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Montjoie – Monschau : déclinaison romantique aux Marches de l’Est

23 Avr, 16 | lieux

Quoi de plus évident, au moment de franchir la frontière allemande pour découvrir la bordure orientale du massif ardennais, qu’un petit crochet par Monschau ? Coquette et prospère, la bourgade aux mille colombages vaut le détour à plus d’un tire.

 

 

 

 

Montjoie ! Au pied de son château, la vieille ville égrène moellons et colombages du XVIIIème siècle tout au long de ruelles sinueuses et de placettes nichées dans un creux de la Roer, dont le cours tumultueux scande les saisons des Hautes-Fagnes voisines.

En ce jour de février frileux, où le touriste est rare encore, les lieux rendent toute leur beauté tranquille, proprette et accueillante. Dans les boutiques, où le sourire est de mise, la langue de Goëthe chante sans les rugosités qu’on lui trouve ailleurs et qu’une oreille latine lui reprochera parfois.Monschau. Dieu que l’on se sent bien ici !

TERRE D’HISTOIRE

C’est aux ducs de Limbourg qu’on doit l’érection du château primitif, “ Monte joci „, aux environs de 1190. Commandant la vallée de la Roer au sortir de son périple fagnard, celui-ci tombe dans l’escarcelle des ducs de Jülich en 1433. Assiégé et emporté par les troupes de Charles Quint, qui en profitent pour piller la ville, il n’en reste pas moins à Jülich jusqu’en 1609, date de son intégration au Palatinat-Neuburg.

 

 

 

 

En 1795, la région devient française et Montjoie l’un des chefs-lieux de canton du département de la Roer. Au lendemain de Waterloo, la Prusse s’installe, conservant à la capitale du “ Kreis (district de) Montjoie „ son nom, qui ne deviendra “ Monschau „ qu’en 1918.

À l’hiver 1944, la région constituera l’un des points de départ de l’Offensive d’Ardenne et sera miraculeusement épargnée par les combats. La 102ème division de cavalerie blindée US y fera preuve d’un mordant redoutable ; et c’est à Monschau que le lieutenant-colonel baron von der Heydte, personnage mythique des Fallschirmjäger, blessé au cours de la calamiteuse opération aéroportée “ Stösser „, se constituera prisonnier.

 

 

 

TOLÉRANTE

Plus pacifiquement, c’est à Montjoie qu’est né le musicien Christian Uhran, compositeur de talent et grand maître de la viole d’amour, mort à Paris le 2 novembre 1845.
De paix il est également question lorsque l’on s’attarde sur l’architecture religieuse de cette petite ville située au carrefour de deux religions. Consécutivement à l’Édit de Tolérance de l’empereur Josef II (1781), une église évangéliste y fut en effet rapidement érigée. Consacrée en 1789, elle est de style Louis XVI, mais sa tour baroque lui est antérieure d’une centaine d’années. Les cloches furent fondues par le maître Pierre Legros, de Malmédy.

 

 

 

 

On y accède par un ponton qui surplombe la Rur, et depuis lequel on découvre une intéressante perspective sur l’arrière des maisons qui bordent le torrent.

Plus loin, le cavalier qui chevauche la toiture d’un édifice du culte catholique imprime la marque de fabrique fransiscaine. Construite en même temps que le cloître, dans la première moitié du XVIIIème siècle, elle abrita la plupart des offices paroissiaux dès 1862, et un clocher lui fut ajouté en 1824.

 

 

 

PROSPÈRE ET GOURMANDE

Militaire et religieuse, Monschau est également une bourgade industrieuse, ainsi qu’en témoignent nombre de bâtisses dont la plus imposante est sans doute la Maison Rouge.

 

 

 

 

 

La construction de celle-ci, en 1752, est due au drapier Johan Heinrich Scheibler qui y installa sa résidence et ses ateliers. Entièrement meublée dans les styles Rococo,  Louis XVI et Empire, elle recèle entre autres un escalier tournant en chêne massif escaladant trois étages sans support médian. Cette pièce exceptionnelle est décorée par vingt et un panneaux sculptés relatant les différentes étapes de la fabrication du drap. Géré par une Fondation, l’ensemble peut être visité en saison.

Ailleurs, le bief du moulin et sa roue à aube désormais immobile font pendant aux nombreux petits magasins où les gastronomes ne se feront pas faute d’aller jeter une papille gourmande. Car si le culte de la charcuterie de qualité est également vivace de ce côté de la frontière , il serait criminel de faire l’impasse sur les “ printen „ et autres pains d’épice plus savoureux les uns que les autres.

 

 

 

 

Quant à la moutarde de Montjoie, dont la confection demeure une spécialité reconnue, ce serait pécher que de n’y point goûter.

Et si malgré tout ça vous persistez à croire que l’Allemagne est un pays uniformément sinistré du point de vue gastronomique, ne manquez pas de pousser la porte de l’un des restaurants du coin. Vous serez agréablement surpris.

 

REVOIR MONSCHAU

 

 

 

 

Bref, s’il est possible d’approcher Montjoie en une demi-journée, on ne peut quitter Monschau sans ressentir un goût de trop peu, et une irrésistible envie d’y revenir un jour.

Car Montjoie – Monschau, c’est également une foule de manifestations culturelles, de musées et autres possibilités de découvertes, guidées ou non, dans un environnement de toute beauté où les logements proprets et abordables ne font pas défaut.

Une certaine idée de l’accueil, aussi, dont il ne serait pas inutile de s’inspirer sous d’autres cieux.

Et si ce premier saut de Mediardenne sur les Marches de l’Est de notre bien aimé massif vous donne des envies transfrontalières, n’hésitez pas une seconde : cette Ardenne allemande qui ne dit pas son nom, pétrie d’un rude romantisme, vous offrira un surprenant dépaysement à peu de frais.

Écrit par : Patrick Germain /2008

 

 

 

 

Note :
Est-il hérétique d’inclure dans notre conception de l’Ardenne ses contreforts Est, pourtant administrativement englobés dans un Eifel qui, s’il le prolonge, est géologiquement bien distinct du massif ardennais ? À force de parcourir cette région frontalière, il nous paraît absurde de suivre les pointillés : la topographie rend un verdict sans appel que la toponymie renforce par endroits. Nous sommes bien ici sur nos Marches de l’Est, et Montjoie – Monschau en est l’un des fleurons.

*Roer durant son parcours en Belgique, l’orthographe devient Rur en Allemagne, accentuant encore le risque de confusions parfois regrettables – du point de vue historique par exemple – avec la Ruhr de même prononciation. La graphie Roer reprend ses droits sur le cours hollandais de la rivière.
Source :
•    Publications du SI de Monschau et Eifel Times – Die Gästezeitung des WochelSpiegel

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