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Le monument Nicolas Pietkin à Sourbrodt

18 Août, 20 | histoire, Personnages

Toute langue par ses concepts, ses intonations etc, influence nécessairement le mental de celui qui, bon gré mal gré, la pratique. C’est donc, aussi, un outil politique. En 1876 Bismarck l’a très bien compris, promulguant un « Kulturkampf » auquel un prêtre fagnard va apporter son grain de quartzite. À la rencontre de Nicolas Pietkin.

Un prêtre contre le Kulturkampf

Né à Malmédy le 6 décembre 1849, Nicolas Pietkin fait ses humanités aux collèges de Malmédy et de Neuss, avant d’entreprendre des études de philosophie et de théologie à Bonn. Ordonné prêtre à Cologne le 24 août 1875, il ne supporte pas les contraintes linguistiques imposées à l’avènement de Bismarck : en 1876, entérinant un « Kulturkampf » (combat culturel) amorcé dès 1862, l’allemand devient en effet la seule langue administrative en terre d’Empire, où s’inscrit l’Est de la Belgique actuelle. Enseignement et religion ne tarderont pas à subir le même diktat. C’en est trop pour ce jeune prêtre indéfectiblement attaché à la tradition latine, qui choisit l’exil.

En 1879 toutefois, il se plie au mandement de l’évêque d’Aix-la-Chapelle et va seconder le curé de Sourbrodt, avant de devenir administrateur de la paroisse, puis titulaire de celle-ci en 1881. Persistant dans son opposition au Kulturkampf, il n’hésite pas à s’adresser en wallon à ses paroissiens, et privilégie le catéchisme l’évêché de Liège au détriment de celui l’état prussien. Manière comme une autre de donner des leçons de français aux jeunes, qui en sont désormais dépourvus à l’école. Mais s’il en combat la politique culturelle, Pietkin n’en reste pas moins fidèle à l’Empire allemand jusqu’en 1914.

 

La louve romaine du monument Pietkin

Au sommet du monument se trouve un bronze représentant la louve romaine allaitant Romulus et Remus, symbole de la civilisation romaine et latine.

 

 

Un monument détruit par les nazi en 1940

Arrêté et gardé comme otage plusieurs jours durant, le curé de Sourbrodt prend alors pleinement conscience des finalités du Kulturkampf. C’est désormais un homme déçu – et souffrant – qui va s’efforcer de poursuivre sa mission auprès des familles éprouvées par la guerre, sans distinction d’ordre linguistique.

Après avoir vu avec soulagement l’ancienne Kreis prussienne d’Eupen-Malmédy rattachée à la Belgique en 1919, au titre de dommages de guerre, l’abbé Pietkin est décoré de la Médaille de l’Ordre de la Couronne en 1920. Il meurt à Malmédy un an plus tard, le 9 janvier 1921, et c’est toute une région qui lui rend hommage lors de funérailles impressionnantes.
Homme de conviction, Nicolas Pietkin s’est par ailleurs distingué à travers de nombreux travaux et publications philosophiques ou scientifiques. Musicologue et poète à ses heures, on doit également à ce Fagnard acharné plusieurs études et actions au bénéfice de la région. Il fera entre autres analyser les eaux ferrugineuses du « pouhon « qui porte aujourd’hui son nom, étudiera les vertus des plantes et sera l’un des sauveteurs du Boultè (un monument des Hautes-Fagnes).

Trois années après l’armistice, l’Assemblée wallonne, sous la plume de Remouchamps, invite toutes les communes wallonnes à fêter la Wallonie le 25 septembre 1921. Ce jour-là correspond à la Journée du drapeau malmédien, manifestation organisée en faveur d’un rattachement de Malmédy à la Belgique. Le secrétaire général de l’Assemblée wallonne invite alors chaque commune à arborer au minimum le drapeau wallon et le drapeau malmédien. Celui-ci sera mis en vente et le fruit de celle-ci devra permettre d’ériger un monument en hommage à Nicolas Pietkin.

C’est chose faite le 3 octobre 1926. Mais l’édifice est détruit en 1940, lors de l’annexion au Reich nazi. Reconstruit en 1956 par le sculpteur Maréchal, d’après les plans de l’architecte Gérard, il trône encore au carrefour des routes d’Ovifat et Elsenborn. Le bas-relief en bronze est celui d’origine, coulé par Georges Petit en 1925.

 

 

Portrait de Nicolas Pietkin

Le médaillon en bronze, de 1,2 mètre de diamètre est celui d’origine, coulé par Georges Petit en 1925.

Description du monument Pietkin.

Le Général Baron Baltia fut désigné gouverneur de la région Eupen-Malmedy au mois d’Octobre 1919, à la suite du traité de Versailles qui redessinait la carte européenne après la défaite de l’Allemagne en 1918.

Un timbre à l'effigie de Nicolas Pietkin - 1961

La nation lui rendit hommage une nouvelle fois à l’occasion de l’émission d’un timbre poste en 1961.

Patrick Germain – 2007
  Source : “Guide de la Fagne” – A.J. Freyens 
Photos : Mediardenne – 2020

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