datée du XVII°. Seuls les drapés leur servant de support, lors des pèlerinages et autres festivités, se trouvent à demeure dans la chapelle. Faisant partie du mobilier de l’ancienne église, on ne sait quand, ni comment, ces objets sont parvenus dans les familles qui les ont été conservés durant deux siècles environ, à Beho, et à l’église d’Aldringen, s’agissant de saint Martin.

Ecrit par :Patrick Germain 06-11-2007
Crédit(s) photographique(s):Patrick Germain

Note :
Si le site est classé, depuis 1973, l’idée de créer une asbl, en vue de l’entretenir et de le promouvoir, remonte aux lendemains des grandes tempêtes de 1990. Saint-Martin disparaissait sous la masse des frênes arrachés, d’autres arbres menaçaient de tomber : il était grand temps de se pencher au chevet d’un patrimoine qui se dégradait. En 1993, l’association existait effectivement. Petit à petit, grâce à ces bénévoles, la chapelle a retrouvé son lustre d’antan. Un pèlerinage y a lieu, le 16 août.
Source :
•    ” De Saint-Martin à Bovigny “, que vous pouvez acquérir moyennant finances auprès de l’asbl Notre-Dame du Mont-Saint-Martin, Courtil 4b – B 6671 Bovigny – Belgique
•    Renseignements chez le secrétaire de l’association, au +32 (0) 80/214192


 

Galerie


 

Où est la Chapelle Saint-Martin

Chapelle Saint-Martin

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La Chapelle Notre Dame des Malades au Mont Saint-Martin

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Vielsalm




La truite, l’anneau et le miracle

La truite, l’anneau et le miracle

La truite, l’anneau et le miracle

Pâques 2016, la Fédération Sportive de Pêche Francophone Belge organise cinq jours de stage à destination des jeunes.
Les 24 stagiaires sont reçus à Engreux, près de Houffalize, mais les séances d’entraînement sont itinérantes. Un peu en eaux vives, au bord de l’Ourthe, un peu en étang.

C’est à l’étang de Basse-Bodeux, à Trois-Ponts que le miracle se produit pour un des plus jeunes stagiaires. Timour a dix ans seulement, mais le gamin est déjà sacrément doué et bardé d’une solide d’expérience (le lecteur pardonnera certaines familiarités de langage et une évidente propension aux superlatifs concernant le jeune pêcheur, mais l’auteur de ces lignes n’est autre que le grand-père du stagiaire…).

Pourtant, ce matin-là, et malgré le talent incomparable du jeune génie de la pêche… ça fait quand-même beaucoup de superlatifs… Soyons raisonnable, ce matin-là, ça ne marche pas très fort pour Timour, les touches se font attendre. Tout à coup, les poignets du garçon vibrent sous « un départ appuyé », une grosse touche courbe la canne. Un poisson de cette force et de cette taille, cela ne peut  être qu’une grosse carpe.

“Non, non c’est une énorme truite, s’écrie un des stagiaires, je viens de la voir”

Au bord de l’étang, y compris chez les moniteurs, l’incrédulité règne ; une truite de cette taille c’est rarissime.
Sous la terrrrible traction, la canne se tord et se courbe mais ne rompt point. La ligne se tend mais le fil résiste à la traction, alors que les nerfs du gamin résistent à la pression. Timour, entouré de ses congénères et rejoint par les moniteurs, travaille le poisson avec l’aide et les conseils des enseignants. Vingt minutes d’âpre lutte se sont écoulées. Tous revivent l’aventure du vieux pêcheur d’espadon qu’Ernest Hemigway a décrite dans le « Vieil homme et la mer ». C’est homérique. (Je rappelle à l’auteur qu’il faudrait y aller mollo avec les superlatifs…)

Et, catastrophe, une fois de plus, le matériel trahit l’homme. Dans un invraisemblable fracas (?), comme le déraillement d’une locomotive à vapeur, la ligne se brise. Ou plutôt, et plus simplement, l’anneau porteur de fil, au bout de la canne, se décroche. Ce qui fait nettement moins de bruit qu’un déraillement, mais pour les acteurs de la scène, le résultat a dû paraître identique.
Le moniteur, Julien, aux réflexes prompts comme doit les avoir un homme d’action, lance sa propre ligne. Il espère emberlificoter son fil à la ligne du malheureux stagiaire. Il y réussit, le diable d’homme (nous verrons plus bas que cette expression est un peu malheureuse). Ainsi à deux, les héros ramènent sur la berge, via une trop petite épuisette, une énorme truite mâle de soixante-trois centimètres. Soixante-trois centimètres ET DEMI précise Timour, en bon pêcheur qu’il est devenu.

C’est seulement à partir de cet instant que l’épopée devient miracle.

Reprenant leurs esprits, les stagiaires immortalisent l’exploit par quelques photos d’usage. La truite combattive retrouve le chemin de l’étang, fatiguée et vaincue mais libre et vivante.

Les pêcheurs entreprennent alors de démêler la victorieuse paire de fils emberlificotés à dessein.
Le croirez-vous : au moment où les cloches de l’église proche sonnaient l’Angélus, stagiaires et moniteurs découvrirent que les fils n’étaient pas le moins du monde emmêlés, mais…, mais… ( j’en perds le souffle) ; mais, que le crochet de l’hameçon de la ligne lancée à la rescousse, s’était glissé à l’intérieur de l’anneau défaillant. Il y avait à peu près une chance sur quinze milliards que cela puisse arriver. C’est arrivé, c’est un miracle, l’Angélus le confirme.

Est-ce étonnant, sachant qu’il y a quelques siècles déjà, à Orval, une truite rapporta l’anneau d’or que Mathilde avait laissé glisser dans l’onde de la fontaine. Décidément, les truites,  l’Ardenne et les miracles sont liés à jamais.


La photo est de Benoit Sottiaux.
Le reportage (plus objectif celui-là) est paru dans “le Pêcheur Belge”  de mai 2016
www.lepecheurbelge.be

 


 

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L’ offensive en quelques lignes

L’ offensive en quelques lignes

L’ offensive en quelques lignes

Après les combats de Normandie, le rouleau compresseur allié s’est mis en route, et son avance est foudroyante. Elle se poursuit d’ailleurs au nord et au sud du front. Au centre : l’Ardenne, où quasiment personne n’envisage même l’éventualité d’une attaque.

 

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Von Rundstedt

Le général Von Rundstedt fut chargé par Hitler de préparer le plan d’attaque. La bataille est aussi connue sous le nom d’Offensive Von Rundstedt. Photo: Deutsches Bundesarchiv

 

Pour défendre cette partie du dispositif, Middleton dispose d’un groupement de cavalerie muni d’armes légères, d’une division blindée et de quatre divisions d’infanterie. Les 99ème et 106ème ne comportent pratiquement aucun soldat aguerri ; les 28ème et 4ème sont au repos après avoir livré les violents affrontements de la forêt de Hürtgen.
De son côté, Hitler se rend compte que les armées alliées, bien que stoppées depuis septembre, vont venir à bout de ses forces.
Contre l’avis de la plupart de ses généraux, il prescrit une offensive par trois armées, sur un front de cent vingt kilomètres.
L’effort principal sera dirigé vers Anvers, et couvert par la 150ème brigade blindée S.S. commandée par Otto Skorzeny, revêtue d’uniformes américains, qui aura pour mission de désorganiser les lignes de communication ennemies.
D’autres opérations devront ensuite être lancées, au nord et au sud de la percée.
Le but recherché, outre de démoraliser des Alliés, est avant tout, en atteignant le port d’Anvers, de tarir leur approvisionnement.

 

Une contre-attaque surprend les alliés

 

Tigre royal

Le terrible “Tigre Royal” allemand, il fera des ravages dans les lignes alliées. Celui-ci est conservé dans le village de La Gleize.

 

 

Hitler rassemble alors vingt-huit divisions, pour la percée des Ardennes ; et six pour attaquer en Alsace. Le 15 décembre 1944, 350.000 combattants, 1.900 canons, 970 chars et canons d’assaut sont en place, derrière le front.
Le plan est audacieux. Il aurait pu réussir, comme en 1940. A tel point que Patton, lui-même, va douter un moment de l’issue de la guerre.
Et les préparatifs Allemands vont être si bien gardés, que la surprise va être totale pour des troupes que rien ne prépare à soutenir une contre-attaque.
Eisenhower a disposé ses unités de façon offensive, laissant la portion de front qui va supporter la contre-attaque aux mains des 80.000 hommes de Middleton soutenus par 24O chars, 190 canons auto-tractés et 390 pièces d’artillerie.
Le rapport de forces est clair, et l’on a vu ce qu’il était des troupes de ce secteur. Pourtant, beaucoup de ces ” bleus ” et ces soldats épuisés vont aller jusqu’au bout de l’héroïsme.

 

Le 16 décembre 1944, la bataille commence

 

Des SS à l'approche de Malmedy

Des SS à l’approche de Malmedy. On a longtemps cru que l’officier portant le képi pouvait être Peiper lui-même, il n’en est rien.

 

L’offensive est lancée le 16 décembre entre Monschau et Echternach.
L’assaut de l’aile droite de la VI° panzers S.S. de Dietrich est stoppé par une vigoureuse résistance américaine devant Monschau. La colonne de tête, commandée par Peiper, atteint toutefois les faubourgs de Stavelot.
L’aile gauche perce. Elle contourne Malmédy et s’empare d’un point de traversée sur l’Amblève, le 18 décembre. Elle n’ira pas plus loin.

 

Von Manteuffel

Von Manteuffel, l’aristocrate qui donnera des conférence sur la stratégie déployée après la guerre, aux Etats-Unis. Photo: Deutsches Bundesarchiv.

 

D’autres unités allemandes traversent l’Our, en direction de Bastogne.

A l’extrême sud du front, la VII° armée allemande (Brandenberger) doit progresser vers Mézières via Neufchâteau, pour protéger l’avance de Von Manteuffel.

Au sud, la V° Panzer de Von Manteuffel débute dans de bonnes conditions et perce le secteur du Schnee Eifel. Encerclés, deux régiments de la 106ème division US vont résister jusqu’à l’épuisement des munitions, avant de capituler le 19. Ce jour-là également, Saint-Vith est attaqué. Mais la 7ème division blindée US va s’y accrocher.

 

Réaction américaine

 

 

La neige et le froid sont omniprésents.

Les GI’s réagissent. La neige et le froid seront des éléments omniprésents durant toute la bataille. Photo : Archives US Gov.

 

 

Ce n’est que le 17 au matin qu’Eisenhower prend conscience de l’importance de l’offensive Allemande. Bradley ordonne alors à la 10ème division blindée de faire route vers le nord et avalise la démarche du général W.Simpson, de la IX° armée, qui avait envoyé sa 7ème division blindée vers le sud, en direction de Saint-Vith, afin de canaliser l’avance Allemande dans un couloir étroit.

 

Les chars Sherman auront fort à faire face aux terribles blindés allemands

 

Seule réserve stratégique dont disposent les alliés, le 18ème corps aéroporté (Ridgway) est engagé : les paras quittent Mourmelon en toute hâte. Initialement dirigée sur le secteur de Bastogne, la 82° airborne (All Americans) est finalement acheminée vers Werbomont ; et c’est la 101° division aéroportée (Screaming Eagles), confiée au général Mac Auliffe, qui reçoit l’ordre d’avancer sur Bastogne.

 

 

Le tournant de la bataille

 

 

Mac Auliffe

Mac Auliffe, le héros de Bastogne. Une formule très courte le rendra célèbre : “Nuts”. La place principale de la ville de Bastogne porte désormais son nom : la Place Mac Auliffe. Photo : Archives US Gov.

 

 

Les assauts des Allemands échouent, Von Manteuffel encercle la ville, puis la contourne pour reprendre sa progression. Cette défense l’oblige à distraire une part importante de ses forces de la percée vers la Meuse.
Le 22 décembre, Von Lüttwitz somme Mac Auliffe de se rendre. La réponse est entrée dans l’histoire :”Nuts”. Autrement dit : ” c’est la même chose qu’allez-vous faire foutre “, précise le colonel Harper à l’attention des émissaires.
Un détachement Allemand parvient le soir du 23 décembre à Dinant. Ces soldats seront les seuls à atteindre l’objectif. Ils y attendront des renforts et du ravitaillement qui ne viendront jamais.
Peiper, encerclé à La Gleize commence à se replier le 24 décembre en sabordant ses véhicules, eux aussi privés d’essence.
Sur le front commandé par H.Von Manteuffel, des éléments des 3ème et 7ème divisions blindées américaines s’interposent toujours, entre St Vith et Vielsalm. St Vith est enlevé par les Allemands, mais ce succès n’est pas exploité.
Le 20 décembre, Eisenhower place Montgomery à la tête des forces situées au nord.

 

Stoppés

 

L'aviation peut intervenir

Le ciel s’est dégagé, l’aviation US peut enfin ravitailler Bastogne. Photo : Archives US Gov.

 

 

Le jour de Noël, les Allemands lancent toutes leurs forces pour s’emparer de Bastogne. En pure perte. Et le 26, vers 17 heures, la 4ème division blindée US, l’une des unités de Patton, opère sa jonction avec la garnison.
Au sud, la VII° armée Allemande est contrebattue et repoussée sur sa ligne de départ. La pointe extrême de l’avance de Von Manteuffel est arrêtée à Celles. Le 26, c’est le repli. De même, l’armée de Dietrich, qui avait reçu l’ordre d’avancer vers le sud-ouest, est épuisée par les terribles combats pour Manhay.
La situation devient intenable, et les Allemands réalisent qu’il va leur falloir retirer leurs troupes, pour leur éviter l’écrasement. Mais Hitler refuse. Pire : il ordonne la reprise de l’offensive. Le 3 janvier, un assaut spectaculaire est encore lancé, en vain, contre l’obsédante garnison de Bastogne.
Le même jour, ” Monty ” engage la contre-attaque au nord. Le 9, la 3ème armée Américaine contre-attaque elle aussi, en direction d’Houffalize ; sur ce qui constitue désormais les arrières allemandes. Car le 8 janvier, Model a enfin reçu la permission de reculer.
Le 16 janvier, les 1ère et 3ème armées américaines opèrent leur jonction à Houffalize, et poursuivent les Allemands battant en retraite. La 1ère armée reprend Saint-Vith, dévastée, le 23 janvier.
Plus d’un mois après le déclenchement de l’offensive, les Allemands se retrouvent sur leur ligne de départ.

 

Un bilan terrible

 

 

Les généraux américains après la bataille.

Après la bataille, Eisenhower, Bradley et Patton à Bastogne. Photo : Archives US Gov.

 

Cette bataille, tant par les conditions climatiques que par la sauvagerie des combats, est l’une des plus terribles de celles livrées sur le front de l’Ouest.
Les Allemands y perdent environ 120 000 hommes, 600 tanks et camions, 1 600 avions et 6 000 véhicules. Les pertes Américaines sont aussi sévères: plus de 80 000 hommes ; soit environ 10 000 tués, 48 000 blessés, 23 000 prisonniers ou disparus. 733 chars et canons anti-tanks ont été perdus.
Les Allemands ont sacrifié leurs dernières réserves opérationnelles. Quelques semaines plus tard, les alliés seront au Rhin : Hitler a entraîné son peuple dans une spirale de mort, qui trouve son épilogue dans un Reich dévasté. La capitulation n’est plus qu’une question de temps.

 

Patrick Germain / 2007

 

Les photos proviennent des archives US et des archives de guerre allemandes.


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Décembre '44 | La Gleize

Des collections d’une richesse inégalée sur la Bataille des Ardennes.

V2 : une sinistre “première” à Sterpigny (Gouvy)

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V2 : une sinistre “première” à Sterpigny (Gouvy)

 

Les faits rapportés ici sont strictement exacts et se sont déroulés quelques jours avant la première libération de septembre 1944. Ils sont le résultat d’une recherche par Lambert Grailet de documents dans les archives des armées allemandes et alliées et sont basés sur les témoignages de personnes qui assistèrent sans savoir ce qui se passait à la montée des premières fusées dans notre ciel. Un an après la première information donnée par L.Grailet, l’autorité allemande et les historiens confirmaient ces faits.

 

Le liégeois Lambert Grailet est l’auteur de nombreuses publications intéressantes sur les environs de Liège mais aussi sur ceux des Tailles dont il était devenu second résident. Il se mit sur la piste de révélations inédites à l’occasion de la commémoration du cinquantenaire des événements de 1944-45 : ce fut la découverte et l’identification précise des sites de lancement mobiles des tout premiers V2 allemands.

 

 

 

 

Contrairement à la fausse impression laissée par des clichés de l’époque, la retraite en septembre 1944 des Allemands ne s’opérait pas comme un recul désordonné mais la manœuvre s’accomplissait sans précipitation. Des groupuscules protégeaient les arrières et un système équivoque fait de harcèlements sur le flanc des colonnes libératrices et de décrochages après l’ébauche d’une contre-attaque attirait à sa suite depuis la France une avance américaine trop rapide qui étirait à l’extrême ses lignes d’approvisionnement : l’intendance US ne suivait plus. C’est à ce moment que l’ordre de se déployer à contresens du mouvement de repli général de l’armée allemande  était donné à un détachement d’artillerie mobile : les fusées balistiques allaient apparaître officiellement pour la première fois ! Et ce début de l’ère spatiale aurait pour théâtre notre Ardenne, terroir si réservé que les témoins ne se manifesteront qu’après un demi-siècle d’hésitations trop prudentes alors que la libération de 1944 aurait dû être marquée par la révélation de cet événement exceptionnel.

 

De l’Allemagne vers l’Ardenne

 

v2_sur_sdkfz8Le 2 septembre, un énorme convoi quitte Euskirchen pour gagner dans le plus grand secret les abords de la Baraque de Fraiture . Dans la file des camions s’intégraient des tracteurs qui tiraient une longue et robuste remorque d’une conception remarquable, aux nombreux trains de roues couplées, les Meillerwagen. Sur ces dernières reposaient des sortes de fuselages d’avion sans aile, recouverts de bâches épaisses sous lesquelles on devinait la forme des empennages. Suivaient dans la colonne des camions-citernes chargés de véhiculer les tonnes d’agents propulseurs (oxygène liquide et alcool), les réserves de carburant nécessaire au déplacement, l’explosif dont l’ogive des fusées serait pourvue, la logistique assurée par un détachement de techniciens très compétents formés notamment sous la direction de Werner von Braun, des camion –  ateliers. Enfin, la protection du convoi était assurée par des blindés légers. Des témoins virent passer, de nuit, cet impressionnant convoi entre Stavelot et Trois-Ponts et à Grand-Halleux.

 

 

Les remorque d’une conception remarquable, les Meillerwagen

Les remorque d’une conception remarquable, les Meillerwagen.

 

 

Quel est l’objectif des V2 se Sterpigny

 

Le 6 septembre, deux Meillerwagen  portant chacune une fusée quittent leur cachette de La Baraque pour les environs de Petites-Tailles : pas besoin d’un grand mouvement de véhicules pour la mise en place et à la verticale, l’équipe est bien rôdée et a fait de nombreux essais. L’objectif visé n’est ni plus ni moins que Paris ! A 10 heures a lieu la mise à feu de la première fusée mais il ne se passe rien. Un heure plus tard, même chose avec la seconde. Les premiers essais tournent donc court en raison, semble-t-il, de l’humidité. Tout est remballé et les Allemands vont chercher un site de remplacement. Le convoi se retire partie à Aldringen et partie à Grûfflingen.

 

Décollage d'un V2

Photo d’illustration : décollage de la base de Peenemünde qui était était à la fois, entre 1936 et 1943, un centre de fabrication et un site d’essais de missiles.

 

 

Le 7 septembre, le tout est ramené dans les environs de Gouvy et le 8 à l’aube, les Meillerwagen se dirigent vers Sterpigny et déposent leur chargement dans une chemin forestier à quelques mètres de la route principale, au lieu-dit â Beûlèu et les différentes phases de préparation des fusées telles qu’elles s’étaient déroulées aux  Petites-Tailles deux jours avant débutent.

 

Décollage d'un V2

Photo d’illustration : décollage de Hollande

 

Le 8 septembre, à 8h40, un bruit terrifiant réveilla Gouvy

 

Tout à coup à 8h40, en ce vendredi 8 septembre 1944, un bruit terrifiant déchira le calme que connaît la région. D’après les témoignages, le vacarme inexplicable fut suivi d’un “coup de canon”. L’air ambiant vibrait comme si une catastrophe naturelle était en train de frapper le pays. Les témoins ( un groupe d’Allemands prenant son déjeuner dans une ferme de Halconreux et ignorant tout de ce que préparait leur propre camp juste à côté, des paysans au travail dans leur ferme et dans leurs champs, un groupe de maquisards cantonnant à 400 m, l’instituteur du village …) assistaient malgré eux à un spectacle des plus extraordinaires pour l’époque : ils furent les premiers civils dans le monde à pouvoir observer le tir d’une fusée balistique en campagne. Ils avaient fortuitement aperçu l’envol de la première des deux fusées qui avait surgi de derrière les frondaisons de la forêt. Alors que son grondement dantesque et le frémissement de l’air ambiant s’amenuisaient, elle filait de plus en plus vite avec son panache de flamme orange.

 

 

V2 en vol vers Paris

Le premier missile n’atteindra pas sa cible.

 

 

L’impact de ce premier V2 n’a jamais été retrouvé : sans doute s’est-il désintégré en altitude.

 

Alors que le bruit se répandait dans les villages voisins qu’un énorme canon allemand du type Grosse Bertha de 14-18 avait tiré sur Paris depuis le “Beûleû “, à 11 heures, la deuxième fusée était tirée, répandant la même terreur, non seulement cette fois sur le site du lancement mais, hélas, cinq minutes plus tard sur Maisons-Alfort au sud-est de Paris où six personnes étaient tuées et trente-six blessées. Cette réussite dramatique était donc une grande première mondiale.

 

 

V2 sur Londres

Dommages causés par des attaques à la roquette V2 en Grande-Bretagne, 1945. Appartements en ruine à Limehouse, East London. Photo publiée par l’Imperial War Museum.

 

Situation des sites de lancement

 

De tout ceci, on n’a rien su durant cinquante ans, jusqu’à ce que Lambert Grailet ne le révèle grâce à ses recherches. La rumeur se limitait à celle du gros canon. Il s’en était pourtant fallu de peu. Le 10 septembre, parmi les Américains libérant Houffalize se trouvait un correspondant de guerre particulier : le futur Prix Nobel de littérature 1954 Ernest Hémingway. Le lendemain, la progression américaine continuait vers Sterpigny mais à Cherain, donc à proximité du Beûleû,  Hémingway toujours à l’affût d’un scoop pour son journal, décide d’accompagner la colonne gauche qui libérera Courtil et Beho, ratant ainsi la possibilité d’annoncer au monde la première mondiale du V2. C’est ce  qui s’appelle rater la montre en or. Le hasard qui fait parfois bien les choses en avait, ce jour-là, décidé autrement.

 

Ecrit par :Robert Nizet 15-07-2008

 

Crédit(s) photographique(s): v2rocket.com
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Note :
Note de la Rédaction
Beaucoup de sites ont pour objet l’histoire des fusées / missiles V 1 et 2, sur la Toile. Trop nombreux sont ceux qui se contentent d’aborder le côté technique, faisant fi de la réalité des souffrances physiques et morales engendrées par ce qui fut, il est vrai, l’ancêtre des premières fusées spatiales. Certes le temps a-t-il passé et, paraît-il, nombre de jeunes gens savent à peine qui fut Adolf Hitler, le nazisme et sa folie meurtrière. Ce n’en est que plus grave. Il est, à notre avis, trop facile et proprement criminel de faire l’impasse – quels qu’en puissent être les motifs – sur une réalité trop souvent occultée en ce cas comme en d’autres : le sang versé par le fait de ces petites merveilles de technologie ou par tel brillant stratège ne sort jamais, lui, d’une planche à dessins. Ne l’oublions jamais !
Source :
•    PREMIERE MONDIALE POUR LE V2 SUR PARIS, Le 8 septembre 1944 à Gouvy en Ardenne belge… par Lambert Grailet, 1996

 

Maquette et proportions V2

Les proportions du V2 – Légendes des pièces : Wikipedia
1 – Charge militaire | 2 – Système gyroscopique | 3 – Guidage et radio commande | 4 – Réservoir d’éthanol | 5 – Fuselage | 6 – Réservoir d’oxygène liquide | 7 – Réservoir de peroxyde d’hydrogène | 8 – Bouteille d’azote pressurisé | 9 – Chambre de réaction du peroxyde d’hydrogène | 10 – Turbopompe | 11 – Injecteurs éthanol/oxygène | 12 – Châssis moteur | 13 – Chambre de combustion | 14 – Empennage (x4) | 15 – Tuyère | 16 – Déflecteurs de jet en graphite(x4) | 17 – Gouvernes externes (x4)


Où est Gouvy

Sterpigny

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Aire de lancement

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BONUS VIDEO | Les armes secrètes d’Hitler  | V1 et V2

Histoire des armes nouvelles développées par les Allemands durant la seconde guerre mondiale : les armes de représailles V1 (bombe volante) et V2 (fusées). Depuis le village de Peneemünde, Wernher Von Braun va marquer l’histoire en concevant la première fusée militaire. L’ère des missiles a commencé. On connait moins le coût humain de cette aventure ; pour produire les V2 en série il a été fait appel à une main d’oeuvre tirée des camps de concentration. 4 hommes seront sacrifiés pour produire une seule fusée. Ce film retrace aussi leur histoire.

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Le site de Saint-Thibaut, sur les Hauts de Marcourt

Le site de Saint-Thibaut, sur les Hauts de Marcourt

ips (bostryche) typographe

Le site de Saint-Thibaut, sur les Hauts de Marcourt

Surplombant la rive gauche de l’Ourthe, l’Ermitage Saint-Thibaut veille sur les ruines du château de Montaigu, et sur une source thérapeutique toujours réputée. La pente est raide, mais la découverte vaut bien un petit effort.

Oui, décidément, ça vaut bien un petit effort de se hisser là-haut.
Photo : Johnny Holtzheimer

C’est aux environs de l’an mil, semble-t-il, que la famille normande des de Montaigu, en charge de la vaste Prévôté des Rivières, fait établir un château sur un promontoire qui domine la vallée de l’Ourthe face au village de Marcourt.

De ce nid d’aigle imposant, aux puissantes défenses en éperon barré, les comtes de Looz puis les seigneurs de Walcourt vont verrouiller un vaste territoire qui revient aux de la Marck en 1408.

De la Marck : comment s’étonner qu’en 1413 Evrard de la Marck et son épouse, Agnès de Rochefort, refusent de prêter hommage à leur désormais suzerain, Antoine de Brabant (1) ?
Frère du duc de Bourgogne, ce dernier vient d’hériter du Duché de Luxembourg. Il compte bien faire valoir ses droits et, en matière de règlements amiables, n’a rien à envier aux de la Marck : orgueil pour orgueil, Montaigu est incendié et mis à sac. Les ruines du donjon, symbole s’il en est, se trouvent désormais sous la butte du calvaire.

Car si, après cet épisode, la Prévôté perd peu à peu son influence, le site n’est pas abandonné pour autant et le culte de saint Thibaut, à qui était dédiée la chapelle castrale, s’y développe rapidement.

Les ruines du donjon se trouvent désormais sous la butte du calvaire.
Photo : Johnny Holtzheimer

AUX SOURCES DE LA CHAPELLE

Bon, va pour saint Thibaut, comte de Champagne devenu ermite dont la Légende Dorée nous trace un portrait plutôt sympathique, tout en humilité et en austérité. Mais il n’est point nécessaire de passer par Remoiville pour voir clair et deviner, sous la bure de ce probable cousin des comtes de Montaigu, une source qui n’a pas attendu son baptême pour accomplir des miracles.

En contrebas de l’éperon jaillit en effet une eau claire et rafraîchissante à laquelle on prête des vertus thérapeutiques, particulièrement efficaces en matière de maladies des membres inférieurs. Les nombreuses petites croix qui émaillent les lieux, traditionnellement confectionnées à l’aide de matériaux rencontrés sur place, témoignent d’une confiance toujours vivace

Une eau claire et rafraîchissante à laquelle on prête des vertus thérapeutiques
Photo : Patrick Germain

Pèlerinages

Deux pèlerinages (les premiers samedis de mai et de juillet) convergent encore vers la chapelle, dont la construction fut envisagée dès le début du XVIIème siècle pour répondre à une dévotion croissante. Au final, la paternité de l’édifice reviendra à un curé de Marcourt, Charles Jamotte, qui réunit les matériaux et les fonds nécessaires à sa construction, achevée en 1639.

Consacrée en 1660, un ermitage lui a été adjoint dès 1645 dont le Frère Gabriel Lardinois fut, en 1968, le dernier occupant à ce jour. L’ensemble occupe l’emplacement d’une tour d’angle de la forteresse incendiée.

La chapelle flanquée de l’hermitage depuis 1645
Photo : Johnny Holtzheimer

Classement, vandalisme et restauration…

A l’emplacement de l’ancien donjon, outre le calvaire dont les escaliers et le pavement ovale remontent à 1608, une grotte figurant le tombeau du Christ. Logique, pour un lieu d’où de nombreux Croisés partirent vers la Terre-Sainte. Construit au XIXème siècle, celui-ci dut être restauré – vandalisme oblige – en 1984.

Un vandalisme dont le classement du site, en 1973, n’a pu entraver les manifestations sporadiques. Par bonheur, le beau travail et la présence régulière des membres de l’association « Royale asbl chapelle et ermitage Saint-Thibaut (2) » compense l’oeuvre des quelques inévitables imbéciles de passage. Et conserve toute sa magie à un site exceptionnel dont le visiteur saura goûter les saveurs dans l’état d’esprit commun aux amoureux de l’Ardenne et de ses mémoires. Des visites guidées y sont organisées.

La grotte figurant le tombeau du Christ
Photo : Johnny Holtzheimer

Le gisant à l’intérieur du “tombeau”
Photo : Patrick Germain

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Notes :

1- A partir de Wenceslas II (1361 † 1419), les ducs de Luxembourg vont donner le duché en gage à certains princes, moyennant une somme d’argent, qu’ils pouvaient rembourser pour le récupérer le duché. Ce qu’ils n’arrivèrent jamais à faire. Sous l’angle de la stricte légitimité, on ne peut donc donner tort aux de la Marck. Hommage leur soit rendu : à se soumettre à n’importe qui, on devient n’importe quoi.

2- Renseignements : Royale asbl chapelle et ermitage Saint-Thibaut
Jacques Martin, Le Douaire, 3 à 6987 MARCOURT
T. +32 (0) 84 47 73 45

Source :

  • « Communes de Belgique – Dictionnaire d’histoire et de géographie administrative » – Crédit Communal de Belgique, à la Renaissance du Livre -1980.
  • « L’ermitage de St. Thibaut – Le Site de Montaigu » au SI de Marcourt (Merci à Sophie pour sa compétence et sa gentillesse)

Texte : Patrick Germain
Photos : Johnny Holtzheimer et  Jean-Marc Evrard

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La légende d’Orval :  Mathilde, la truite et la fontaine | Florenville

La légende d’Orval : Mathilde, la truite et la fontaine | Florenville

La légende d’Orval : Mathilde, la truite et la fontaine | Florenville

Écoute, Pèlerin de toi-même, la Légende d’Orval ; du Val d’Or où tout est possible.

Or donc en ces temps-là il advint que Mathilde, veuve de Godefroid le Bossu, duc de Lorraine, s’en vint rendre visite à son parent Arnould, comte de Chiny, pour tenter d’apaiser quelque peu la douleur d’un double deuil. Nul n’échappe en effet au sort commun, et Mathilde n’était veuve que depuis peu lorsque son fils unique fut englouti par la Semois alors qu’il jouait sur son cours pris par le gel.

Ainsi le comte évoqua-t-il la présence, dans une forêt voisine, d’ermites y menant une vie angélique. Mathilde, brûlant de rencontrer ces saints hommes, se rendit au lieu-dit dès le lendemain, et fut touchée au plus profond par la rude fraternité qu’elle découvrit chez ceux-là qui avaient décidé de quitter l’agitation du siècle.

Après être demeurée quelques instants en prière dans leur robuste oratoire de chêne, elle les rejoignit auprès d’une fontaine dans l’eau de laquelle, en quête de fraîcheur, elle plongea la main. Mais voici que l’onde fait glisser de son doigt l’anneau qu’elle porte, cher souvenir de son époux disparu. On imagine sans peine la désolation de Mathilde et l’empressement de ses compagnons à retrouver l’objet. Mais en vain : celui-ci demeurait enfoui dans les graviers.

Les voici dès lors aux pieds de Notre-Dame Marie, patronne du lieu, implorant son aide avec la ferveur qu’on devine. Oraisons faites, Mathilde et les membres de la communauté s’en revinrent vers la source d’où ne tarda pas à émerger une truite tenant dans sa bouche l’anneau perdu : “Voici l’or que je cherchais „, s’écria la dame,” Heureuse la vallée qui me l’a rendu ! Aussi je souhaiterais qu’on l’appelle désormais le Val d’Or „.

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Orval aujourd’hui. Photo Daniel Pigeon

 

Texte : Patrick Germain 2008
Photos : Daniel Pigeon – www.fotopassion.be/

Note :

Les Fils de Cîteaux, ultime et affectueux lien avec l’Église de mon père, ne me tiendront pas rigueur de citer ce passage de Tillière d’ailleurs publié sous leurs auspices et rendant aux dieux tutélaires ce qui leur appartient sans doute : ” Si Godefroid le Bossu, époux de Mathilde, avait eu un enfant, pourquoi aurait-elle adopté son neveu Godefroid de Bouillon ? Cette fort belle histoire pourrait bien être un remaniement d’une vieille légende d’origine pré-chrétienne „. Que les enfants d’Épona (parfois appelée sainte Brigitte – de Kildare) soient rassurés : nulle communauté chrétienne ne pouvait mieux que les Cisterciens respecter l’esprit des lieux. Que la Paix soit avec eux et avec tous ceux qui sont en chemin vers le coeur du roncier.
Source :
•    Adaptation libre de la légende rapportée par Henriquez in N.Tillière : ” Histoire de l’abbaye d’Orval „ – Éditions d’Orval – 7° éd. 1967 –
Sur la toile :


 

Où est Orval

Orval

La fontaine Mathilde à Orvalorval_fontaine _mathilde_fotopassion

Dormir, manger, bouger en Ardenne

L’Ardenne couvre en Belgique, la province du Luxembourg, le sud et l’est de la province de Liège et le sud de la province de Namur. En France elle s’inscrit dans le département des Ardennes. Elle se prolonge au Grand-Duché de Luxembourg sur la province du nord, l’Oesling.

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Jules Bebronne, le Sorcier au Fil d’argent

Jules Bebronne, le Sorcier au Fil d’argent

Jules Bebronne, le Sorcier au Fil d’argent

Découvrant l’autre jour un fer à cheval perdu, j’y remarquai la présence d’un biseau caractéristique : le “fil d’argent”. Suivons-le, à la rencontre de Jules Bebronne, un maréchal-ferrant quelque peu sorcier.

 

pied

Une nouvelle ferrure. Le fil d’argent et la pince unique du fer antérieur, “tirée” du fer lorsque celui-ci est rouge.

Le “fil d’argent”, biseau de la partie supérieure d’un fer-à-cheval, consiste en une opération optionnelle qui permettra à l’ongle du cheval ainsi ferré de ne pas déborder en repoussant. C’est, en fait, une manière de signature. Au même titre que les pinces “tirées”, la branche demi-turque ou le relevé en bateau. Signature. Les forgerons ont toujours été un peu sorciers, dont les filiations remontent à la nuit des temps par de singuliers cheminements ne devant pas souvent grand-chose aux liens du sang. En l’occurrence, vu le lieu, je pensai : “Thirifayt – Bebronne – Noirfalize”. Car Yannick doit beaucoup à Jules, qui lui-même doit une bonne partie de son art à Félix. Félix Noirfalize.

Un nom qui ne vous dira rien, sans doute. Ni à beaucoup d’Ardennais qui, pourtant, possèdent encore un “Jalhay” dont ils se servent peu ou prou. Félix Noirfalize était jadis passé maître dans le forgeage de ce type de serpette – on dira un “firmin” ou “fiermin” – qui assura longtemps la renommée du village fagnard bien au-delà de son aire d’influence naturelle.

ITINÉRAIRE D’UNE LÉGENDE

C’est chez lui, puis à l’école de maréchalerie de Bruxelles et enfin chez Guillaume, à Vielsalm, que Jules Bebronne – né en Normandie un jour d’août 1927 – fit son apprentissage avant de devenir “le Sorcier” auquel on fera appel de tous les horizons d’Europe, pour les cas difficiles.
Notre première rencontre se produisit un matin où mars soufflait ses hâles sur Petit-Thier. Pol Guillaume venait de sortir (les légendes se recherchent) et quelques saillies flottaient encore dans l’air enfumé de la forge. Comme d’habitude, le duel avait fait l’une ou l’autre victime collatérale – messieurs bien en place, bigotes et autres “yaka” – sans pouvoir départager ses protagonistes passés maîtres dans l’art subtil de saper les piédestaux.

bebronne_3_fin_premierÀ septante-cinq ans (nous sommes en 2008), Jules était ce qu’il fut et reste : un homme debout, carré mais sans violence. Attachant. Et qui, passé quelques échanges scrutateurs, racontait comment, au gré du temps et des expériences, il avait fini par devenir une référence en matière de ferrure pour les chevaux de selle, dont le secret tient en trois mots : “patience, parole, et espace”. Les deux premiers pour comprendre le cheval, et lui faire oublier qu’on travaille sur son pied. Le dernier pour éviter les mauvais coups, tant il est vrai que seuls ceux qui “font du cheval” ignorent que : “Li mèyeu dè tchfås a touwé s’mèsse” (“Le meilleur des chevaux a tué son maître”).

LA MARQUE DU SORCIER

Techniquement ? “D’abord, une bonne parure. Un cheval mal paré sera toujours un cheval mal ferré. Pour ça comme pour le reste, il faut avoir un bon coup d’oeil et travailler avec précision, sinon, tu finis toujours par faire mal au cheval d’une manière ou d’une autre. Et je ne supporte pas qu’on fasse mal a un être vivant par bêtise, ou par négligence. C’est valable pour les maréchaux qui cochonnent leur travail, mais pas seulement : il y a pas mal de propriétaires qui te disent qu’ils aiment bien leur cheval et qui feraient mieux d’acheter une moto !” Dont acte, et parfois utile à rappeler.

bebronne_2_forgeQuant à savoir ce qui rendait les ferrures du Sorcier reconnaissables entre toutes : “Je ferrais systématiquement avec la branche demi-turque, et un relevé en bateau, très prononcé. La demi-turque, plus étroite, plus haute, et en biais vers l’intérieur, fait que les chevaux ne se blessent jamais. Et l’avant du fer relevé, en forme de proue de bateau, facilite leur déplacement. Ça correspond un peu à la point d’une chaussure, qui est aussi un peu relevée, en plus d’être souple.”
“Pour fixer, j’employais trois sortes de clous [Jésus-Christ], avec des têtes carrées et des lames plus longues et plus fines, pour ne pas blesser. Il fallait repasser les étampures, mais ça prend à peine un peu plus de temps. Quand le fer est encore chaud, il n’y a pas de problème, et à mon avis c’est nécessaire”.

Durant l’été 1947, il fait très chaud. Trop. Jules pratique son art à Jalhay, où il va être acteur et témoin d’un moment charnière de la vie rurale : la fin des roues de charrettes traditionnelles.

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Un cheval de trait dans un “travail” (un travâ en wallon), lors d’une démonstration de ferrage dans le cadre d’une fête rurale.

Sur les Hautes-Fagnes comme ailleurs, le soleil tape dur en cet été de 1947. À un point tel qu’il devient indispensable de resserrer les cerclages métalliques des roues de charrettes et autres fardiers. L’opération n’est pas exceptionnelle pour autant, elle est donc rondement menée.
Ce qui est exceptionnel, par contre, ce sont les écarts d’hygrométrie : “Quand la pluie est revenue, le bois a travaillé en sens inverse, et la plupart des roues ont fait [crameû]. Les moyeux se sont décentrés”.
Les circonstances, elles aussi, sont particulières. Car les terribles combats de l’hiver 44-45 ne sont pas loin : “Des roues toutes faites, qui ne risquaient pas de se déformer, il y en avait dans tous les coins. Il suffisait de se baisser. Tu comprends bien que les gens ne se sont pas privés de les utiliser… “

 

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Un métier bien exigeant pour le dos. Si le cheval est sage, ça va.

Mieux : à l’usage, ces roues de tous calibres et leurs pneumatiques vont s’avérer moins destructeurs pour les pâtures et les chemins. À grand renfort d’ingéniosité, ils vont peu à peu être adaptés au charroi existant, détrônant définitivement les roues traditionnelles et leurs bandages métalliques. Celle que vous possédez peut-être, Pèlerin, a donc toutes les chances d’avoir été fabriquée antérieurement à 1947.

 

VOIES DISCORDANTES

Tiens, à propos de roues de charrettes : certains chemins ruraux présentent encore un relief particulier, marqué par de profonds sillons engendrés par le passage répété du charroi de jadis. Véritables rails en creux, ceux-ci témoignent de l’écartement entre les roues et constituent “li bâne”. La voie, en français.
Autres sorciers ruraux, les charrons n’ont pas tardé à s’entendre pour leur donner des dimensions à peu près standardisées sur de vastes aires géographiques. Logique. Mais pas toujours intéressant, là où la concurrence faisait rage pour s’approprier de juteux marchés.

D’ici peu, il ne restera plus que le cercle de fer qui serrait les pièces en bois de la jante.

Jules se souvient : “Traditionnellement, les paysans de Sart et de Jalhay conduisaient le bois aux boulangeries de Verviers et de Spa. Des occasions pareilles, il n’y en avait pas beaucoup : c’était la grosse bagarre d’un village à l’autre, pour empêcher le voisin de venir se servir chez soi. Alors ils ont utilisé des [bânes] différentes, à quelques centimètres près, de manière à ce que leurs ornières rendent les chemins impraticables pour les concurrents”.
Les charrons. De sacrés bonshommes aussi, ceux-la. Ainsi, vous êtes-vous jamais demandé pourquoi toutes les boiseries étaient peintes en vert dans tel village, et en bleu dans celui d’à côté ? Une coutume moins vivace que naguère, il est vrai, mais qui a persisté çà et là avec plus ou moins de vigueur quand même on en a oublié l’origine.
La raison est purement pratique : plutôt que se lancer dans une expédition jusqu’à la ville pour acheter de quoi recouvrir la porte de grange ou les châssis de fenêtres, on se fournissait chez le charron. Celui-ci possédait un stock de peinture, et s’accommodait volontiers d’un paiement en nature. Le choix des coloris n’était pas énorme, et les goûts de l’artisan parfois discutables sans doute ; mais à cheval donné on ne regarde pas les dents, n’est-ce pas ? Et puisque personne ou presque n’agissait autrement…

 

LE FIL D’ARGENT

Il n’y a plus guère de charrons, de nos jours. Et les forges de village se sont éteintes l’une après l’autre. Tout au plus quelques “travails”, sauvegardés au titre de petit patrimoine, subsistent-ils. Mais chevaux et  “marihås” ne s’y côtoient plus de longue date, dans l’âcre odeur d’ongle brûlé, de graisses et de charbon.
Jules Bebronne est donc sans doute l’un des derniers en son genre, dont l’antre résonne encore de temps à autres aux airs de contreforges resserrant les molécules du fer pour dépanner ceux que le “tout à jeter” n’a pas encore gagnés : “Je rends service. Et quelquefois on m’amène un bel outil à rattraper – des firmins surtout – mais ça devient rare“.
Quant à savoir ce qu’il pense de la maréchalerie moderne : “Des bons, il y en a encore. Et quelques très bons. Mais il y en a beaucoup trop pour lesquels tout n’est plus qu’une question de rentabilité. Quand on voit tous les produits qui existent pour réparer les dégâts, ça veut bien dire qu’il y a de mauvais maréchaux, non ?”

bebronne_7_sourit_fin_deux Une lueur passe dans les yeux du Sorcier : le Fil, sans doute. Le Fil d’argent. Félix – Jules – Yannick, ici. D’autres, ailleurs. L’art et le savoir ont été transmis, il le sait. Et avec eux l’amour de “la belle ouvrage”, qui sublime le travail. Une note s’est ajoutée au chant des marteaux sur l’enclume, Jules. La vôtre. Et, le regard dans le foyer, il me prend à penser que c’est sans doute tout ce qui compte: ajouter sa note, la plus pure possible. Mais ça aussi, vous le savez.

Ecrit par :Patrick Germain 28-01-2008


 

Dormir, manger, bouger en Ardenne

L’Ardenne couvre en Belgique, la province du Luxembourg, le sud et l’est de la province de Liège et le sud de la province de Namur. En France elle s’inscrit dans le département des Ardennes. Elle se prolonge au Grand-Duché de Luxembourg sur la province du nord, l’Oesling.

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Chapelle de Farnières, la légende

Chapelle de Farnières, la légende

Chapelle de Farnières, la légende

Le temps n’a pas conservé le nom de ce comte qui, chassant sur ses terres de Farnières “ en ces temps-là „, fut informé par un manant de la découverte de la statuette d’une Vierge Noire au pied d’un chêne majestueux. Un lieu bien insolite pour un tel objet, sans doute, mais pas au point d’ébranler le seigneur qui décida de l’abriter dans la chapelle de son château.

L’affaire aurait pu en rester là : après tout, en ces temps troublés où la plupart des châtelains n’étaient guère que des rapaces, l’apparition pouvait avoir mille raisons tout-à-fait pragmatiques.

Ce qui l’était moins, par contre, c’était l’obstination de cette Vierge Noire à disparaître mystérieusement de la chapelle castrale pour rejoindre son chêne, là-haut. Un signe, à n’en point douter. Après avoir reçu l’aval de son chapelain, le comte décida donc de faire construire un bel oratoire pour abriter la Vierge là où elle avait manifestement décidé d’élire domicile.

L’endroit bientôt devint célèbre et le seigneur ne manquait pas de rendre de fréquentes visites à la chapelle lorsque, le soir venu, les lieux retrouvaient leur quiétude : l’homme, quoi que jeune encore à ce qu’on dit, était d’un naturel farouche.
Mais la vie fait parfois de curieux détours.
Ainsi le comte se piqua-t-il un jour de découvrir le monde et d’y faire sa vie loin de ces terres dont la sauvagerie lui était devenue insupportable. Il advint donc ce qu’il advient généralement en pareil cas : ruiné par les miroirs aux alouettes, il s’en revint quatre ans plus tard vers le domaine qu’il trouva, en dépit des efforts de son avoué pour juguler l’hémorragie, dans un triste état.
Pas guéri pour un sou, le seigneur rêvait pourtant de repartir vers ces lieux ou tout était facile, parmi les ors et les draperies. Cette fois, pour sur, il trouverait d’autres amis, fiables et tout prêts à lui offrir la place qu’il estimait lui revenir.

Mais les fonds n’arrivaient que trop lentement à son goût aussi un jour, tandis qu’il chevauchait, se prit-il à souhaiter la rencontre avec le diable en personne auquel, moyennant vingt ans de bonheur, il vendrait volontiers son âme. Après tout, cette Vierge Noire aux pieds de laquelle il s’en était retourné prier quelque temps ne semblait guère pressée d’intercéder pour lui, alors…
Alors toute âme bien née sait qu’il est périlleux d’évoquer Satan ! Les oreilles du Prince des Ténèbres sont partout. Et elles traînaient ce matin-là.

An engraved vintage Bible illustration drawing of Satan the devil, from an antique book dated 1836 that is no longer in copyrightQuelques jours plus tard, alors qu’il arrivait près d’un arbre creux, un cavalier dont l’identité ne faisait aucun doute lui mit en mains le plus redoutable des marchés : “Vingt ans de bonheur, c’est bien ce que tu veux ? De ce bonheur qui ne se peut sans menue monnaie ? Vois ce pacte : en échange de tout l’or que peut contenir cet arbre mort tu me rejoindras ici dans vingt ans jour pour jour. J’y prendrai livraison de ton âme et de celles, pour le cas ou tu trouverais femme et aurais descendance, de tous les tiens. Signe ! „

Après tout, après quelques déconvenues, le comte s’était bien promis de rester garçon. Et il signa.

Et son domaine s’agrandit, au point de faire des envieux parmi les seigneurs d’alentours. Et il vit le monde, et le monde l’accueillit cette fois avec tous les égards. Tout était faste et s’il subsistait quelques bonnes personnes pour supposer que tout ce bien-être soudain était du à l’intercession de la Vierge Noire, nombre d’autres pressentaient la triste réalité.
Ce qui, paradoxalement, ne l’empêcha pas de rencontrer puis d’épouser une noble demoiselle au pays de Lesse dont on savait à la fois la grande beauté et la grande piété. Laquelle lui donna bientôt un fils. Fallait-il qu’il ait tout oublié ? Qu’il soit devenu fou ? L’amour tient un peu de tout ça, et de tant d’autres choses. Car c’était bien lui qui avait frappé à la porte de ce coeur que tous croyaient ruiné. Et il lui avait ouvert.

Mais vingt ans passent vite et, à mesure que la date fatidique s’annonçait, on vit le comte délaisser fêtes et tournois pour ne plus s’intéresser qu’à sa famille, rongé d’avoir condamné deux innocents à la damnation pour satisfaire ses désirs orgueilleux. Jamais sans doute ne leur fut-il plus attentif. Jamais sans doute ne fut-il aussi malheureux.

Vint le jour fatidique, où tout allait être consommé : nul ne peut échapper au diable quand il a fait affaire avec lui. Prétextant la douceur du soir et l’envie d’aller chevaucher un peu en famille, le comte décida son épouse et son fils à l’accompagner. Ce qu’ils firent d’autant plus volontiers que la chose n’était pas exceptionnelle et que le comte feignait une humeur enjouée.

Le chemin vers l’arbre creux passait non loin de la chapelle de Farnières, où il laissa son épouse et leur enfant se recueillir tandis qu’il les attendrait à l’endroit dit : quelques prières ne pouvaient nuire à ces deux innocents, tandis que lui n’en attendait plus rien.

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La statuette de tous les malheurs

Pourtant…

Pourtant, à l’heure précise à laquelle la folie du comte aurait du trouver son sinistre aboutissement, la forêt résonna d’un cri horrible qui fit trembler arbres et rochers : fou de rage et de terreur, Satan fixa une dernière fois un point par-dessus l’épaule du comte avant de disparaître tandis que la parchemin maudit se consumait au pied de l’arbre mort.
Se retournant, il s’aperçut que celle vers laquelle il n’avait osé se retourner lorsqu’elle était arrivée quelques minutes plus tôt n’était pas sa femme, mais la Vierge Noire qui, à présent, lui parlait : “ Sire, je n’ai jamais oublié ce que vous avez fait à mon intention dans votre pieuse jeunesse. Et même si je vous ai refusé une richesse dont la seule fin était de satisfaire votre vanité, j’ai placé sur votre route une de mes fidèles servantes : c’est elle qui vous a sauvé, en ouvrant votre coeur au repentir et aux saintes affections de la famille. Et c’est ainsi que j’ai obtenu de venir vous délivrer en ce lieu en attendant d’obtenir votre grâce entière là-haut „.

Puis la vision s’évanouit, et le seigneur retrouva sa femme en oraison à la chapelle tandis que son fils dormait paisiblement sur une marche de l’autel.

Dès cet instant, un tout autre bonheur s’empara du comte et une harmonie sans tapage se mit à régner sur sa famille et le domaine. Faut-il préciser que le seigneur ne laissa plus un jour passer sans venir rendre hommage à la Vierge qui l’avait sauvé, lui et toute sa famille des griffes de Satan ?
“ Il vécut de longues années, entouré d’une progéniture nombreuse, formée à marcher droit et ferme dans le sentier du devoir et de l’honneur „, conclut le rapporteur de cette histoire pleine d’enseignements.

Allons, il se fait tard : bien à vous, Pèlerins. Et gardez-vous d’acquérir jamais les vanités de ce monde au prix de votre âme, ainsi que ça ne se pratique que trop de nos jours. Cette manière d’orgueil se paie tôt ou tard, et la Vierge Noire n’est pas toujours au rendez-vous.

Mais tout ça ne sont que des légendes, n’est-ce pas ? Sans doute, sans doute…


Ecrit par :Patrick Germain 20-06-2008
Source :
•    Version écrite sur base de la légende locale et de lla version donnée par Marcellin La Garde (“Le Val de la Salm” – edition 1938)
Sur la toile :


 

Où est Farnières

Farnières

Farnières.
La Chapelle
Beho : les couleurs du choeur | Gouvy

Beho : les couleurs du choeur | Gouvy

Beho : les couleurs du choeur | Gouvy

La Chronique rapporte que le cheval de Herman II, comte de Salm retour des croisades et bellement pourvu en reliques, refusa obstinément de laisser le village de Beho derrière lui.  Venant d’une destrier rôdé en Palestine, pareil caprice ne pouvait être naturel. Le bagage sacré n’irait donc  pas plus loin : Herman décida d’ériger une chapelle pour y exposer lesdites reliques à la vénération, donnant naissance à la première église de Beho.

Plusieurs siècles durant, le reliquaire va attirer les pèlerins, les trois premiers jours de mai, Durant ces journées solennelles, le desservant  exhibe les reliques une par une depuis la bretèche à loggia qui s’avance toujours à la proue de l’édifice.

Supporté par de bien grimaçantes consoles en mascaron, cet ensemble original est  accolé à une imposante tour carrée dont l’origine remonterait au XI ème siècle, et dont la flèche – bien que redressée lors de la restauration de 1949 – a conservé une inclinaison destinée à mieux résister aux vents violents de S – S-O.

 

 

RELIQUAIRE

 

La première reconstruction de la nef remonte à 1712. Quelques années plus tard, des vandales s’emparent du reliquaire, qu’ils abandonnent dans la campagne voisine après l’avoir saccagé. En foi de quoi les autorités ecclésiastiques ne permirent plus l’ostentation de reliques dont on ne savait plus trop bien à qui, ou à quoi, elles correspondaient.

En 1865, toutefois, le curé obtint l’autorisation d’exposer à nouveau trois d’entre elles : une parcelle de la Sainte Croix, une relique de saint Pierre et une de saint Laurent.

Restaurées pour le dernière fois en 1924 par les Soeurs Victimes de Bommel, elles sont toujours visibles au travers des vingt oculus de la châsse due à Scholtus.

Omniprésent dans les églises et châteaux d’Ardenne à l’époque, le Maître bastognard livre ici, dans son style si particulier où le moindre centimètre d’espace se doit d’être comblé, un mobilier homogène sculpté en bois de chêne de 1713 à 1724.

 

 

LES FEUX DU DESTIN

 

À l’écart des grands axes, cet étonnant condensé de patrimoine ardennais n’échappe pas pour autant aux aléas de l’Histoire et du destin. Deux guerres mondiales, et le feu, ont passé par là.

Ainsi, lors de l’offensive de l’hiver 44 – 45, l’église subit-elle d’importants dégâts, à l’instar de l’ensemble du village. Restaurée en 1949, elle n’est pas quitte pour autant. Le pire, même, reste à venir.

 

 

Car durant la nuit du 14 au 15 février 1954, le curé est réveillé par la sonnerie des heures, au clocher. Six coups. Puis la demie. Puis sept. Or la montre du prêtre indique 4 heures 20 ! Pensant à une panne du système électrique, il décide d’aller couper le courant : on verra bien ensuite.

La suite, en fait, s’avère dramatique. Car c’est un incendie, qui a déréglé le mouvement d’horlogerie. Les villageois luttent contre le feu avec les moyens du bord, en attendant les pompiers de Vielsalm. Lorsque ceux-ci arrivent sur place, le sinistre est pratiquement maîtrisé, découvrant d’impressionnants dégâts. Le maître-autel de Scholtus, entre autres, a particulièrement souffert.

 

 

UNE EXPLOSION DE COULEURS

Il sera restauré. Toute l’église le sera. Le 15 janvier 1955, les adjudicataires se mettent à l’ouvrage. Tandis que deux sociétés grand-ducales effectuent les travaux de sculpture dans l’esprit de Scholtus, l’entrepreneur local Peters attaque le gros oeuvre.

Et Félix Dederichs, sous la direction du coloriste Londot, entreprend de réaliser la polychromie projetée par celui-ci avec l’aval de la Commission des monuments et des sites. Car les travaux de restauration ont révélé la présence de plusieurs couches de couleurs, lors du décapage du mobilier.

 

 

 

Le résultat est celui que l’on découvre aujourd’hui, en pénétrant dans le sanctuaire auquel il donne un cachet incomparable. Car si la polychromie n’est pas exceptionnelle dans nos régions, Londot, en l’occurrence, n’a pas cherché à « faire ancien ». En choisissant de laisser le temps poser sa patine sur des couleurs vives, il a contribué à faire de la petite église de village une oeuvre d’art vivante dont la renommée dépasse le cadre régional.

Le reste est affaire de goûts… et de couleurs… lesquels, c’est bien connu, ne se discutent pas. Reste que, fut-ce par simple curiosité, le déplacement vaut son pesant d’Indulgences.

 

Ecrit par :Patrick Germain /2008

Photos : P.Y. Sougne – Morgane Pairoux 2016

 

Où est Beho

Beho

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Vielsalm




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Au cours du XIXème siècle, des milliers de tertres jalonnaient les rives des maints ruisseaux de la haute Amblève, sans que personne ne puisse expliquer clairement leur origine mystérieuse. En 1841, le savant curé de Daleiden M. Bormann suggérait l’idée que tous ces chapelets de monticules représentaient les ruines d’une ligne défensive contre les invasions. Vingt-cinq ans plus tard, le médecin-historien Dr A. Hecking y voyait plutôt l’image d’une nécropole antique qui s’étendait, le long des cours d’eau, de Waimes à St-Vith. Enfin en 1880, le Dr. Q. Esser, inspecteur de l’enseignement au canton de Malmédy, mais aussi toponymiste-archéologue de renom, posait un premier jalon véridique.

 

 

Sur les lieux, sa trouvaille d’un fer à cheval exigu, d’époque celtique, autorisait le rapprochement avec les innombrables tas de déblais: les Celtes étaient les auteurs vraisemblables de l’orpaillage colossal du bassin de la haute Amblève, car les tertres s’avéraient être des Haldes! Les révélations savantes, même étonnantes, avaient alors une portée qui se limitait aux érudits de la région. Quant aux gens du cru, ces monticules qu’ils dénommaient «Hugelchen» s’intégraient à ce point dans le paysage, depuis la nuit des temps, qu’ils ne se posaient guère de questions sur leur origine. Alors que le Dr. Q Esser s’évertuait en vain à convaincre ses concitoyens, un prospecteur nommé Julius Jung, de passage à Montenau, avait discerné depuis 1875 la nature de ces tertres insolites, amassés le long des berges de l’Amblève et de ses vifs tributaires qui devaient en contrebas du Wolfsbusch. Gardant le secret de sa découverte à son profit personnel, «l’homme du terrain» n’avait eu qu’à se servir de sa batée pour prouver prosaïquement qu’il y avait de l’or en Ardenne-Eifel…

Julius Jung réapparaîtra à Montenau vingt ans plus tard, en 1895. Il était alors épaulé par son fils Friedrich, avec qui il déclenchera une «mini-ruée vers l’or» qui s’éteindra vers 1910. L’ensemble des contrées surnommées Wallonie malmédienne, Hoes Venn et Zwischen Venn und Schneifel garde le souvenir de cette saga eifeloise qui défraya la chronique locale en son temps, car elle avait éveillé la curiosité populaire, des recherches d’historiens du pays, des avis d’ingénieurs-géologues pour lesquels le sous-sol «métamorphique» de la région de Vielsalm, alors frontalière, semblait avoir livré tous ses secrets… mais encore l’étonnement des naturalistes qui comprenaient enfin la réelle signification de ces élévations artificielles le long des cours d’eau.

 

 

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F.Jung, M.Hertkamp et J. Paquay

Au début de notre XXème siècle

Sur la lancée des articles de presse et des avis scientifiques qu’avaient provoqués les déclarations spéculatives des Jung («Le filon d’or venant des environs de St-Vith se prolongerait au-delà de Poteau en territoire belge»!), le vénérable abbé Joseph Bastin présentait en 1911, au Congrès archéologique de Malines, un mémoire intitulé Anciennes mines d’or dans l’Ardenne septentrionale qui apparaîtra comme un raisonnement historique d’exception. En vingt courtes pages et sans possibilité de recourir à l’histoire restée muette pendant vingt siècles, ce document ne cessera d’étonner par sa prémonition insigne. «Des millions de tonnes de gravier ont changé la face de nos vallées sur une étendue de cent cinquante kilomètres carrés, sans attirer l’attention des historiens… Je crois pouvoir les reporter hardiment aux temps les plus reculés et les attribuer aux Gallo-Belges, aux Celtes. Cette hypothèse, certes osée, se vérifiera en 1979-80 grâce aux mesures de la radioactivité résiduelle relevées sur des tertres conservés dans nos réserves naturelles. Et comme s’il pressentait leur destruction progressive, inhérente au genre de vie dit moderne, l’abbé Bastin terminera sa construction historique par: «Les monticules eux-mêmes acquièrent l’importance de monuments archéologiques et méritent le respect à l’égal des tumulus de l’antiquité». Un raisonnement dont personne ne mésestimerait la sagesse, à l’aube du troisième millénaire!

Au fil du temps

Dès les années qui précédèrent la Guerre 1914-1918, des publications savantes vérifièrent peu à peu les vues prémonitoires de l’abbé-académicien. Les collections de haldes se limitaient pas à la haute Amblève, mais se rencontraient entre Faymonville et la Baraque de Fraiture. Si l’on pointe sur une carte de l’Ardenne septentrionale les sites, haldes et trouvailles d’or mentionnés depuis le début du siècle, on remarque combien l’ensemble de trois zones aurifères affecte la forme d’une bande étroite qui s’étend du nord-est au sud-ouest. Des environs du lac de Butgenbach, elle passe par la Warchenne, la haute Amblève et la haute Salm, pour se prolonger jusqu’à la Réserve naturelle domaniale du plateau des Tailles. L’exploitation globale de cette «étendue de cent cinquante kilomètres carrés» fut sans doute l’œuvre d’une colonie celtique dite «orientale», dont les vestiges (places fortes, tombelles, meules d’arkose), datés au Carbone-14, montrèrent que cette zone d’habitat était contemporaine des exploitations aurifères proches. Cette occupation remonte à l‘époque de La Tène. La situation d’une autre colonie celtique dite «occidentale» (Neufchâteau) autorise un rapprochement semblable: zone d’habitat et haldes avoisinantes.

 

 

 

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J.Paquay à la batée dans les années ‘30

Après la disparition des Celtes

L’Arduenna antiqua, prise dans son sens le plus large, connut le partage entre les Gallo-Belges. Ces derniers formaient l’arrière-garde de la nation gauloise, attardée en Germanie et qui achevait le vaste mouvement humain parti d’au-delà du Rhin. Trois tribus dominantes se réservèrent des parts du territoire ardennais où existaient les ressources métallifères. Les Trévires, Nerviens et Eburons réexploitèrent les aurières, d’autant qu’ils détenaient le privilège de battre monnaie, en l’occurrence des statères d’or frappés de leurs marques distinctives. En effet, la présence des haldes ne se limite pas à la zone qui joint les sommets ardennais et qui correspond à la frontière sud de l’antique Eburonie. Des tertres d’orpaillage existent en haute Lomme et à Suxy au sud de Neufchâteau en ex-territoire trévire, mais naguère aussi aux confins ouest de la Nervie, le long de l’Oise et de la Wartoise. Dès lors, comment expliquer ces diverses venues d’or en certains endroits précis du massif ardennais, si ce n’est par la géologie.

 

 

 

Le “long town” est soigneusement ratissé de ses pierres de petit calibre

Le “long town” est soigneusement ratissé de ses pierres de petit calibre

 

 

Le samedi 28 août 1920, la grande salle de l’hôtel ZU Hohen Venn à Sourbrodt accueillait une session plénière de la Société belge de géologie. Les congressistes y débattraient de l’hypothèse avancée par le grand physiologiste Léon Frédéricq qui, naturaliste et «défenseur de la Fagne», considérait le plateau humide et froid de la Baraque Michel comme le reliquat d’un glacier quaternaire. Ce programme, auquel assisteraient d’éminents représentants de diverses disciplines scientifiques, prévoyait aussi la démonstration pratique de l’existence de «l’or dans les alluvions de la Haute Belgique». Cette mission avait été confiée à l’ingénieur-géologue H. Rauw, assistant du professeur Maximin Lohest à la Faculté des Sciences (U.L.G). Le soir, à 20 hrs, en ouvrant les débats à Sourbrodt, ce dernier pouvait proclamer combien l’or de l’Ardenne était devenu une réalité aux yeux de ceux qui avaient suivi l’orpaillage, l’après-midi sur les rives de la Warchenne à Faymonville.

Les recherches de H. de Rauw avaient débuté en 1908

A la veille de la Grande Guerre déjà, il disposait d’une quantité d’or natif recueillie dans une zone qui se situe, géologiquement parlant, en bordure sud du massif cambrien de Stavelot, c’est-à-dire à la rencontre de celui-ci avec son pourtour gedinnien. En termes géographiques, on dirait donc «entre Faymonville et les Tailles». Ce chercheur d’or enthousiaste poursuivra ses recherches, afin de déterminer si le métal jaune ardennais provient du Cambrien ou du Gedinnien… Sur la voie tracée, s’ensuivra une longue série d’études qui, de 1921 à ces dernières années, ne feront état que de maigres trouvailles de paillettes. D’autres géologues s’efforceront de répondre à la question qui reste toujours pendante à l’approche du XXIème siècle: Les filons de quartz qui sillonnent le sous-sol de l’Ardenne sont-ils aurifères? Mais la pénurie chronique des subsides officiels décourage rapidement la poursuite de toute recherche faite «à compte d’auteur». Les chercheurs les plus décidés orientèrent finalement leur carrière vers des perspectives plus lucratives, en Afrique par exemple…

Ecrit par :Lambert Grailet 27-10-2001


 

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Ces dernières années, des mémoires universitaires ont pourtant fourni des descriptions élaborées des sites aurifères de la haute Amblève et de la haute Lomme, au point d’apporter un éclairage nouveau sur les techniques utilisées par les Anciens. Elles donnent à penser que de réels filons peuvent avoir été exploités, aux temps protohistoriques… Des datations au C.14, les résultats des analyses palynologiques, les découvertes récentes de trésors enfouis à la hâte, permettent d’imaginer que les Romains ne profitèrent pas de l’or exploité par les Gallo-Belges ardennais… Après la lecture de l’histoire passionnante qu’a publiée Lambert GRAILET (en 1998), des réflexions viennent à l’esprit. Nos ancêtres auraient-ils remué des millions de tonnes d’alluvions pendant des siècles, pour n’obtenir que des paillettes? La nature aurifère de l’Ardenne est un fait plus réel que mythique.

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Le rail ardennais roule à Érezée

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Le développement des lignes du chemin de fer vicinal constitua jadis une véritable révolution en Ardenne, où il contribua au désenclavement de nombreuses régions. Détrôné par la route, il a surtout laissé des traces toponymiques et, à l’occasion, de précieuses assiettes récupérées par le tourisme lent. Mais à Erezée, il roule ! En voiture, pour la vallée de l’Aisne et le “Musée vivant du tram vicinal ardennais”.

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Enigme : d’étranges croix, à Burtonville.

Enigme : d’étranges croix, à Burtonville.

Enigme : d’étranges croix, à Burtonville.

Lors des travaux d’aménagements de la zone industrielle de Burtonville, deux épaisses dalles d’arkose sont (re)découvertes. À leur surface, en bas-relief, de bien singuliers symboles cruciformes. Une idée sur ce qui demeure une énigme, pèlerin ?

 

Le bonjour vous va, pèlerin des vastes inespaces ! Au cas – improbable – ou notre introduction ne serait pas assez explicite, laissez-moi donc vous présenter ce qui va devenir une rubrique récurrente de Médiardenne.
Or donc, et si vous en doutiez encore, un fait est certain : il n’est pas nécessaire d’aller prendre l’air du côté de Stonehenge ou de Gizeh pour rencontrer les mystères de l’Histoire. L’Ardenne, en l’occurrence, est loin d’avoir livré les clefs de ses nombreux secrets. Certains dorment sous la terre, en attente de qui les exhumera. D’autres par contre, répertoriés ou non, plus ou moins exposés, soumettent leurs énigmes à qui les veut percer. À qui, surtout, les peut percer. Vous, qui sait ? Tenez, ces dalles, par exemple.

Toutes deux proviennent du site de l’actuel parc industriel de Vielsalm, dans les environs du lieu dit “Beaufays”. L’une d’entre elles semble bien correspondre à la description que fait Gaston Remacle dans “Vielsalm et ses environs”.
Je cite : « (…) deux dalles comportant une croix taillée en relief. À considérer leur aspect, on juge qu’elles ne peuvent avoir été travaillées qu’en vue de servir de pierres tombales ; ce ne peut être qu’à une époque antérieure à l’utilisation des dalles de schiste ardoisier, celui-ci étant de travail plus facile que l’arkose ».

Ah, l’arkose ! Une – très – vieille histoire, en ce terroir. En témoignent, par exemple, les meules ovoïdes dont le même Gaston Remacle écrit : « (…) il semble bien [que] (…) leur fabrication sur une grande échelle – manifestation d’une population déjà importante – ne puisse se situer avant la période celtique ».

 

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Les Celtes… décidément ! Et, sans doute, d’autres peuplements avant eux. Ce qui nous conduit tout naturellement à poser un regard particulier sur ces “croix”. On sait, en effet, que les symboles cruciformes ne sont pas l’apanage des chrétiens. Et que leurs représentations ne datent pas d’hier, tant s’en faut. On sait aussi que lesdits chrétiens – déférence gardée pour leur foi et pour les plus tolérants d’entre eux – ne furent pas toujours tendres envers ce qui sentait peu ou prou le soufre : au mieux, ils le christianisaient. Ainsi, en y regardant de plus près, la branche supérieure de celle-ci…

 

 

 

 

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… on remarque que le relief est un peu moins saillant.

L’artisan de l’époque ( ?) aurait-il “oublié” ce “détail”, qu’il aurait rajouté par la suite au “T”  originel ? A-t-il, autre hypothèse, voulu laisser un signe ? Ou sommes-nous en présence d’une “double hache” christianisée ?

 

Un avis – éclairé – sur la question ? Simple comme le formulaire des commentaires ci-dessous : à vous lire, pèlerin !

Écrit par : Patrick Germain /2007


 

Où est Burtonville ?

Burtonville

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Les pierres taillées de Burtonville

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Vielsalm




Lierneux


La croix Schmitz (Chmits), dans le Grand-Bois de Vielsalm

La croix Schmitz (Chmits), dans le Grand-Bois de Vielsalm

La croix Schmitz (Chmits), dans le Grand-Bois de Vielsalm

L’Ardenne est parsemée de croix. Votives ou commémoratives, elles font partie d’un petit patrimoine qui, indépendamment des convictions, vaut d’être protégé. Histoire de la croix Chmits, dans le Grand-Bois de Vielsalm.

Le 8 juillet 1843, à l’endroit où est érigée la croix commémorative* qui porte son nom, est découvert le corps ensanglanté du brigadier des douanes Chmits (avec un “C” et un « s » : les cartes ne sont pas à une approximation près…). À côté de l’infortuné, son fusil de service.

Les circonstances restent d’autant plus floues que le temps a passé. Accident ? Suicide ? Ou crime, maquillé en accident ?

L’ancienne frontière avec la Prusse se trouve à un jet de pierre : la fraude était alors une activité fort répandue. Les enjeux ne se limitaient pas à quelques paquets de tabac, et la lutte était rude, entre fraudeurs et douaniers. Au point de se terminer parfois tragiquement.

L’Histoire, dans ses zones d’ombre, voisine souvent avec l’imagination : à vous de jouer. Mais sachez qu’un certain Marcellin La Garde vous a précédé, dans son recueil : « Le Val de la Salm ». C’est en effet précisément dans les environs qu’il a situé la saga du « Fraudeur de Tinseubois »

Écrit par : Patrick Germain /2007

Note :

*En l’occurrence, on parlera ici d’une “Croix d’Occis” dans la mesure où elle commémore un fait dont la nature criminelle peut être au moins soupçonnée

Source :

  • Remerciements à MM Legros, Noël et Nizet

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La croix en schiste, fixée solidement au monument, en schiste lui-aussi.


 

Où est la croix, près de Tinseubois

La croix Schmitz

La croix en schiste.

La croix Schmitz

La chapelle de Tinseubois

Le crochet vers la chapelle de Tinseubois vaut le détour.

La chapelle de Tinseubois

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Vielsalm




Lierneux


Le Königstiger de La Gleize

Le Königstiger de La Gleize

Le Königstiger de La Gleize

Abandonné par son équipage le 22 décembre 1944, le Tigre II “Royal” de La Gleize aurait fini dans une aciérie si une habitante du lieu ne l’avait troqué aux GI’s, dans un marché plutôt cocasse. Bien joué : il ne reste désormais que six exemplaires du Königstiger visibles de par le monde.

 

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Le Panzerkampfwagen VI Königstiger est sans conteste le plus puissant char d’assaut allemand de la Seconde Guerre mondiale produit en série. Certains affirment tout simplement que c’est le meilleur char lourd de ce conflit, en dépit de faiblesses certaines. À titre indicatif, le canon du Königstiger perforait entre 132 et 153 mm de blindage incliné à 30° à 2000 m de distance.

Le 16 décembre 1944, quinze des 45 chars Tiger II prévus au tableau organique du 501ème Schwere Panzer Abteilung (bataillon de chars lourds) de von Westernhagen se mettent en branle. En support du Kampfgruppe (groupe de combat) de l’Obestrurmbannführer (lieutenant-colonel) Joachim Peiper, fine fleur de la 1ère SS Panzerdivision “Leibstandarte SS Adolf Hitler”, ils vont constituer l’un des fers de lance de l’offensive allemande.

 

 

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Toutefois, en détruisant les ponts dont il avait besoin, le Génie US parvient à obliger le Kampfgruppe Peiper à s’engager dans la vallée de l’Amblève où, faute d’essence et d’approvisionnement, son avance est arrêtée à Stoumont. Retranché “en hérisson” à La Gleize, après deux jours de combats violents Peiper est sur le point d’être complètement encerclé : il bat alors en retraite, à pied, abandonnant entre autres 135 véhicules blindés sur place. Des 5.000 hommes du départ, seuls 800 parviendront à rejoindre les lignes allemandes.


Peiper. Condamné à mort en 1946 par le tribunal américain de Dachau pour les crimes commis durant l’offensive, sa peine est commuée en emprisonnement. Libéré, il se retire en France où il trouvera la mort dans l’incendie criminel de sa maison.


 

 

 

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L’épaisseur de son blindage le rendait indestructible… à condition de trouver de l’essence.

 

Abandonné par son équipage aux abords de la place de La Gleize le 22 décembre, suite à un tir US ayant détruit son canon, le Königstiger du Sturmbannführer (commandant) Dollinger fut sabordé durant la nuit du 25 avant de servir de cible d’entraînement aux soldats américains, qui tentèrent en vain de percer au bazooka le blindage de sa plaque avant de tourelle.

 

La Gleize-musée

Le Panzer, passe enfin des jours pacifiques sur l’esplanade devant le musée 44, créé grâce à l’énergie de Gérard Grégoire et Philippe Gillain… Et une bouteille de cognac en ce qui concerne la présence du”Panzer”.

 

Plus tard, tracté par les équipes de nettoyage US en vue d’être envoyé à la mitraille, il est “intercepté” juste à temps, et en échange d’une bouteille de cognac, par Madame Jenny Gennen-Dewez. Dans les années 70, sous l’impulsion de Gérard Grégoire, une lente et minutieuse restauration rendra au “213” son aspect d’origine.

REVUE DE DETAIL

Panzerkampfwagen VI Tiger II Ausf. B Königstiger

Fabrication

Porsche, et Henschel
Période de production : de janvier 1944 à mars 1945
Quantité produite : 487
Caractéristiques générales
Équipage : 5
Longueur : 10,28 m (caisse 7,62)
Largeur : 3,65 m (3,75 avec les chenilles de combat)
Hauteur : 3,09 m
Masse au combat : 70 tonnes
Blindage : 40 à 180 mm

Armements

deux modèles de tourelle (Porsche, puis Krupp à partir du n° 51)
canon de 88 mm – 86 obus
deux (ou trois) mitrailleuses MG 42
Le Tigre de La Gleize est un Henschel équipé d’une tourelle Krupp
à canon de 88mm pouvant tirer 86 coups
et 2 mitrailleuses MG 34 de 7,92 mm – 5850 coups

Mobilité

Moteur V12 Maybach HL 230 P30
Puissance 700 cv (kW) à 3.000 tours/min.
Puissance massique 10 cv/tonne (très faible)
Carburant : essence
Capacité totale des (7) réservoirs : 860 litres
Consommation moyenne : 680 l/100 km
Vitesse sur route : 41 km/h (17 en tout terrain)
Autonomie : 110 km (80 en tout terrain)


 

Galerie


 

Où est La Gleize

La Gleize

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Le “Tigre Royal” et le musée Décembre ’44

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La chapelle de Bon Secours, au hameau Fischbach

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La chapelle de Bon Secours, au hameau Fischbach

La chapelle de Bon Secours, au hameau Fischbach

C’est au chevalier Henri-Toussaint Fischbach que l’on doit l’érection de la chapelle qui porte son nom, à un jet de pierre de la Baraque Michel. Un édicule dont la vocation, à l’origine, ne devait pas se limiter à accomplir un voeu et à guider les égarés.

 

Consacré au culte le 14 juillet 1831, l'oratoire fagnard matérialise le voeu de M Rondchêne, un notable malmédien par ailleurs beau-père de Fischbach.
Consacré au culte le 14 juillet 1831, l’oratoire fagnard matérialise le voeu de M Rondchêne, un notable malmédien par ailleurs beau-père de Fischbach.

La Chronique rapporte en effet que Rondchêne, égaré en Fagne une dizaine d’années plus tôt, fut sauvé de justesse par les aboiements du chien de la Baraque Michel et recueilli par ses habitants après avoir invoqué Notre-Dame. Il mourut un peu plus tard, trop tôt pour lancer la construction d’une chapelle votive. Son gendre, homme pieux, prit la relève.

Le hameau de Fischbach

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Pieux, sans doute, mais point seulement. Car Henri-Toussaint Fischbach, Chevalier de l’Aigle Rouge, industriel malmédien originaire de Stavelot et homme “bien en Cour” avait une petite idée derrière la tête.

En fait, il avait conçu le dessein de faire défricher les fagnes aux environs de la Baraque Michel, et d’y créer un hameau de cultivateurs. L’usage commençant à désigner le lieu sous le toponyme de “Baraque Michel”, le chevalier obtint même que cette “chétive appellation” fût évincée au profit de “hameau Fischbach”, nom qu’il porte encore – officiellement tout au moins – de nos jours. Mais les forces économiques ne se laissant pas convaincre, le projet fut sans lendemain, fors la chapelle.

Dédiée à Notre-Dame de Bon Secours, celle-ci était à l’origine pourvue d’une cloche et surmontée d’un fanal que la famille Schmitz alluma tous les soirs jusqu’en 1856, date de l’ouverture de la route Eupen-Malmédy.

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En 1885 un narthex, au clocheton ajouré pourvu d’une cloche fondue à Metz en 1882, fut accolé à la nef à l’initiative du curé de Xhoffraix, lui donnant l’aspect que nous connaissons aujourd’hui.

À l’intérieur, deux plaques d’ardoise rappellent les raisons pour lesquelles la chapelle fut construite. L’autel est surmonté de la statue de Notre-Dame de Bon Secours, avec, de part et d’autre, les statues de St Henri, St Hubert et St Roch. Une statue de St Antoine a disparu.

Pélerinage

La chapelle fut longtemps un but de pèlerinage pour les villages des alentours.

Chaque année, le 15 août, des pèlerins venus de Jalhay, Sart, Xhoffraix, Hockai, Membach et Goé s’y rendaient en procession.

L’origine de la procession des paroissiens de Solwaster vaut qu’on s’y attarde. Peu après la construction de la chapelle, une épidémie de dysenterie frappa la contrée, à laquelle Solwaster sacrifia. Resté pratiquement seul pour soigner les malades, le curé de la paroisse fit vœu d’organiser chaque année un pèlerinage à Notre-Dame de Bon Secours, si le mal était enrayé. Dès le 8 septembre suivant, en la fête ” del pitite Notru-Dame ” il tint parole et conduisit ses ouailles à travers la lande. L’épidémie quitta bientôt la contrée. Ceci dit, déférence gardée envers les mystères de la foi, la procession fut dit-on émaillée de nombreuses haltes durant lesquelles tous mangeaient force myrtilles et airelles. Ceci explique peut-être, aussi, cela.

Pour l’anecdote – et entre nous – j’ai fait mienne l’exécration suprême de grand-père : “Dji t’våreû so l’Fagne avoû l’hite sifflante”. En d’autres termes : “Je te souhaiterais sur la Fagne avec une chiasse carabinée”. Faut-il y voir un souvenir de l’épidémie ? Quoi qu’il en soit, la malédiction est terrible, vous en conviendrez ! :o)

Moins horrible (“quoi que”, diront certains…) les femmes en mal d’épousailles ont le choix entre mordre la grille de la chapelle de Tancrémont, ou faire le pèlerinage à la chapelle Fischbach. Vous ne pourrez plus dire que vous ne saviez pas…

Un temps tombé en désuétude, le traditionnel pélerinage reprend sa place au calendrier paroissial le dernier samedi du mois d’août. La Foi y est sans-doute pour quelque chose, mais la vitalité de quelques comités culturels locaux a beaucoup contribué a faire revivre la tradition, d’autant plus que depuis 2008, la chapelle a subi une rénovation architecturale importante.

Ecrit par :Patrick Germain /2007

La cloche volée

Curieuse histoire que voici : en avril 2018, la (presque) sainte cloche disparait sans laisser d’adresse. Serait-elle partie pour Rome, certainement pas. Plutôt volée par un malfaisant suppôt de Satan. C’est en tous cas ainsi qu’aurait pu être qualifié le brigand qui avait dérobé l’objet sacré.

Par le même mystère, elle réapparut curieusement posée sur le seuil de l’édifice  au mois de juillet de la même année. Le voleur a-t-il été pris de remords, est-ce un ange qui l’arracha des mains du démon ? Allez savoir !

Toujours est-il qu’elle fut de nouveau en place pour célébrer le pèlerinage annuel du mois d’août. Ouf, on a eu chaud.

 


Galerie Chapelle Fischbach et environs

Où la Chapelle Fischbach

Chapelle Fiscbach

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