Le lièvre, un sprinter aux grandes oreilles
On peut hésiter lorsqu’on aperçoit un petit mammifère aux grandes oreilles dans un pré : est-ce un lièvre, un lapin ou un petit kangourou ? Oubliez le kangourou en Ardenne…
Regardez les oreilles
Pourtant, ne verrait-on que le bout des oreilles, on aurait déjà une bonne indication. Le lièvre arbore des oreilles plus grandes que le lapin de garenne (entend-t-il mieux ?), mais surtout, leur pointe est noire sur 1 à 2 centimètres. Il faut pour cela, évidemment, le voir en plein jour, alors qu’il est plutôt nocturne et crépusculaire. Sauf durant le « bouquinage », où le mâle comme tous les mammifères joue les gros-bras. En cette période de parade nuptiale, il aime se montrer au grand jour pour impressionner les hases (femelles du lièvre).
S’il se déplace pour prendre la fuite, on constate directement qu’il est très grand pour un lapin, et surtout que son agilité lui permet de faire des bonds qu’un lapin olympique lui envierait. Grâce au développement de ses pattes postérieures, il peut filer à une allure de près de 70 kilomètres par heure. Bonne chance pour l’attraper à mains nues, le renard lui-même ne s’y essaie guère, il préfère consommer les jeunes levreaux. Ils sont plus tendres à croquer et certainement plus faciles à attraper.
Les levreaux sont pourtant débrouillards, ils ne s’attardent pas au nid très longtemps mais reviennent à la maison de temps en temps jusqu’au sevrage définitif, après environ un mois. Cependant, le logis familial n’est pas très sécurisé ; disons plutôt le logis maternel, car après avoir rempli ses fonctions viriles, le mâle s’en va voir ailleurs. Il est polygame le coquin. Contrairement à la lapine, la hase ne s’installe pas dans un terrier, elle se contente d’un renfoncement du sol, un pas de cheval par exemple. C’est donc facile à construire mais les petits sont très exposés aux prédateurs, pas seulement les renards ; les corneilles ou les rapaces repèrent facilement leurs proies du ciel. D’autant plus que le lièvre n’est pas un animal forestier à proprement parler, il préfère éventuellement les lisières mais surtout les espaces dégagés, les landes, les prés.
Un campagnard le lièvre
Même si la femelle peut concevoir plusieurs portées de 3 ou 4 levreaux par an au printemps et en été, les destructions par les prédateurs naturels sont importantes. Les prédateurs humains ne sont pas innocents à la difficulté de rendre stables les populations de léporidés (…de la famille des lièvres et lapins). Le chasseur – puisque le lièvre est considéré comme un gibier, donc chassable – n’est pas responsable de tout, même si la gestion du « Petit gibier » est moins évidente que celle du « Grand-gibier » comme le cerf ou le sanglier. Plus campagnard que forestier, le lièvre paye cher sa présence dans les champs cultivés et arrosés de pesticides, fongicides et autres produits tueurs. En Ardenne, terre d’herbages, l’utilisation massive de ces produits est plus rare, c’est plutôt sous les lames de la faucheuse d’herbe que les portées sont détruites pendant la fenaison. Et n’oublions pas l’arme que nous utilisons tous, la voiture dont les roues restent insensibles au charme de ce sympathique habitant des campagnes. Si lièvre n’est pas considéré en voie de disparition, il semble cependant qu’un déclin général soit observé depuis plusieurs décennies.
Un gibier quand-même !
S’il se chasse…, il se mange.
Espérons pour le noble animal, qu’il tombe sous le fusil d’un chasseur respectueux et qu’il finisse dans l’assiette d’un gourmet respectueux…
Raymond Buren (1932 – 2009) auteur du recueil de recettes ardennaises « Le goût de l’Ardenne » comptait parmi les gourmets respectueux. Voici ce qu’il dit du lièvre-gibier; pour notre part, nous observons dans cette citation que si le chasseur peut être respectueux, il peut aussi être maladroit :
Le lièvre danse la nuit à la lune ; le lièvre est rapide mais il ne voit que de côté. A quatre ans, il est déjà vieux. Le lièvre est un rude gibier de poil : il s’échappe facilement ; aussi lui plombe-t-on le postérieur plus qu’il ne convient. Gibier haut de goût, le lièvre restaure merveilleusement l’appétit de vivre en ces temps de frimas et de froid de ces mois de fin d’année.
L’auteur lui-même, cite un passage du « traité de la table » de son illustre confrère Maurice des Ombiaux. (1868-1943)
Manger du lièvre n’est qu’une question monétaire, manger un bon lièvre est une question d’art… Tous ceux qui s’y connaissent quelque peu n’ignorent pas qu’il faut choisir un lièvre court sur pattes et haut de corps, car il faut se méfier des lièvres trop hauts, dont la chair est insipide… Mais après cela, que de nuances encore ; le lièvre des bois est supérieur au lièvre des champs ; le lièvre des collines l’emporte sur le lièvre des plaines.
Les meilleurs lièvres que j’ai connus venaient des Ardennes où ils avaient brouté la bruyère, le thym et le serpolet.
Photos Laurent Malbrecq : natur-photo.e-monsite.com
Texte : Fr. Rion – MediArdenne – Nov. 2016
Sources :
Faune des plaines agricoles : Région Wallonne
« Le goût de l’Ardenne » par Raymond Buren – Le Vif Editions 1995
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