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La chasse infernale du seigneur de Herbeumont

29 Sep, 22 | Comprendre l'Ardenne, Contes et légendes

 

Le thème de la chasse infernale – qui porte aussi de nombreux autres noms – se retrouve avec d’infinies variantes à travers toute l’Europe. Il trouve vraisemblablement son origine dans la chevauchée céleste d’Odin, à la recherche de connaissances qu’il transmet aux hommes. Dans l’imagination populaire, secondée par le fracas des tempêtes d’équinoxe, la portée métaphysique du mythe scandinave s’est incarnée d’une manière assez générale dans l’histoire d’un chasseur maudit dans l’éternité pour ses forfaits terrestres. L’Ardenne n’est pas avare de ces récits dans lesquels, comme c’est le cas pour le sire d’Herbeumont, le personnage central est à la fois un seigneur injuste et cruel et un chasseur impie profanant le repos dominical. L’intervention du diable y est un élément peu fréquent.

 

La chasse sauvage ou Chasse infernale

Die Wilde Jagd (« La Chasse sauvage »). Toile de Johann Wilhelm Cordes, vers 1856. (Wikimedia)

 

Bâti dans le troisième tiers du XIIIe siècle, le château d’Herbeumont était une forteresse tournée vers la France et surveillant une partie de la vallée de la Semois. Un des châtelains qui s’y sont succédé, le comte Renaud, avait la réputation d’être un homme dur pour lequel la chasse était une passion dévorante que six jours par semaine ne pouvaient assouvir. Aussi le dimanche n’était-il pour lui pas plus sacré que les champs prêts à être moissonnés qu’il traversait sans vergogne avec chiens et chevaux.

Un dimanche matin, alors que, sourd aux objurgations de son épouse, il venait de pénétrer avec son équipage sur la colline boisée du Dansau, un endroit redouté aujourd’hui encore pour ses maléfices, il vit venir à lui deux cavaliers. Le premier, jeune et blond, montait un cheval blanc, tandis que l’autre, plus âgé et le teint sombre, menait un cheval noir.
Le comte Renaud les invita à se joindre à sa chasse, mais le jeune homme lui rappela que c’était le jour du Seigneur, tandis que son compagnon, au contraire, incita le sire d’Herbeumont à ne pas s’arrêter en si bon chemin.
Renaud eut vite fait son choix et lança ses chiens à la poursuite d’un cerf à l’imposante ramure.

Le soir n’allait pas tarder à tomber lorsque ce cerf, épuisé, se réfugia dans la chapelle d’un ermite. Celui-ci adjura Renaud de ne pas profaner le sanctuaire. Le comte n’en avait cure: insultant et menaçant le saint homme, il le bouscula pour entrer avec ses chiens dans la chapelle.

Aussitôt, parmi de fulgurantes lueurs, le sol se mit à trembler, Satan apparut et tordit si bien le cou du chasseur que celui-ci, remis en selle, ne pouvait voir que la croupe de son cheval, qui l’emporta au même instant dans une chevauchée éperdue, poursuivi par une meute acharnée, vomie par l’enfer et qui ne devait pas le lâcher avant la fin des temps.

Parfois, au hasard de cette folle randonnée nocturne, le comte Renaud traverse encore les bois du Dansau dans le vacarme des galops et de la meute déchaînée.

 

Nous remercions chaleureusement Monsieur Albert Moxhet pour ce texte (2002)

Le château d’Herbeumont est érigé au sommet d’une crête rocheuse épargnée par la Semois qu’il domine de plus de 111 mètres. Le château est érigé par Jehan de Rochefort, fils de la maison de Walcourt, en l’an 1268. L’escarpement naturel de la montagne a longtemps rendu le château inaccessible de trois côtés. (Photo Denis Maqua)

Plus d’info sur le site de l’asbl SAS, association qui a pour but la sauvegarde et la promotion des monuments et sites archéologiques de la vallée de la Semois et de ses environs

 

Sur la carte

Le château d'Herbeumont

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