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Trop chaud pour l’oreillard

Trop chaud pour l’oreillard

Trop chaud pour l’oreillard

Trop chaud pour l’oreillard

Une surprise désagréable nous attendait sur le seuil de la porte du jardin ce soir d’août. Il avait fait très chaud durant la journée, est-ce une des raisons qui expliquerait notre découverte ?

 

Au sol gisait un oreillard. Il n’est pas nécessaire d’être un grand spécialiste des chauves-souris pour reconnaître l’espèce, ou du moins le genre. Vu la taille impressionnante des oreilles, aucun doute, il s’agit d’un oreillard. Quant à préciser si c’est un oreillard roux (Plecotus auritus) ou un oreillard gris (Plecotus austriacus), c’est là une affaire de scientifique. Il me paraît bien un peu plus gris que roux, mais on ne peut se fier à cette simple observation.
Les deux espèces occupent plus ou moins la même répartition géographique en Ardenne, cependant, l’oreillard gris serait moins forestier que le roux et plus fréquent dans les lieux plus urbanisés, proche des humains.

Notre victime logeait-elle dans le clocher de l’église toute proche ? Il aurait alors fallu partager l’endroit avec une colonie nombreuse de choucas des tours.
Peut-être vivait-elle tout simplement dans mon grenier ? Si c’est le cas, c’était un locataire discret et pas du tout dérangeant.

Et cela expliquerait la découverte du corps sur le seuil en contrebas des combles ; l’animal serait tout simplement mort de chaud me confirme un connaisseur. Réfugié à la base du toit, là où les ardoises sont fortement chauffées depuis deux ou trois jours de canicule, il n’aurait pas supporté la température. Mais pourquoi n’a-t-il as cherché un refuge plus supportable ? Sorry, je n’ai pas de réponse à présenter.

 

Tendre l’oreille

On imagine mal Batman avec de pareils pavillons ; il serait rigolo.

Ils sont pourtant bien utiles ces appendices démesurés. Supposez un être humain avec des oreilles d’un mètre trente par rapport à votre corps ; c’est la proportion de ces organes qu’on trouve chez l’oreillard.

Rappelons-nous comment chassent et s’orientent les chauves-souris. Animal nocturne, très à l’aise dans l’obscurité, leur vue moyenne ne leur est pas d’un grand secours. Ils sont par contre équipés d’un talent très particulier appelé sonar en langage populaire. Ces mammifères volants (les seuls connus) émettent des ultrasons qui se répercutent sur les obstacles, mais aussi sur les proies. Ainsi, les chauves-souris de toutes les espèces peuvent de diriger avec beaucoup d’adresse dans l’obscurité et détecter et poursuivre les proies mobiles.

 

L’oreillard en particulier a multiplié ses chances de succès au cours de la chasse en développant ses impressionnants organes auditifs. Comme chez tous les mammifères, vous ne serez pas surpris, d’apprendre que ses oreilles lui servent à … entendre. Et avec de pareils organes, à peine plus petits que le reste du corps, l’oreillard n’a pas besoin de beaucoup « tendre l’oreille »  pour percevoir ce qui se passe devant lui. Si bien qu’approchant de ses proies qui pourraient ressentir les ultrasons émis, notre chasseur coupe son sonar et ne se dirige plus qu’aux sons que peuvent émettre les proies.

 

Une particularité supplémentaire que la nature a su développer, renforçant ainsi l’extraordinaire diversité des espèces.

 

 L’oreillard en vol et en position suspendue en hiver. Dans cette position suspendue, on ne voit pas les oreilles entières qui sont repliées en dessous des ailes (typique des oreillards en position suspendue). La partie que l’on voit, ce sont les tragus, partie utilisée chez l’humain pour les piercing.

Les photos sont de Didier Goethals  >>>>    https://nuit-expo.be

MediArdenne 2024

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Le chevreuil, prince d’Ardenne

Le chevreuil, prince d’Ardenne

Le chevreuil, prince d’Ardenne

Le chevreuil, prince d’Ardenne

 

Moins majestueux que le cerf, le chevreuil n’en reste pas moins un magnifique petit cervidé dont l’agilité n’en finit pas de surprendre. Son tempérament peu farouche dans certaines circonstances pourrait faire croire que l’on connaît tout de lui, et pourtant…

 

Dérivé du latin « capra »  chèvre, le nom latin du chevreuil est Capreolus capreolus. C’est un petit cervidé dépassant rarement 80 centimètres au garrot et 1,30 m de longueur, pour une courte trentaine de kilos. Il peut vivre une quinzaine d’années, dans de bonnes conditions.
Plus légère que le mâle, la chevrette s’en distingue extérieurement par l’absence de bois – mais l’observation de ceux-ci n’est pas toujours aisée – un corps en cône tronqué s’élargissant vers les membres postérieurs et, lors de la fuite, une tache blanche (le miroir) en forme de cœur au niveau de l’arrière-train. Le miroir est en forme de fève chez le mâle.

Si la chevrette conserve sa dénomination toute sa vie durant, le vocabulaire de vénerie en attribue plusieurs au mâle qui devient chevillard entre 6 mois et un an. La pousse des premiers bois en fait un daguet  en référence aux bois dépourvus de ramification puis un brocard (ou broquart dans une orthographe française plus ancienne) dès la deuxième repousse des bois.

 

 

Affaire de bois

C’est aux environs du septième mois de son existence que le chevillard voit apparaître sa « première tête » composée de deux pivots qui serviront de base aux dagues dépourvues de meules qui apparaîtront à un an.

 

 

Daguet en velours

Jeune daguet en velours à l’entrée du printemps – Photo de Quentin Sab

 

 

La partie centrale – perche – se garnira ensuite de deux andouillers. Un brocard, si vieux soit-il, ne possédera donc jamais plus de trois « pointes » : seule une perlure plus ou moins abondante viendra ensuite marquer des ans l’irréparable outrage. Encore conviendra-t-il de ne pas trop s’y fier, tant il est vrai qu’à ce niveau comme à tous les autres la qualité du biotope et l’état de santé de l’animal observé jouent un rôle déterminant.

Les bois tombent au début de l’hiver, laissant une plaie sanguinolente qui va cicatriser très rapidement avant la repousse d’une nouvelle couronne recouverte de velours. Vers la fin-mars, une fois la minéralisation terminée, les chevreuils mâles vont se débarrasser de cette pellicule désormais inutile en frottant leurs bois tout neufs contre les arbres : c’est la fraie, redoutée par les sylviculteurs, car ces « frottis » provoquent des plaies sur les arbres et les dévalorisent commercialement.

 

 

Un faux faux-rut

D’autant que ce comportement va se poursuivre bien au-delà de la fraie. L’activité hormonale du mâle l’incite en effet à marquer son territoire de la sorte jusqu’au mois d’août !

 

Chevrettes en rut

 

 

Tiens, parlons-en, de ces hormones et de tout ce qui va de pair(e)… Car la reproduction de ce beau mammifère forestier n’est pas spécialement du genre commun. Ni, soit dit en passant, un modèle de galanterie masculine : c’est du rude !

Le rut proprement dit couvre principalement, en Ardenne, une période comprise entre la mi-août et la fin-septembre. Toutefois, par un phénomène de gestation différée, les embryons fécondés ne se fixeront que quatre à cinq mois plus tard.
Un second rut survient entre octobre et décembre, que l’on appelle improprement « faux -rut ». Faux, en ce sens qu’il constitue en quelque sorte un rattrapage pour les femelles non fécondées ou mal fécondées lors du premier rut. Et à la différence de ce qui se passe lors de ce dernier, la gestation est directe.

La gestation « vraie » durant quelque cinq mois, dans un cas comme dans l’autre, les faons naîtront donc en mai-juin. Une portée en comprend généralement deux, capables de se mouvoir quelques minutes plus tard. Une vitalité qui va leur permettre de suivre leur mère dans ses déplacements jusqu’au moment où ils pourront à nouveau se rouler en boule bien à l’abri d’un pelage tacheté les fondant admirablement dans leur environnement.

 

 

Laissez les faons tranquilles !

L’allaitement dure de 2 à 3 mois durant lesquels la chevrette ne sera jamais bien loin de ses rejetons, qu’elle défendra avec acharnement contre les prédateurs.
Sauf si l’un ou l’autre promeneur inconscient aux mœurs quelque peu anthropomorphiques (ce qui constitue généralement un pléonasme, tous animaux confondus) n’a pu résister à l’envie de les toucher : l’odeur humaine que la mère retrouvera partout autour de ses jeunes et surtout sur leur pelage à son retour condamnera alors invariablement ceux-ci à une mort par abandon ! Ce qui n’arrive qu’exceptionnellement en d’autres circonstances !

 

 

deux jeunes faons et chevrette

Ces jeunes faons sont hors de danger

 

 

Une fois sevrés, les jeunes resteront au sein d’une harde regroupant plusieurs familles jusqu’aux naissances suivantes. Les mâles adultes sont en général absents de ces regroupements, menant une vie solitaire à l’exception des périodes de rut.

Pour le reste, le chevreuil est un animal essentiellement sédentaire et forestier. Ses déplacements couvrent un territoire restreint à une cinquantaine d’hectares en moyenne, sur lequel il dispose de reposées où il passe la moitié du temps. Et, en principe, son système digestif digère peu ou mal les graminées sèches, ce qui limite ses incursions en terrain cultivé.
En principe, car certaines populations semblent s’être adaptées et mènent des incursions dans les champs au moment des cultures d’hiver.

 

 

Timidité à géométrie variable

Pour ce qui relève de l’observation, celle du chevreuil est à la fois d’une grande simplicité et… d’une certaine complexité. En fait, sur un territoire restreint qu’il connaît comme sa poche, il vous observera plus souvent que vous l’observerez, tapi dans un buisson à l’abri de son pelage variant du roux vif au gris fauve suivant l’âge et/ou le biotope.

En fait, l’ouïe, et surtout l’odorat, semble être les éléments déterminants dont il faudra tenir compte pour l’approcher : il ne sait proprement pas “ piffer „ l’être humain, et le moindre craquement de branche le met sur la défensive. Ce qui, paradoxalement, ne sera pas le cas d’un feulement de tronçonneuse ou d’un ronronnement de moteur.
Pour ce qui est de la vue, si celle-ci est excellente et très sensible aux contrastes, la position des yeux sur la boîte crânienne provoque un angle mort dont savent profiter certains prédateurs au nombre desquels les chiens errants font figure de véritables terreurs.

 

chevrette curieuse

Vous êtes repéré

 

 

Profitons-en pour rappeler l’adage affirmant à juste titre que « tout chien chasse ». Même s’il s’avère très sympathique et citadin, un chien que son maître laisse courir partout en forêt « pour qu’il fasse de l’exercice » y mettra une pagaille monstre s’il n’y commet pas de dégât à proprement parler. Alors même si vous rêvez – à tort ou à raison – « d’enquiquiner les chasseurs », n’oubliez pas que c’est surtout la faune sauvage que vous enquiquinez …

Particulièrement vif lorsqu’il fuit les intrus, le chevreuil communique par des cris que plus d’un a confondu avec des aboiements. Signalons enfin que la mythologie celtique voit dans le chevreuil (blanc) le symbole du voyage de l’âme vers un nouvel état, après la mort.

 

Jeune faon dans les hautes herbes

N’est-il pas mignon ?


Patrick Germain – 2008
Crédit(s) photographique(s): Francis Gengoux

La photo du daguet en velours est de Quentin Sab : www.facebook.com/quentin.mesphotos

 


 

Notes :
En Ardenne, on parlera souvent d’une gade (phon. Gatte) pour désigner la chevrette, d’une grosse gade si elle est gravide. Le chevreuil quant à lui devient tchivrou en wallon
Source :
•    Cours de chasse-pêche IPEAFP La-Reid 1974
•    A et J de Bavière : ” À propos du chevreuil” Le Perron éditeur 1983 ISBN 2-87114-000-6

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Récolte de la sève de bouleau

Récolte de la sève de bouleau

Récolte de la sève de bouleau

Récolte de la sève de bouleau

La sève de bouleau est consommée de temps immémoriaux dans les régions sibériennes et scandinaves. Cette pratique ancestrale complète naturellement les très nombreux usages que les peuples nordiques faisaient du bouleau; jusqu’à en faire un arbre sacré tellement il était indispensable à la vie de ces régions. Si on ne fait plus de bougies en écorce de bouleau aujourd’hui, la consommation de sève perdure et la pratique est descendue jusqu’à nous.

kiitos pohjoisen ihmiset (ça veut dire “merci à vous peuples du Nord” en Finnois).

 

Son action diurétique et dépurative est connue pour éliminer les toxines accumulées durant l’hiver. Elle est un draineur activant l’élimination des déchets de l’organisme : acide urique, urée, cholestérol. Elle est également vermifuge dit-on.

Cet “élixir de printemps” peut être consommé frais à l’état pur à raison d’un verre par jour, de préférence à jeun.
Bien qu’elle puisse se conserver à l’aide de différents additifs (alcool), il est très simple de récolter la sève et de la consommer fraîche dès le début du mois de mars dans nos régions, avant l’apparition des bourgeons sur les arbres.

C’est à ce moment que, captée par les racines, elle prend littéralement l’arbre d’assaut pour acheminer la sève brute en direction du sommet. Là, dès qu’il éclora, le feuillage transformera cette sève brute en sève élaborée par le travail de la photosynthèse.

Cette sève montante que nous récoltons est donc composée en grande partie de l’eau du sol, mais enrichie d’une multitude de sels minéraux diversifiés; d’où son nom “d’eau de bouleau” parfois utilisé. On la récolte directement au jardin en forant un trou de faible diamètre dans le tronc (sur une profondeur de 2 à 5 cm.) et en y insérant un tuyau. Ce tuyau coule dans la bouteille de récupération et le tour est joué. L’écoulement est impressionnant, ce petit trou de 12 mm maximum de diamètre remplira votre bouteille d’un litre tous les matins. De quoi traiter quotidiennement toute la famille. Si le temps se refroidit brusquement, comme cela peut se produire au mois de mars, la montée de la sève ralentira, voire s’arrêtera. Cela ne signifie pas que la récolte est terminée, le flux reprendra avec la remontée de la température. La production dure à peu près trois semaines à un mois.

Lorsque la source ne coule plus, il faut reboucher le trou fait dans le tronc de notre cher bouleau au moyen d’une cheville de bois ; inutile de laisser la porte ouverte à l’entrée de bactéries ou champignons qui pourraient s’en prendre à notre « arbre de vie « .

La sève fraîche se conserve à peine quelques jours au frigo, elle devient rapidement trouble, elle fermente et devient acidulée. Il vaut mieux ne plus la consommer à ce stade, bien qu’il soit possible de la laisser fermenter pour en faire un « vin de bouleau » et même un « champagne de bouleau ». C’est évidemment une tout autre technique que nous laisserons aux spécialistes.

Bonne cure.

 

 

La mèche (10/12 mm), le tuyau de même diamètre que la mèche et enfin, lorsque la récolte sera terminée, un bout de branche pourra faire office de bouchon.

La sève est récoltée début mars, avant l’apparition des bourgeons.

Il est très simple de récolter la sève, même en grande quantité. N’oubliez pas de boucher les trous au moyen de chevilles de bois à la fin de la récolte.

 

Fr. Rion 2023
Sources : Le guide du bouleau  par Ph. Andrianne

 

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Le lièvre, un sprinter aux grandes oreilles

Le lièvre, un sprinter aux grandes oreilles

Le lièvre, un sprinter aux grandes oreilles

On peut hésiter lorsqu’on aperçoit un petit mammifère aux grandes oreilles dans un pré : est-ce un lièvre, un lapin ou un petit kangourou ? Oubliez le kangourou en Ardenne…

Regardez les oreilles

Pourtant, ne verrait-on que le bout des oreilles, on aurait déjà une bonne indication. Le lièvre arbore des oreilles plus grandes que le lapin de garenne (entend-t-il mieux ?), mais surtout, leur pointe est noire sur 1 à 2 centimètres. Il faut pour cela, évidemment, le voir en plein jour, alors qu’il est plutôt nocturne et crépusculaire. Sauf durant le « bouquinage », où le mâle comme tous les mammifères joue les gros-bras. En cette période de parade nuptiale, il aime se montrer au grand jour pour impressionner les hases (femelles du lièvre).

 

Lièvre assis dans un pré

Relax le lièvre, il n’a pas encore aperçu le photographe.

 

S’il se déplace pour prendre la fuite, on constate directement qu’il est très grand pour un lapin, et surtout que son agilité lui permet de faire des bonds qu’un lapin olympique lui envierait. Grâce au développement de ses pattes postérieures, il peut filer à une allure de près de 70 kilomètres par heure. Bonne chance pour l’attraper à mains nues, le renard lui-même ne s’y essaie guère, il préfère consommer les jeunes levreaux. Ils sont plus tendres à croquer et certainement plus faciles à attraper.
Les levreaux sont pourtant débrouillards, ils ne s’attardent pas au nid très longtemps mais reviennent à la maison de temps en temps jusqu’au sevrage définitif, après environ un mois. Cependant, le logis familial n’est pas très sécurisé ; disons plutôt le logis maternel, car après avoir rempli ses fonctions viriles, le mâle s’en va voir ailleurs. Il est polygame le coquin. Contrairement à la lapine, la hase  ne s’installe pas dans un terrier, elle se contente d’un renfoncement du sol, un pas de cheval par exemple. C’est donc facile à construire mais les petits sont très exposés aux prédateurs, pas seulement les renards ; les corneilles ou les rapaces repèrent facilement leurs proies du ciel. D’autant plus que le lièvre n’est pas un animal forestier à proprement parler, il préfère éventuellement les lisières mais surtout les espaces dégagés, les landes, les prés.

 

Lièvre en extension

Curieuse attitude, on dirait qu’il va jouer au renard et bondir sur une petite proie. Ou bien il étend ses muscles après une petite sieste ?

Un campagnard le lièvre

 

Mignon le levreau, mais fort exposé aux prédateurs.

Mignon le levreau, mais fort exposé aux prédateurs.

 

Même si la femelle peut concevoir plusieurs portées de 3 ou 4 levreaux par an au printemps et en été, les destructions par les prédateurs naturels sont importantes. Les prédateurs humains ne sont pas innocents à la difficulté de rendre stables les populations de léporidés (…de la famille des lièvres et lapins). Le chasseur – puisque le lièvre est considéré comme un gibier, donc chassable – n’est pas responsable de tout, même si la gestion du « Petit gibier » est moins évidente que celle du « Grand-gibier » comme le cerf ou le sanglier. Plus campagnard que forestier, le lièvre paye cher sa présence dans les champs cultivés et arrosés de pesticides, fongicides et autres produits tueurs. En Ardenne, terre d’herbages, l’utilisation massive de ces produits est plus rare, c’est plutôt sous les lames de la faucheuse d’herbe que les portées sont détruites pendant la fenaison. Et n’oublions pas l’arme que nous utilisons tous, la voiture dont les roues restent insensibles au charme de ce sympathique habitant des campagnes. Si lièvre n’est pas considéré en voie de disparition, il semble cependant qu’un déclin général soit observé depuis plusieurs décennies.

Un gibier quand-même !

S’il se chasse…, il se mange.

Espérons pour le noble animal, qu’il tombe sous le fusil d’un chasseur respectueux et qu’il finisse dans l’assiette d’un gourmet respectueux…

 

 

Lièvre attentif.

« Soyons attentif, j’ai beau courir vite, l’important est de partir à point ».

 

Raymond Buren (1932 – 2009) auteur du recueil de recettes ardennaises « Le goût de l’Ardenne » comptait parmi les gourmets respectueux. Voici ce qu’il dit du lièvre-gibier; pour notre part, nous observons dans cette citation que si le chasseur peut être respectueux, il peut aussi être maladroit :

Le lièvre danse la nuit à la lune ; le lièvre est rapide mais il ne voit que de côté. A quatre ans, il est déjà vieux. Le lièvre est un rude gibier de poil : il s’échappe facilement ; aussi lui plombe-t-on le postérieur plus qu’il ne convient. Gibier haut de goût, le lièvre restaure merveilleusement l’appétit de vivre en ces temps de frimas et de froid de ces mois de fin d’année.

L’auteur lui-même, cite un passage du « traité de la table » de son illustre confrère Maurice des Ombiaux. (1868-1943)

Manger du lièvre n’est qu’une question monétaire, manger un bon lièvre est une question d’art… Tous ceux qui s’y connaissent quelque peu n’ignorent pas qu’il faut choisir un lièvre court sur pattes et haut de corps, car il faut se méfier des lièvres trop hauts, dont la chair est insipide… Mais après cela, que de nuances encore ; le lièvre des bois est supérieur au lièvre des champs ; le lièvre des collines l’emporte sur le lièvre des plaines.
Les meilleurs lièvres que j’ai connus venaient des Ardennes où ils avaient brouté la bruyère, le thym et le serpolet.


Photos Laurent Malbrecq : natur-photo.e-monsite.com
Texte : Fr. Rion – MediArdenne – Nov. 2016

Sources :
Faune des plaines agricoles : Région Wallonne
« Le goût de l’Ardenne » par Raymond Buren – Le Vif Editions 1995

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Le bouleau, l’avant-garde d’une forêt renouvelée

Le bouleau, l’avant-garde d’une forêt renouvelée

Le bouleau, l’avant-garde d’une forêt renouvelée

Le bouleau, l’avant-garde d’une forêt renouvelée

 

Il est le premier arbre que les enfants arrivent à nommer tant son écorce noire et blanche est reconnaissable. Il fait partie de l’avant-garde, car il est le plus téméraire pour recoloniser une forêt décimée par une catastrophe naturelle ou les espaces naturels dont l’homme s’était emparé.

Il s’accrochera aux anciens terrils des charbonnages, sera le premier arbre sur les remblais de carrières, il sortira sa blanche silhouette par la cheminée d’une maison abandonnée. En Ardenne, avec le genêt à balais et quelques autres, ils sont les pionniers pour remettre la forêt à la place qui lui a été dérobée par l’activité humaine. Cette faculté qu’il a de prendre place rapidement sur les sols déboisés est facilitée par le fait que deux espèces sont très courantes chez nous; le bouleau verruqueux et son cousin le bouleau pubescent se partagent ainsi les espaces. Il se reproduit très jeune, sa maturité sexuelle apparaît avant l’âge de dix ans, c’est évidemment un facteur favorable pour diffuser l’espèce.

Ils possèdent de surcroît cette propriété botanique de produire énormément de petits grains de pollen qui peuvent se disperser très loin avec le vent. Une caractéristique très efficace pour diffuser l’espèce mais qui, malheureusement, ne fait pas la joie des personnes allergiques. De mars à fin mai, durant la dispersion du pollen, il vaut mieux ne pas oublier les anti-histaminiques pour les personnes sensibles.

 

Au mois de mai, les chatons* libèrent le pollen. Gare aux allergies.
* Regroupement de petites fleurs en forme de cylindre pendant aux rameaux

On le voit, tout est fait chez lui pour qu’il soit l’avant-garde d’une forêt nouvelle.

Le bouleau est partout au cœur des forêts tempérées de l’hémisphère nord jusqu’à la Taïga, aux portes de la zone arctique. Il demande une humidité ambiante suffisante; les climats trop secs et trop chauds ne l’intéressent pas. Il n’est pas méditerranéen, c’est un nordique et un montagnard.

En Europe du Nord et de l’est, ainsi qu’au Canada, on peut parler de véritable civilisation du bouleau. Il sert (servait) à tous les usages, son écorce principalement, qui peut se décoller en larges plaques fines, permet de confectionner des canoës, de couvrir des toitures, de s’enrouler pour faire des bougies ou des rouleaux de papier à écrire, et même des chaussures.
En Ardenne, c’est surtout son bois et ses rameaux qui ont été utilisés abondamment.

Son bois est un combustible reconnu, on sait qu’il se consume vite, mais il dégage une puissante chaleur rapidement. Il est apprécié chez les boulangers qui cuisent encore au bois et, bien-entendu, les pizzerias sont intéressées ainsi que les utilisateurs de poêles de masse qui réclament une flamme vive et brève pour bien fonctionner. Les petits objets en bois de nos parents (ou grands-parents) étaient souvent en bouleau, les cuillères ou encore les bobines de fil à coudre.

Chez les fabricants de sabots – les sabotiers* – le bouleau était fréquemment préféré au hêtre, car il est plus léger et se fend moins rapidement selon la section de grume choisie par l’artisan.

N’oublions les rameaux du bouleau dont la souplesse permettait de confectionner des balais dans toutes les fermes ardennaises.

C’est aussi cette souplesse des rameaux qui a donné au bouleau le sobriquet “d’arbre de la sagesse”. Cette flexibilité était mise à profit pour servir de verge destinée à corriger les garnements et les ramener sur le droit chemin.
C’était un temps où les instituteurs étaient moins flexibles que leur arsenal d’outils d’éducation.

*En 1896, il y avait 262 entreprises sabotières rien qu’en Province de Luxembourg. (L’industrie sabotière dans la Province de Luxembourg – Louis BANNEUX – 1902)

 

Un balais  de bouleau et la presse qui permet de serrer les rameaux autour du manche.

Le polypore du bouleau (Photo : Luc Dethier) est un champignon qui s’installe sur les arbres affaiblis. Dans le cas du bouleau, un manque de lumière suffit à perturber la bonne santé de l’arbre car c’est une espèce qui réclame beaucoup de luminosité pour s’épanouir.

En 1991, on découvrit la momie d’un homme préhistorique dans les Alpes italiennes, à proximité de la frontière autrichienne. On s’aperçut qu’Ötzi (c’est le nom donné à la momie) transportait des champignons. De l’amadou, très certainement pour allumer du feu, et des parties de polypore du bouleau. On reconnaît en effet à celui-ci des pouvoirs cicatrisant, vermifuge, antibiotique… Est-il possible que ces pouvoirs soient connus à l’époque d’Ötzi, il y a 5.000 ou 6.000 ans.

+ sur le polypore

 sur Ötzi

Le bouleau redécouvert

Les industries contemporaines ont un peu négligé l’utilisation du bouleau, on ne fait plus des sabots et le plastique a remplacé le bois dans le tiroir des ustensiles de cuisine ou le coffre de la couturière. Pourtant, peu à peu, il remonte dans l’estime des producteurs forestiers. Le placage de tranches de bois de bouleau sur des panneaux de particules est apprécié en parqueterie et en ameublement.

Parallèlement à ses usages économiques, c’est son haut potentiel écologique qui éveille aujourd’hui l’intérêt des sylviculteurs, il compte en effet parmi les essences forestières les plus accueillantes pour la biodiversité. Il ouvre grandes ses ramures aux nids de nombreuses espèces d’oiseaux, plus de 300 espèces d’insectes lui sont associées, ainsi que des champignons.

A l’heure où la préservation de la biodiversité s’affirme être une condition de survie de l’humanité, la participation du bouleau semble être un atout de premier plan.
Et, vu sa propension à occuper l’espace, l’arbre ne s’y opposera pas.

 

Leur rôle d’accueil de la biodiversité est désormais reconnu.
Photo : Ann/Pixabay

Le bouleau “rejette de souche”.
A partir de la même souche d’arbre abattu, plusieurs troncs renaissent. Les bases incurvées de ces rejets sont très difficiles à fendre et les bourrelliers les utilisaient pour confectionner l’armature des colliers des chevaux de trait.

En Ardenne, deux espèces se croisent tous les jours :
le bouleau pubescent et le bouleau verruqueux.

 

 

 

1- Le bouleau pubescent
(Betula pubescens)

Les rameaux sont franchement dirigés vers le haut.
Les jeunes rameaux de l’année sont légèrement pubescents (garnis de poils), d’où le nom de l’arbre.

 

 

Les feuilles : de forme plutôt ovale à losange. Denture assez régulière.

 

 

 

L’écorce du bouleau pubescent reste plus lisse même sur un arbre âgé. Elle peut devenir plus grise.

 

2- Le bouleau verruqueux
(Betula pendula)

L’extrémité des rameaux a tendance à retomber vers le bas. Les jeunes rameaux de l’année sont légèrement verruqueux (garnis de verrues), d’où le nom de l’arbre.

 

 

Les feuilles sont plus triangulaires, la denture est également plus irrégulière.

 

 

 

L’écorce du bouleau verruqueux s’épaissit et se crevasse fortement vers la base du tronc avec l’âge.

Notons que le bouleau pubescent se trouvera plus facilement sur les terrains tourbeux et que les deux espèces peuvent s’hybrider, ce qui ne facilite pas toujours une identification certaine. (Cf : Flore écologique de Belgique)

Fr. Rion 2023

En savoir un peu plus sur les usages du bouleau >>>

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Le mélèze

Le mélèze

ips (bostryche) typographe

Le mélèze

Il est aisé de distinguer le mélèze des autres résineux en automne et en hiver : il est le seul résineux européen à perdre ses aiguilles lorsque les frimas s’annoncent. Il prend des couleurs de feu en octobre, passe rapidement du vert tendre au jaune flamboyant.

Impossible de le confondre avec un autre résineux en automne. Il est le seul à perdre ses aiguilles.

 

Comme les autres résineux qu’on peut croiser en Ardenne, les mélèzes ont été introduits dans le courant de la deuxième moitié du 19éme siècle.

Le mélèze d’Europe (Larix decidua) nous vient principalement des Alpes. Son bois est très durable, probablement le plus durable de tous les résineux européens. Dans sa région d’origine, il était prisé dans la construction et utilisé en couverture de toitures sous forme de bardeaux.

Il fut introduit en Ardenne lors des grands programmes de régénération forestière du 19 ème siècle.
On l’introduit en forêt mais également dans les parcs mettant ses couleurs automnales à profit en décorant les espaces publics. Il fut assez répandu à l’époque mais se vit très attaqué par un champignon, le chancre du mélèze qui contraria son développement et sa diffusion.

Les sylviculteurs se tournèrent alors vers une autre région du monde et une autre variété de mélèze : le Japon, plus précisément l’île de Honshu. Le mélèze du Japon ( Larix leptolepis) résiste mieux aux agressions naturelles, pousse plus vite, mais présente deux inconvénients par rapport à la variété européenne : son bois est moins durable lorsqu’il est mis en œuvre et il développe de plus grosses branches, donc de plus gros nœuds sur les pièces sciées.

Là encore, pleins de ressources, les scientifiques ne tardèrent pas à mettre au point une variété croisée entre les deux origines : le mélèze  hybride. C’est lui qu’on rencontre le plus fréquemment. Il fait une bonne moyenne entre ses deux parents, son bois est un peu moins durable que le mélèze d’Europe mais ses branches forment moins de gros nœuds. Et surtout, suprême qualité en production de bois, il pousse très vite.

Malgré la qualité de son bois et la rapidité de sa croissance (donc sa productivité), le mélèze n’est pas une essence très recherchée par les sylviculteurs, peut-être est-ce dû au fait que les jeunes sujets ne poussent pas très droit, il est donc difficile de bien valoriser les jeunes arbres d’éclaircies.
Par contre, les grumes de bonnes dimensions qui sont dirigées vers la scierie sont appréciées pour les usages en menuiserie intérieure comme extérieure. Le cœur rouge du bois y est pour quelque-chose, il donne une belle couleur aux planches et surtout reste très durable. Il est donc conseillé en bardages ou en bois de terrasse.

 

Contrairement à l’épicéa, le mélèze est une essence qui a besoin de lumière pour se développer. On dit que c’est une essence « héliophile ». Les peuplements sont clairsemés, souvent éclaircis par les forestiers, ce qui permet de développement de végétation sous les arbres.

Les aiguilles du mélèze disposées en « bouquets » ou « rosettes » sur les rameaux.

L’écorce peut être très épaisse au pied des arbres âgés. Pour l’anecdote, notons que les bûcherons aiment travailler dans les mélèzes, les bois clairsemés tombent facilement et, comportant peu de branches basses, l’ébranchage est vite réalisé. Par contre, l’arbre n’est pas agréable à écorcer à la main au moyen de la « rasette », les petites aiguilles urticantes occupent le dessous de l’écorce et irritent les mains si l’ouvrier ne porte pas de gants.

Fr. Rion 2022

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En forêt | La loupe sur les arbres

En forêt | La loupe sur les arbres

ips (bostryche) typographe

En forêt | La loupe sur les arbres

Une loupe est une boule, parfois énorme, qui pousse sur un tronc ou sur une maîtresse branche.

Elle ne cause aucun dégât à l’arbre. C’est simplement le cambium qui, devenu subitement fou, s’est mis à produire une prolifération tourbillonnaire de cellules ; des millions de fibres enchevêtrées. On peut dire que c’est une forme de « cancer » bénin.

Les loupes sont très recherchées par les ébénistes car elles présentent, à la coupe, des motifs intéressants pour la marqueterie, la fabrication de meubles de luxe, le placage.

La loupe du noyer est bien connue des armuriers pour la fabrication des crosses de fusil de luxe.
Elles sont utilisées également sur les pièces en bois des voitures de luxe, comme les pommeaux de levier de vitesse ou les tableaux de bord.

Source principale : www.lahulotte.fr

 

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3 balades en forêt

Les scolytes: petites bêtes, grands dégâts en forêt

Les scolytes: petites bêtes, grands dégâts en forêt

ips (bostryche) typographe

Les scolytes: petites bêtes, grands dégâts en forêt

Ils ont beaucoup fait parler d’eux lors des étés de 2017 et 2018. Les traces de leur passage ne passent pas inaperçues en forêt. Sans réaction rapide des gestionnaires forestiers, ils ne laissent que désolation derrière eux. Qui sont ces redoutables monstres des forêts ?

 

 

bois scolytés

Partout en Ardenne, on rencontre ce genre de tableau.

 

 

Les scolytes sont de petits insectes xylophages de la famille des coléoptères. Ils sont attirés par les hormones de stress émises par des arbres malades ou déshydratés. Il en existe plusieurs variétés qui s’attaquent à différentes essences d’arbres. Bien que les hêtres ardennais soient également ciblés par certaines variétés, c’est surtout l’ips typographe qui nous intéresse beaucoup en Ardenne.

 

L’ips typographe, appelé aussi le bostryche typographe

Sa victime : l’épicéa commun.
Lorsqu’on sait que la moitié de la surface forestière ardennaise est plantée d’épicéas, nous avons bien des raisons de nous inquiéter des invasions de cette variété de scolytes.
La présence de l’insecte est cependant naturelle, il trouve son rôle en milieu forestier en décomposant les bois morts, participant ainsi à la régénération forestière.
Mais trop, c’est trop !

Ce petit insecte d’une taille d’environ 5mm, pond à l’intérieur de l’écorce des arbres (plus exactement dans le cambium : l’écorce interne). On trouve de très petits trous entourés de sciure sur les arbres fraichement attaqués. Les arbres plus atteints voient leur écorce se décoller du tronc.

Les larves circulent dans les couches extérieures de l’arbre détruisant de la sorte les canaux véhiculant la sève. L’arbre est alors privé de nourriture et meurt rapidement.

L’insecte ne s’attaque pas aux arbres en bonne santé. Les résineux sont bien protégés par leur défenses naturelles, tout particulièrement la résine des … résineux.

 

Galeries de scolytes sous l'écorce

1 – L’ips typographe, ainsi appelé car en circulant sous l’écorce, il grave le bois à la manière des premiers fabricants de lettres typographiques. Photo de Gilles San Martin.

Des sécheresses assassines

Les scolytes se sont trouvé un allié solide avec le réchauffement climatique, les hivers plus doux qui ne détruisent pas les pontes et les sécheresses estivales qui suivent. L’épicéa, c’est bien connu est un grand buveur.

Buveur d’eau s’entend.

Depuis quelques étés, le grand buveur est en manque presque chronique. Il souffre ; le scolyte l’a compris et se rue sur les arbres épuisés.

Après tout, il ne fait que jouer son rôle de régulateur naturel ; on a oublié de lui expliquer que nous, les hommes, avions besoin de ces arbres pour faire des planches et toute une série d’usages dont l’insecte se fout éperdument.
Un arbre infecté peut héberger jusqu’à 30 000 insectes par an (en 3 cycles de ponte qui s’accélèrent lorsque la température monte au-delà de 20°).

 

L’ips lui-même a ses parasites. Ici, le scolyte est attaqué par un champignon. Photo de Gilles San Martin.

Un combat inégal entre l’insecte et la forêt

Voici une très mauvaise nouvelle, il n’y a pas de parade aux invasions. Pas d’arme, pas de missile disponible contre cette armée minuscule mais efficace. Quelques pièges à insectes peuvent être installés, mais aucun ne semble efficace. La seule solution, abattre rapidement et évacuer les arbres atteints et chargés de leurs insectes afin de diminuer leur prolifération.

C’est une catastrophe économique.
L’importance des volumes de bois concernés (on parle de près de 500 000 mètres cube en 2018) et l’obligation légale de les abattre dans un délai bref ont des conséquences importantes sur le prix de l’épicéa et la filière bois.

 

épicéas attaqués par les scolytes

Il faut évacuer les arbres atteints au plus vite, même si leur valeur économique est tombée au plus bas.

 

Pourtant, certains, et pas seulement des naturalistes radicaux, y voient une opportunité. L’idée est de remplacer les épicéas (qui sont une essence importée) par d’autres essences plus intégrées au milieu ardennais. Et de préférence, les essences locales traditionnelles telles le hêtre ou le chêne. L’objectif est de reconstituer une forêt plus résiliente, plus résistante, plus durable et plus ouverte à la biodiversité. C’est totalement louable, et c’est probablement le seul chemin à suivre.

Souhaitons que cette voie ne soit pas déjà entravée par de nouveaux obstacles dus aux changements climatiques. On n’en sait trop rien en fait. Si la voie est barrée, ça va être compliqué. Quel sera le futur visage de la forêt d’Ardenne ?

Les photos 1 et 2, ainsi que la photo du titre sont de Gilles San Martin  https://www.flickr.com/photos/sanmartin/

Texte: Fr. Rion

Sources :
Crise du scolyte, Forêt et Naturalité – https://www.foret-naturalite.be/
https://www.notrenature.be
Wikipedia.org
www.scolytes.be

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De Herbeumont à Vresse : le petit monde à l’envers des chauves-souris

De Herbeumont à Vresse : le petit monde à l’envers des chauves-souris

De Herbeumont à Vresse : le petit monde à l’envers des chauves-souris

Comme chaque année, entre mi-janvier et mi-février  – qui est en principe la période la plus froide -, une trentaine de volontaires de Plecotus-Natagora ont participé au recensement hivernal des chauves-souris dans la région de la Semois ardennaise. Durant 5 jours, ces passionnés de chiroptères se sont répartis par petits groupes et ont exploré 63 sites (anciennes ardoisières, ponts, cavités souterraines…), afin d’identifier et compter les individus présents dans leur gite hivernal. Au total, 1782 chauves-souris, appartenant à plus de 12 espèces différentes ont été comptabilisées !

 

Les cavités souterraines à température constante sont le refuge hivernal des chauves-souris

 

 

En route dans les entrailles de la terre.

 

 

 

« La plupart des chauves-souris se réfugient dans les cavités souterraines où la température est constante d’une dizaine de degrés, l’humidité saturée à 100%  et là où un courant d’air maintient une qualité d’air », précise Thierry Debaere, une des chevilles-ouvrières de « Plecolux » (le groupe régional de Plecotus pour la province de Luxembourg). Pour cette exploration au « ventre de la terre », les naturalistes s’équipent de bottes, car la plupart des sites sont inondés ou boueux, de vêtements adaptés, souvent d’un casque et d’une très bonne lampe de poche. « Il faut chercher les petits mammifères un peu partout.  Les plus faciles se laissent pendre au plafond des salles. Mais la majorité se cache dans les petites anfractuosités.  Il faut avoir l’oeil ! ». Spécialiste reconnu des chiroptères, Frédéric Forget était également de la partie lors du recensement : «Notre pays compte actuellement 23 espèces de chauves-souris, précise-t-il, dont une vingtaine se reproduisent.

 

 

Une ancienne galerie d’ardoisière. Les pierres des couloirs sont en fait des déchets que l’on arrangeait de la sorte pour éviter de les sortir de la galerie.

 

 

 

 

Une population en augmentation,… mais pas partout

 

La région de la Semois est un véritable eldorado, car depuis le début de cette année, pas moins de 12 espèces ont été comptabilisées. » Parmi celles-ci, plusieurs sont des espèces rares à très rares : le grand murin, le murin à oreilles échancrées, le murin de Bechstein, le grand rhinolophe, mais surtout la barbastelle d’Europe considérée comme disparue de nos contrées jusqu’il y a peu. « Si les populations de chauves-souris sont en net déclin dans la plupart des régions du globe, il n’en va pas de même en Europe – et donc forcément ici – où les effectifs sont en augmentation pour de nombreuses espèces » poursuit Frédéric Forget. Nul doute que l’interdiction de l’utilisation de certains produits toxiques comme le DDT et d’autres puissants pesticides ou insecticides en est une des raisons principales.  Cela dit,  même si les pesticides actuels semblent moins toxiques, ils ne sont pas sans risques pour les populations de chauves-souris. Et diverses autres menaces pèsent toujours sur nos sympathiques petits mammifères : destruction des habitats naturels, élimination des haies, dérangements, isolation des bâtiments, prolifération des éoliennes, augmentation de la pollution lumineuse…

 

 

 

Le grand rhinolophe, Batman n’est pas loin!

 

Le Grand Murin est une des plus grandes espèces de chauves-souris d’Europe.

Les araignées de cavité côtoient les chauves-souris, elles aussi se baladent la tête en bas.

La protection de l’espèce passe par la sensibilisation

 

Si l’hiver est une des périodes de grande fébrilité pour les membres de Plecotus, leur travail ne se limite cependant pas à la mauvaise saison : « Au printemps et en été, nous recherchons des colonies dans les bâtiments mais aussi dans les cavités naturelles.  Pour cela, nous utilisons des appareils à détection d’ultra-sons pour suivre les chauves-souris. Grâce à leur sonar, nous pouvons identifier les espèces qui émettent des ultra- sons pour se déplacer, chasser des insectes mais aussi dialoguer entre elles. Le dernier projet en cours de Plecotus est la recherche des différentes espèces de chiroptères chassant les insectes dans les étables (bio ou non). Nous effectuons également des études d’incidence pour des bureaux d’études pour des implantations d’éoliennes ». La sensibilisation et l’éducation sont aussi des piliers majeurs de l’action du groupe Plecotus. Le public a conscience que les chauves-souris sont intégralement protégées et de plus en plus rares sont les personnes croyant qu’elles s’accrochent aux cheveux, détruisent l’isolation des maisons ou se reproduisent à une vitesse exponentielle ! « Le travail de sensibilisation est également un volet important du travail de Plecotus : depuis la fin des années 90, nous organisons la Nuit de la Chauve-Souris à travers tout le territoire de la Wallonie et à Bruxelles. Celle-ci a rassemblé, depuis son lancement, des milliers de personnes que nous invitons à partir avec nous à la rencontre de ces animaux fascinants » précise Frédéric Forget.

 

 

Le recensement des chauves-souris outre son aspect scientifique est également une activité de découverte et de sensibilisation à la découverte de la nature. Les poutrelles servent de barrières et permettent le passage des chauves-souris.

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Présent également lors du recensement des chauves-souris entre Herbeumont et Vresse, Thierry Gridlet de la régionale Natagora Semois ardennaise, se réjouit de la bonne santé des populations recensées ces dernières années : « La région de la Semois se pose en candidat très sérieux au titre de Parc National qui sera octroyé à deux sites majeurs wallons fin de cette année (2022). La diversité des espèces de chiroptères présentes dans notre zone et l’abondance des effectifs sont évidemment un des nombreux éléments particulièrement solides que présenteront les porteurs de la candidature de la Semois ».

 

 

Frédéric Forget (à droite) est oncologue à Libramont et membre fondateur de Plecotus. Il est un des plus grands spécialistes des chauves-souris dans notre pays et a réalisé de nombreux documentaires (notamment présentés lors de la « Nuit de la chauve-souris ») dont un a reçu un prix au Festival International Nature Namur. Thierry Debaere (à gauche) s’occupe d’une association de protection de la nature à Bertrix (ADN : Association de Découverte de la Nature) et est responsable des recensements hivernaux des chauves-souris en Semois ardennaise.

 

 

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Texte et photos : Thierry Gridlet/Natagora Semois ardennaise

 

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Variations sur la buse variable (Buteo buteo)

Variations sur la buse variable (Buteo buteo)

Variations sur la buse variable (Buteo buteo)

La buse est au sol, pestant de s’être posée trop tard. Le campagnol a senti le danger venir du ciel et s’est engouffré dans sa galerie. Le rapace reprendra lourdement son vol et ira se poser sur le piquet de clôture le plus proche. Qui sera le plus patient, ou le plus malin ? Le campagnol sortira-t-il de nouveau par le même passage ? La buse sera-t-elle toujours sur son poste d’observation pour plonger de nouveau et, peut-être enfin, capturer sa proie ?

Le plus commun des rapaces de l’Ardenne

La buse variable est sans aucun doute le rapace diurne le plus commun des terres ardennaises. C’est elle que l’on aperçoit postée en hauteur sur un piquet, un arbre, sur le poteau ou même les câbles électriques. De là elle observe attentivement les mouvements de ses proies dans les champs et les pâtures.

 

La buse sur son poste d'observation favori

La buse sur son poste d’observation favori : le piquet de clôture. Photo de Jean-François Delepine

 

 

En Ardenne, elle niche plutôt en forêt mais les terrains découverts sont ses territoires de chasse préférés. Son vol est relativement lent et lourd, elle a besoin d’espace pour se mouvoir et plonger sur ses cibles. Elle n’a pas l’agilité ni la rapidité des faucons ou des éperviers. Elle se nourrit principalement de petits rongeurs, de grenouilles, de reptiles et de vers de terre ; d’animaux terrestres en somme car elle ne capture pas ses proies en vol.
Elle se transforme en charognard en hiver, lorsque la nourriture fraiche se fait plus rare.

 

 

L’envol est plutôt lent et lourd. La buse n’est pas rapide mais elle est un excellent planeur. Photo de Jean-François Delepine

 

Si son envol est pesant, elle est par contre assez douée pour utiliser les courants d’air ascendants ; ce qui fait d’elle un excellent planeur. Elle peut tournoyer lentement en de larges cercles aériens pendant des heures. Comme les autres rapaces, son regard est perçant, elle peut donc prendre de la hauteur pour repérer ses proies.
Le ciel est aussi le terrain des jeux nuptiaux. Il n’est pas rare d’observer un couple jouer dans une série de vols planés et de piqués acrobatiques tout en faisant entendre des cris espacés. Quand ils percent le silence des campagnes ensoleillées, ces miaulements caractéristiques sont l’expression du bien-être de l’oiseau.

Ce paisible tableau peut-être troublé, le vacarme devient alors assourdissant. Le ciel se transforme en tribune de foot. La débonnaire et pacifique buse doit fréquemment faire face au caractère irascible des bandes de corneilles noires. On dirait que ces volatiles aux couleurs de « macralles » ne peuvent s’empêcher de houspiller les buses en vol. Un coup de bec ou de serre se perd parfois mais souvent la buse s’éloigne et laisse la place aux corneilles. Le ciel est assez grand !

 

Nom de nom, ces corneilles sont bien belliqueuses ! Photo d’Evelyne Wintgens

 

 

Vous avez dit « variable »

Les naturalistes sont des gens pragmatiques. Lorsqu’il s’agit de baptiser une espèce, ils se basent sur l’observation. Ainsi, la buse variable est devenue variable car son plumage est … variable. CQFD.
Il n’y a pas d’uniformité de plumage d’un individu à l’autre. La couleur du dos est relativement constante allant du gris-brun au brun foncé, mais le dessous (la poitrine) peut aller d’une couleur très sombre à une tonalité presque blanche striée de taches plus sombres sur une poitrine claire, et plus claires sur une poitrine foncée. Le dessous des ailes et de la large queue arrondie sont de la même couleur que la poitrine.
L’animal présente un aspect trapu au sol. En vol, il est tout en rondeurs, sa queue est déployée comme un éventail de demoiselle, ses ailes sont très larges. L’envergure peut avoisiner les 130 cm. On peut parfois s’apercevoir que ce planeur nous survole par l’ombre de sa silhouette que le soleil projette à nos pieds.
Elle peut vivre jusqu’à 25 ans.

 

La poitrine, le bas des ailes et de la queue sont de la même couleur allant du brun au blanc. Photo d’Evelyne Wintgens

Sédentaire mais pas trop

En Ardenne, la buse est plutôt sédentaire, elle passe l’hiver « à la maison ». Pendant la saison froide, elle peut partager son espace aérien avec des sujets d’Europe du nord qui se réfugient chez nous où les températures hivernales sont un peu plus clémentes.
Une étude belge sur le baguage de populations de buses a signalé un animal bagué à Ekeren (Anvers) en octobre 1978 et retrouvé mort en Mauritanie deux mois plus tard. Il s’agissait d’une des deux sous-espèces que compte la région : Buteo b. vulpinus, plus migratrice que sa très proche cousine Buteo b. buteo. (Aves 1997 – Contribution à l’étude la buse variable, mortalité et mouvements – Patrick del Marmol)

 

Plus de danger pour l’espèce, … pour le moment.

L’espèce n’est pas – ou plus – considérée comme espèce en danger. Pourtant, pendant de siècles, jusqu’à une époque récente, la bêtise humaine a fait des rapaces la cible des hommes. Considérée comme un concurrent par certains fiévreux de la gâchette, elle en prit du plomb dans l’aile, et ailleurs. Les agriculteurs ont mis bien du temps à comprendre que les rapaces pouvaient être de précieux alliés dans la lutte contre les rongeurs, destructeurs de récoltes. Cette alliance nouvelle compense les quelques poules attaquées par les buses de temps à autres.

Une pratique barbare consistait à placer des pièges à mâchoires sur les piquets de clôture fréquentés par les buses. Il n’était pas rare de découvrir un cadavre de buse pendouillant le long d’un piquet.

Heureusement, les mentalités changent, elles sont un peu aidées – il faut bien le dire – par le statut de protection totale dont bénéficient désormais les rapaces. Certains agriculteurs, les maraîchers et les pépiniéristes en tête, adoptent  la buse et ses cousins en tant qu’alliés. Plutôt que tenter de piéger les rongeurs, ils invitent les rapaces en installant des perchoirs en hauteur sur lesquels les oiseaux peuvent se poser et scruter le sol à l’affut d’une rate ou d’un mulot qui se risquerait hors de sa galerie.

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Vidéo : Les buses ne sont pas partageuses

Une vidéo de Harry Mardulyn

3 Buses variables se disputent une carcasse de marcassin dans la réserve du Bec du Feyi à Wibrin (Ardennes belges).



 

 

Les photos sont de
Roland Piron, Evelyne Wintgens, Ploppys Jean-François Delepine

La vidéo est de
Harry Mardulyn

Texte Fr. Rion – MediArdenne
Sources :
Guide des oiseaux – Sélection RD – 1975
Chasse-Pêche – Institut enseignement agricole et forestier La Reid – W. Ernould – 1979

http://biodiversite.wallonie.be/fr/buteo-buteo.html?IDD=50334099&IDC=312

https://www.oiseaux.net/oiseaux/buse.variable.html

https://www.lesitedesanimaux.com/dossier-30-buse-variable.html


 

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La Calestienne, serpent d’Ardenne

La Calestienne, serpent d’Ardenne

La Calestienne, serpent d’Ardenne

La Famenne schisteuse est séparée de l’Ardenne par une bande relativement étroite (quelques kilomètres) mais continue, s’étendant de Trélon (F) à Louveigné, formée de roches calcaires d’âge dévonien appartenant au flanc sud du synclinal de Dinant : c’est la Calestienne, serpent d’Ardenne.

 

 

La Calestienne est une région étroite intercalée entre la Fagne-Famenne au Nord et l’Ardenne au Sud. Elle est caractérisée par la présence dans son sous-sol de roches calcaires mises en place dans les mers chaudes de l’ère primaire (au dévonien moyen c’est à dire il y a 370 millions d’années).

Elle s’étend sur quelque 130 kilomètres depuis Trélon (France) jusqu’à Louveigné en passant par Chimay, Givet, Han-sur-Lesse, Rochefort, Barvaux, Remouchamps.

 

 

La Calestienne du nord, vue sur le village de Wéris

 

La Calestienne du sud, le « Fondry des chiens » et ses roches calcaires. Photo : Wikimedia Commons, Dorian Claeys

 

L’origine du mot Calestienne est souvent attribuée au toponyme  » tienne « . Les tiennes sont des collines calcaires autrefois tapissées de pelouses sèches sur lesquelles les moutons pâturaient. En fait ce terme dérive du wallon  » calistiène  » lui-même provenant de l’allemand  » kalkstein  » (pierre calcaire = pierre à chaux).

La Calestienne présente des paysages beaucoup plus variés que l’Ardenne forestière située au Sud ou la Fagne-Famenne schisteuse, dépression humide et bocagère, située au Nord.

 

 

La Calestienne du nord, la route vers Durbuy.

Le Viroin de passage à Treignes

 

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3 balades à vélo en Calestienne

« Bois sous les Granges », la réserve naturelle de Huguette et ses moutons Herdwick  | Vresse Sur Semois

« Bois sous les Granges », la réserve naturelle de Huguette et ses moutons Herdwick | Vresse Sur Semois

« Bois sous les Granges », la réserve naturelle de Huguette et ses moutons Herdwick | Vresse Sur Semois

Marguerite, Dorine, Digitale, Dauphinelle…

… Nous sommes ? Nous sommes ? Nous sommes ? Nous sommes ? Des moutons british de race HERDWICK.

Si vous passez un jour du côté de Chairière, près de Vresse Sur Semois… venez nous compter (cela vous permettra de mieux vous endormir le soir !), ou conter fleurette (bêêêêh oui… «marguerite», «digitale», «dauphinelle» !)…

 

Parole de mouton

Depuis plusieurs années, nous paissons dans la réserve naturelle Natagora dite : « Bois sous les Granges ». Notre race est très rustique et sommes les phénix des zones humides… Notre troupeau a été choisi par Huguette – notre bergère – pour participer, avec des « Volon-Terre » de votre espèce, à la gestion du site. Mais notre pâturage extensif, notre métier de tondeuse naturelle… nous l’effectuons 24 h/24h et cela, qu’il pleuve, qu’il neige ou qu’il vente !

Notre domaine vital se compose d’un petit marécage initialement voué à un lotissement et d’une belle prairie arrachée à l’agriculture intensive. Cela, c’est grâce à cette sacrée volontaire dynamique de Natagora Semois ardennaise qu’est Huguette ! Elle a personnellement acheté les terrains et les a cédés sous la forme d’un bail emphytéotique à Natagora – qui leur a accordé l’en-VIE-able statut de « réserve naturelle ».

Appelé « Bois sous les Granges », notre domaine compte un bel ensemble d’habitats : mares (où les « berges rient » quand nous nous y abreuvons), pelouses et parcelles boisées. Nous le partageons avec de nombreux voisins, comme plusieurs espèces d’amphibiens mais également un sympathique reptile : la couleuvre à collier. Celle-ci est particulièrement chouchoutée, car les « Volon-Terre » de Natagora Semois ardennaise laissent à disposition de la Belle, des tas de bois et de foin pour hiverner.
Elle, et toute sa petite tribu ne se réveilleront qu’au printemps, lorsque nous passerons devant leur couette et que nous leur demanderons : « Quelle heure reptile ? » tongue-out   (© Jean-Luc Fonck – ce jeu de mots, j’aurais aimé l’avoir déniché moi-même).

 

 

Bien sûr, de nombreuses autres espèces animales partagent notre quotidien… Et parmi elles : VOUS ! Méchoui, mais oui, vous : Grands «Bedots»* que vous êtes à saccager notre bêêêlle petite planète bleue ! Chez Natagora Semois ardennaise, ils veulent pourtant y croire ! Ils sont persuadés que l’éducation est un levier efficace pour changer le monde ! Alors, ils vous ouvrent les portes, ou plutôt les clôtures ! Et vous disent : « Bienvenue chez nous » !

Via des chemins balisés agrémentés de panneaux explicatifs et l’organisation de visites guidées, « Bois sous les Granges » permet la découverte de la faune et de la flore ardennaises. Des activités sont régulièrement organisées pour des petits groupes et le site est en permanence accessible au public. Un circuit sécurisé a été aménagé sur caillebotis et permet de profiter de cette belle zone marécageuse sans l’abîmer, ni se mouiller les pieds. Elle est pas bêêêêlle la Vie ?

*Bedot : mouton en wallon. (NDLR :ne le prenez pas mal, mais ça veut dire que les moutons qui vous qualifient ainsi vous trouvent un peu bêtas ) wink

La Maison de la Semois ardennaise

Plus fort encore… un centre éducatif baptisé « Maison de la Semois ardennaise » – à la forme d’un séchoir à tabac – a été érigé avec des matériaux de récupération. C’est écologique, durable, solidaire et … « Peuchère »… ! De nombreuses activités y sont organisées pour et par vos pairs : conférences, formations, ateliers de bricolage nature pour enfants… et parce que vous aimez lire, décorer votre intérieur, chiner, planter… une boutique vous accueille librement les vacances et les week-ends de beau temps…

 

 

Et comme Dorine, Digitale, Dauphinelle et moi sommes des adeptes du développement durable… nous acceptons avec félicité que notre toison soit tondue, filée, tissée et vendue sur place ! Pas de made in China chez nous. Mais tout made in Chairière ! Notre laine est ainsi utilisée par nos artisans bénévoles pour réaliser de sympathiques peluches gris souris. Vraiment, nous sommes les championnes du circuit court : du producteur au consomm-acteur… en quelques centaines de mètres à peine! En plus, les prix sont à défier toute concurrence… mais chaque euro récolté permet cependant aux membres de la Régionale Semois ardennaise d’acquérir et d’entretenir de nouvelles réserves naturelles le long de la plus belle rivière du petit royaume de Belgique…

On vous attend ! Bêêêêêlle journée à vous!

Rédaction : Marguerite, Dorine, Digitale, Dauphinelle, avec l’aide de Thierry Gridlet – 2021
Photos : Thierry Gridlet
Le parcours balisé dans la réserve dure environ 45 min.
Entrée : rue Lieutenant Colas n° 46 – 5550 Chairière (Vresse-sur-Semois).

La Maison de la Semois ardennaise est située rue Saint Walfroid, également à Chairière.

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Huguette Reynaerts… une fille des réserves naturelles au … naturel réservé !

En 2005, Huguette Reynaerts a choisi de s’installer en Ardenne namuroise, dans le petit village de Chairière, sis à quelques clapotis de la Semois.

 

Huguette est originaire de Gand. Dès sa plus tendre enfance, elle est plongée dans la nature ! Avec ses parents, Liliane et Maurice, et ses sœurs Ingrid et Carine, Huguette participe en famille à la création de plusieurs réserves naturelles : Bourgoyen Ossemeersen, Assels, Kalevallei, Vinderhoutse bossen (dans la vallée de la Lys). Comme elle le fera, avec l’équipe de Natagora Semois ardennaise à la réserve Bois sous les Granges quelques décennies plus tard, Huguette et sa famille animeront à Elzenhoeve un Centre éducatif. Son papa y donnera des formations… et l’équipe féminine créera de nombreux objets artisanaux pour la petite boutique verte… L’Histoire n’est donc qu’un éternel recommencement !

En 2005, Huguette s’installe à Chairière, dans la commune de Vresse-sur-Semois. Là, elle  fonde la réserve naturelle « Bois sous les Granges » qu’elle a acquise sur fonds propres avant de la céder par bail emphytéotique à Natagora. Durant les années 2008 à 2016, elle occupe la fonction de présidente de la régionale Natagora Semois ardennaise. Naturaliste chevronnée, elle  dispense  de nombreuses formations, effectue d’innombrables recensements au niveau de la faune et de la flore de la région de la Semois, organise de nombreux chantiers de gestion dans les réserves naturelles locales (avec les bénévoles locaux, des volontaires néerlandophones, les Compagnons bâtisseurs…), initie de nombreux achats de terrains, anime le Centre éducatif Bois sous les granges, réalise des ateliers éducatifs et créatifs pour les enfants, crée des milliers d’objets artisanaux avec le groupe Artistes et artisans du Bois sous les Granges (que l’on peut toujours rejoindre)…

 

Huguette, la bienveillante bergère de la réserve du Bois sous les Granges

 

S’il te plait, Huguette… dessine-moi quatre moutons… 

Tout autour de sa charmante habitation, s’étend une zone naturelle de plus d’un hectare. Celle-ci est un havre de biodiversité. Afin de gérer le site, Huguette et l’équipe de Natagora Semois ardennaise sont épaulées par quatre paisibles moutons à la bouille craquante. Huguette nous les présente…

Huguette, pourquoi des moutons dans cette petite forêt marécageuse ?

La réserve Bois sous les granges s’étend sur une superficie d’un peu plus d’un hectare. Afin de gérer le site, le choix d’une gestion par pâturage extensif a été posé. Sur une telle surface, on pouvait y placer une vache de type Highland ou Galloway. En effet, il faut compter environ 1 hectare par tête de bétail. Mais avouons-le, ces animaux étant grégaires, il aurait été triste de laisser un individu isolé sur cet espace. Dès lors, notre choix s’est orienté sur le pâturage par des espèces ovines.

Et c’est de l’autre côté de la Manche que vous avez déniché la perle rare ?

Effectivement ! La plupart des espèces de moutons ne supportent pas des terrains aussi marécageux comme l’est la réserve Bois sous les granges. Cela étant dit, la race Herdwick – originaire du Lake District en Angleterre – est parfaitement adaptée à ce type de milieu. Les Herdwick possèdent de grosses pattes qui leur permettent de ne pas s’enfoncer dans les sols spongieux. De plus, ils disposent de poils entre les ongles, ce qui leur évite de se couper aux laiches, nombreuses dans nos marais. Nos moutons rustiques possèdent également diverses caractéristiques très intéressantes : les femelles mettent bas sans intervention humaine et l’espèce est particulièrement adaptée aux conditions météo plus délicates (intempéries, neige…). Par contre, en été, nos moutons aiment se réfugier entre les pilotis du Centre éducatif de la réserve : ils n’apprécient pas outre mesure la chaleur et … les taons.

L’expérience de pâturage de la réserve Bois sous les granges par des Herdwick est-elle une « première » en Belgique?

Non, absolument pas ! C’est d’ailleurs par des expériences précédentes menées par Natuurpunt à Gand que j’ai eu connaissance de l’efficacité de cette espèce. Les « Bergers bénévoles » de l’association gantoise (n.d.l.r. l’homologue de Natagora en Wallonie et à Bruxelles) sont allés chercher des animaux en Grande-Bretagne et actuellement, disposent d’un troupeau d’une trentaine de têtes. Certains individus paissent notamment dans les prairies humides de Latem, immortalisées par de nombreux artistes-peintres… du moins avant qu’elles n’aient disparu presque totalement sous le béton des lotissements…

A propos de cheptel, quelle est la genèse du petit troupeau du Bois sous les granges ?

Au printemps 2010, le bélier Chardon est arrivé à Chairière, accompagné de ses brebis – Aubépine et Cardamine – ainsi que les agnelles  Massette et Marguerite. L’année suivante, trois autres agnelles naquirent : Dauphinelle, Digitale et Dorine. A leur naissance, les moutons Herdwick sont noirs… sauf leurs oreilles qui sont blanches. Mais avec le temps, leur laine devient de plus en plus claire. Nous avons arrêté l’élevage pour plusieurs raisons. Le site étant assez restreint, nous ne pouvions imposer à l’hectare disponible une surcharge d’individus. Chardon est ainsi retourné du côté de Gand. A la grande joie des voisins de la réserve de Chairière, car notre cher bélier était un animal impressionnant, n’ayant aucun scrupule à franchir clôtures et muret (sans s’élancer… Chardon était monté sur ressorts ! ) afin de s’offrir une petite escapade en rue – d’où le danger qu’il représentait – ou dans les potagers alentours afin de se gaver de délicieux légumes. Ce qui n’était pas de nature à lui faire des amis…

Huguette, parlez-nous de la laine de vos protégées… ?

Chaque année, les moutons sont tondus à la fin du mois de mai ou début juin. Pour cela, nous sommes attentifs à la météo : les journées de fin de printemps – donc assez chaudes – sont attendues et la tonte n’est pas réalisée en cas de pluie le jour-même. Le matin du « jour J », les moutons sont  enfermés dans leur enclos. C’est une des raisons pour lesquelles ils reçoivent un peu à manger (n.d.l.r. deux poignées de granulés) à cet endroit durant toute l’année. Ainsi,  ils entrent sans se méfier dans l’enclos de contention avant que nous ne fermions la barrière. Une fois la laine récupérée, nous la traitons de deux façons : le filage ou le feutrage. Dans le cas de la première méthode, on ne lave pas la laine afin qu’elle reste  « grasse », ce qui permet de la filer plus aisément. Cela dit, le travail de filage débute par le cardage : il s’agit d’une étape qui permet aux poils d’être placés de façon bien parallèle. A titre d’information, la forme la plus « primitive » du filage s’effectue à l’aide d’un fuseau. Naguère, les bergères emportaient cet objet et vaquaient à cette activité pendant qu’elles surveillaient le troupeau. Une fois, l’opération de filage terminée, nous lavons les pelotes obtenues. Nous pouvons ensuite crocheter, tricoter ou tisser (n.d.l.r. les enfants aussi peuvent s’adonner à cette activité à l’aide d’un métier très simple à construire). Le feutrage est la seconde façon de traiter la laine. Dans ce cas de figure, celle-ci est lavée dans un premier temps. Une fois séchée, je pique dans la laine avec des aiguilles spéciales ce qui permet de la durcir. A noter qu’il est possible de feutrer de la laine avec de l’eau chaude et du savon, mais personnellement, je ne pratique pas cette technique.

Propos recueillis par Thierry Gridlet

La réserve du Bois sous les Granges

Chairière | Vresse sur Semois

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Retrouvez nos amies dans le dossier pédagogique en collaboration avec la section Semois ardennaise de Natagora

Rédigé par Thierry Gridlet et mis en page par Mathieu Gillet, le dossier pédagogique est destiné à des élèves de fin de sixième primaire ou de première année de l’enseignement secondaire. Il aborde diverses matières de géographie, de sciences, d’art plastique, de français… Une version traduite en néerlandais est prévue prochainement.

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La réserve naturelle des Quatre-Vents | Vielsalm

La réserve naturelle des Quatre-Vents | Vielsalm

La réserve naturelle des Quatre-Vents | Vielsalm

Située sur les hauteurs de la commune de Vielsalm, à une altitude de 521 mètres, la réserve des Quatre -Vents est une des rares réserves naturelles privées que compte le pays.

Créée en 1987 par un propriétaire passionné de nature, agrandie en 2013, elle couvre une surface d’un peu moins de quatre hectares.

Le sol rocheux ardennais

Le sol rocheux naturel recouvert d’une couche d’argile imperméable fait de l’endroit une lande tourbeuse comme elles sont très nombreuses en Ardenne. Les plantations d’épicéas et leur exploitation qui eurent lieu avant la restauration du cadre naturel avaient bien-entendu largement transformé le couvert ainsi que les espèces animales présentes sur l’endroit. Un certain travail de réadaptation a donc été nécessaire pour favoriser le retour des espèces végétales et animales d’origine. C’est ainsi que des petites mares ont été creusées et que très régulièrement, un entretien est nécessaire afin d’éviter que les épicéas du voisinage ne recolonisent l’endroit. La réserve étant relativement petite, les épicéas qui la ceinturent auraient tôt fait de reprendre le dessus sur la flore locale.
Ces travaux sont effectués par des bénévoles de la « Trientale », la branche locale des Cercles des Naturalistes de Belgique. L’équipe de bénévoles a pu bénéficier du soutien logistique et scientifique du projet Life Ardenne Liégeoise. Clôturé en 2020, ce projet européen visait à restaurer les habitats naturels en Haute Ardenne et en Hautes Fagnes.

 

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Les moutons, des travailleurs efficaces

 

Les moutons de la Reserve des Quatre-Vents

Les « Ardennais Roux » sont des alliés de choix pour l’entretien des réserves naturelles humides.

 

Mais pour faciliter le travail des hommes, la botte secrète réside dans le pâturage contrôlé de la zone humide par un troupeau de mouton. La race « Ardennais roux » a été choisie pour ses aptitudes à s’accommoder aux milieux humides. Le troupeau d’une trentaine de bêtes est adapté à la superficie de la zone et est géré, comme en agriculture de production, en fonction de la production du terrain, de la saison ou de la sécheresse. La sauvegarde de la biodiversité prime, on s’en doute sur la qualité nutritionnelle du pâturage. Les animaux sont présents du printemps à la fin de l’été.

Les attentes des gestionnaires sont rencontrées

Les résultats de la gestion sont très positifs, des espèces naturelles de libellules et de papillons se sont rapidement réinstallées. Le nombre de pieds d’orchidées sauvages est en constante augmentation. Bien-entendu, la bruyère omniprésente sur le sol acide fleurit à la fin de l’été. Le genévrier commun – qui avec l’If est le seul résineux indigène en Ardenne – fait également l’objet de soins particuliers. Ses recrus sont protégés de treillis afin que les moutons de n’y attaquent pas, les baies et les jeunes pousses sont particulièrement appétissantes pour eux.

Il va de soi que la réserve étant une propriété privée, clôturée pour la pâturage des moutons qui plus est, son accès ne peut se faire qu’avec l’autorisation du propriétaire.

 

Ci-dessous quelques espèces de libellules et papillons qui s’installent durablement dans la réserve.
Les photos d’insectes sont de Michel Humblet  – Visitez sa page Facebook

 

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L’Ardennais roux

Tête d'ardennais

Comprenez-vous pourquoi on l’appelle l’Ardennais ROUX ?

 

Jusqu’à la fin du 19ème siècle en Ardenne, l’élevage du mouton était beaucoup plus répandu que l’élevage bovin. La rudesse du climat et la pauvreté du sol rocheux se montraient plus propices au pâturage des moutons qu’à l’engraissement des bovins. C’était une époque où les éleveurs travaillaient avec les races locales, non encore croisées ou sélectionnées par la science dédiée aux animaux de ferme, la zootechnie.
L’Ardennais roux était présent sur tout le territoire ardennais où il s’est façonné naturellement.
Son élevage a progressivement diminué au fur et à mesure que les landes ardennaises laissaient la place aux forêts de résineux pour une part et aux pâturages clôturés et de plus en plus soumis aux engrais chimiques.

Adieu berger, adieux moutons, le progrès est en marche.
A la fin des années ’50, il aurait disparu complètement si quelques exemplaires n’avaient été sauvegardés en Flandre sous le nom de « Ardense Voskop ».

C’est donc au départ de la Flandre que le Roux reprend actuellement possession de sa terre natale. Comme quoi, l’Union fait la Force. Le regain d’intérêt dont il bénéficie est dû à ses aptitudes de « rusticité » comme disent les éleveurs. L’Ardennais roux ne sera certainement pas une des races les plus productives en viande, mais il s’accommode parfaitement d’un un sol pauvre, sachant se contenter d’une nourriture maigre, des ronces, des orties. De plus, il résiste très bien aux maladies et surtout aux affections des pieds dont les ovins peuvent être très sensibles sur sols humides.

Voilà pourquoi on utilise de préférence les Ardennais roux pour l’entretien des réserves naturelles ardennaises souvent implantées en milieu humide.

Les projets LIFE en Wallonie:

>>> ICI <<<

Les Quatre-Vents

Les quatre-Vents

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Le sorbier des oiseleurs

Le sorbier des oiseleurs

Le sorbier des oiseleurs

Le sorbier des oiseleurs

 

De tous les arbres du genre « sorbus », le sorbier des oiseleurs (Sorbus aucuparia) est certainement un des plus présent en Ardenne(s), et certainement le plus apte à se développer dans les landes et les forêts locales. C’est un arbre un peu timide et sans prétention, il se montre discret, sauf lors des années de forte fructification ; alors, ses baies rouges éclatent en feu d’artifice aux yeux des promeneurs.

 

Le régal des oiseaux

 

Répondons immédiatement à la question principale : pourquoi « des oiseleurs ? ».
En été, le sorbier se distingue par ses fruits que sont les petites baies rouges qui crèvent parfois le vert forestier ou le bleu du ciel. Ces baies qui peuvent persister jusqu’aux gelées de l’hiver ont un grand pouvoir attractif sur différentes espèces d’oiseaux, principalement à l’occasion de leurs longues migrations. Parmi ces espèces, les grives qui traversent nos régions par centaines de milliers dès septembre pour rejoindre leurs quartiers d’hiver. Dans le passé, les grives étaient très prisées par les tendeurs pour leur goût délicat au palais des gourmets. Les baies de sorbier constituaient donc l’appât idéal pour les tendeurs aux grives qui utilisaient des collets (appelés aussi des lacets) pour capturer cruellement ces oiseaux par étranglement. Comme c’est sympathique ! La tenderie aux grives est désormais interdite en Belgique mais une pratique encore plus inhumaine, la chasse à la glu, se perpétue hélas encore en France au nom de la tradition. Nous vous laissons le soin de juger le bien-fondé de l’argument.
Un commerce de baies s‘était d’ailleurs développé à l’usage des tendeurs. Un commerce suffisamment florissant pour que le gouvernement prussien, qui au 19 ème siècle occupait les régions à l’est de Malmedy, encourage la plantation de sorbiers le long des routes afin de tirer un revenu de la vente des baies.

 

 

Un grive dans son garde-manger de baies de sorbier

Les baies de sorbier persistent longtemps après fructification, une aubaine pour les grives. Photo de Harry Mardulyn.

 

Le merle au sorbier

Une aubaine pour les grives,… et pour les merles. « Faute de grive, on photographie des merles », c’est bien connu – Photo de Harry Mardulyn.

 

 

 

… et le régal des abeilles

 

Le sorbier est également un arbre mellifère, il attire volontiers les abeilles et autres insectes qui participent à la pollinisation des plantes. Ces visiteurs sont bien-entendu suivis par d’autres oiseaux qui s’intéressent plus à la chasse aux insectes qu’à la consommation des baies.
Par ses propriétés favorisant la biodiversité, le sorbier est remonté dans l’estime de l’administration forestière qui en a longtemps négligé la culture.

 

 

 

Sorbier et gelées

Les baies de sorbier résistent bien aux gelées hivernales

 

 

Le bois du sorbier

 

Le sorbier est plutôt considéré comme un grand arbuste, une hauteur de dix à quinze mètres est la hauteur de maturité. Il aime la lumière pour se développer, c’est la raison pour laquelle on le trouve souvent en lisière de parcelle forestière, dans les landes et les fagnes ou encore comme recru naturel sur les parcelles d’épicéa exploitées en mise à blanc (parcelles où tous les arbres sont abattus en une fois lorsqu’ils sont arrivés à maturité commerciale). Son bois est peu valorisé, pourtant il n’est pas dépourvu de qualités. Par sa dureté et sa compacité, avec un aubier légèrement rougeâtre et un cœur brun plus sombre il est apprécié en sculpture. Il pouvait être également utilisé pour fabriquer des engrenages et des moyeux de roues en bois, à condition de trouver des arbres d’un diamètre suffisant. Sa texture douce au toucher en fait un matériau idéal pour les outils en bois ; enfin, c’est dans la fabrication d’instruments de musique qu’il est encore souvent utilisé.

 

Un sorbier vénérable

Qui a dit que les sorbiers n’étaient pas longévifs ? Voici un vieux spécimen dans la région de Lierneux. Vu son âge, il y a fort à parier que son tronc est creux

 

Le sorbier à la cuisine et dans la pharmacie

Si les baies de sorbier sont un régal pour les grives, les gouter crues ne nous fera pas chanter de joie comme la grive musicienne; ce n’est pas très bon. Ce n’est pas non plus un poison violent, un enfant ne courra pas grand risque à en ingérer quelques-unes, un effet laxatif apprendra aux gamins qu’il vaut mieux cueillir des myrtilles. Cependant, une ingestion en grande quantité pourrait provoquer une détresse respiratoire. Le risque est toutefois limité puisque manger les fruits n’est pas du tout agréable.
Ce sont surtout les fruits des cousins du « sorbier aux grives », les cormiers et autres alisiers, qui peuvent être utilisés cuits en compotes ou marmelades, mais ce n’est pas très courant. La cuisson rend inoffensive l’action des légers poisons qui causent les effets décrits plus haut.

 

Baies et feuilles de sorbier des grives

Baies et feuilles de sorbier des oiseleurs. Les feuilles sont dites pennées. Elles sont composées de 10-15 folioles finement dentées jusqu’à la base.

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Les peûs d’havurna, les peûs d’tchampinne

En Belgique, la tenderie spécifique aux grives est interdite depuis les années ’60. En 1993, l’interdiction de la capture s’est étendue à toutes les espèces d’oiseaux migrateurs, par quelque technique que ce soit.
Jusqu’alors, la tenderie était un loisir de petites gens. Les bourgeois chassaient, les ouvriers tendaient.
C’est de cette époque, celle où papa tendait le dimanche, que m’est restée dans l’oreille la formule des « peûs d’havurna », les pois de sorbier qui étaient toujours mis à sécher au grenier et utilisés pour attirer les oiseaux. Pauvres oiseaux.

La prise de conscience environnementale, les empoisonnements causés par les pesticides agricoles et les larges abus perpétrés par les braconniers ont amené à interdire la pratique.
Si la tenderie officielle est devenue prohibée en Ardenne belge et dans tout le pays, le braconnage subsiste. En 2018 encore, une saisie record de 670 oiseaux eut lieu en région verviétoise. Il existe encore de véritables réseaux organisés pour écouler les prises.

Tout ça est bien loin de la tenderie de Papa ou de mon vieux voisin décédé aujourd’hui, que je voyais de temps en temps revenir discrètement du bois avec une petite besace récupérée de l’armée américaine. Que pouvait-elle bien contenir ? Une grive ou deux et un « lacet » fait de crin de cheval, certainement. Mon vieux voisin est pardonné, il était de cette génération qui cultivait un autre rapport avec la nature. Autres temps, autres mœurs. C’est différent maintenant, et c’est bien ainsi.

 

Il est appelé  « Branzière » en Ardennes françaises et « Pêtchi » en wallon de Saint-Hubert.

François Rion – Mediardenne 2020

Sources et biblio :
2014 l’année du sorbier – SPW éditions
Arbres et arbustes de nos forêts – Vedel, Lange & Luzu – Editions Fernand Nathan
La flore médicale wallonne – Robert Boxus (1939)
Les plantes de la Wallonie malmédienne – Abbé Joseph Bastin (1939)

Merci à Harry Mardulyn pour les corrections, les conseils et les photos.

Voir la vidéo de Harry Mardulyn et Lohan Duchâteau : Les baies d’automne.

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L’épicéa, ce sapin qui n’en est pas un

L’épicéa, ce sapin qui n’en est pas un

L’épicéa, ce sapin qui n’en est pas un

Ce conifère familier que l’on voit partout en forêt occupe près de la moitié des surfaces forestières de l’Ardenne.
On le croise principalement en Haute-Ardenne, au-dessus de 400 mètres d’altitude où il trouve un sol et un climat très propices à son développement.

 

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Au printemps, les jeunes aiguilles donnent de très jolies couleurs aux lisières.

 

Si on reconnaît au chêne son appartenance à la noblesse forestière, l’épicéa incarne plutôt la classe laborieuse. Il se prête sans broncher à tous les usages. Il se laisse scier pour fabriquer du bois de charpente ou de menuiserie; très jeune, il se laisse déterrer pour porter les guirlandes et les boules de noël dans nos salons. Jeune, il se laisse découper pour se transformer en piquets, poteaux ou tuteurs. Il se laisse hacher et malaxer pour devenir pâte à papier ou panneaux de particules; et se laisse compresser pour se sacrifier au feu sous forme de pellets qui alimentent nos poêles ou nos chaudières industrielles.

Ce silencieux polyvalent pousse l’abnégation jusqu’à ne pas se plaindre lorsqu’on l’appelle “sapin”. Car l’épicéa n’est pas un sapin, il est un résineux certes, mais d’un autre genre botanique que les sapins. Les sapins vivent dans les sapinières, alors que l’épicéa forme des pessières.
Il porte ses graines dans des cônes qui pendent aux branches… et puis qui tombent. Ce sont ces cônes que les enfants ramassent au bois et ramènent aux parents en disant: « voici une pomme de pin ». L’épicéa passe maintenant pour un pin, et ne se plaint toujours pas, un caractère en or cet épicéa.

Un Ardennais d’adoption

 

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Il pousse vite, et son tronc est droit.

 

Disons de l’épicéa qu’il s’est très bien intégré, car en fait d’Ardennais, il ne l’est pas depuis très longtemps. L’épicéa n’est pas une essence indigène, son implantation en Ardenne date de la moitié du 19 ème siècle seulement.
Son introduction fut très utile en ce temps-là pour reboiser rapidement l’Ardenne – car il pousse vite – que l’exploitation excessive des siècles précédents avait ruinée.

Avant l’utilisation du charbon, la métallurgie naissante avait vidé l’Ardenne de ses forêts exploitées pour fabriquer du charbon de bois. Les hauts-fourneaux se sont ensuite déplacés vers les bassins houillers, mais la forêt était rasée. Les mines de charbon réclamaient elles aussi du bois en quantité, pour étançonner les galeries. L’épicéa convenait très bien à cet usage également avant d’être supplanté par le pin sylvestre. La haute-Ardenne était encore constituée de terrains dits « incultes », les fagnes et les impressionnantes étendues de landes à bruyères considérées sans intérêt, qu’il fallait donc valoriser. L’entreprise de plantation de grande envergure prenait son envol, entraînée par la fièvre du progrès.

 

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De belles grumes attendent le transport vers la scierie.

Mais trop, c’est trop.

L’épicéa s’est avéré être une aubaine économique, c’est indiscutable et c’est toujours le cas. Il est apprécié des utilisateurs pour sa polyvalence, on l’a dit. Il grandit vite, c’est un avantage économique certain; et son tronc pousse particulièrement droit, ce qui facilite un sciage de qualité pour les bois d’œuvre.

 

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En effet, il n’ y a pas beaucoup de lumière dans cette jeune pessière.

 

Ses désavantages reposent plus sur la manière par laquelle il est cultivé que sur l’arbre proprement dit.
Jusqu’à la fin du 20ème siècle, avant la prise de conscience environnementale, l’épicéa était planté en rangs très serrés. Les jeunes arbres, sous l’appel de la lumière et jouant sur la concurrence grandissent plus vite. Dans l’ombre, les branches basses ne se développent pas et ne forment pas de nœuds dans le tronc. Tout cela est très utile économiquement, mais le résultat donne un couvert forestier dense à travers lequel la lumière ne passe pas.
Pas de lumière, pas de végétation sous les épicéas. Pas de végétation, pas de vie; pas de vie pas de biodiversité. Une parcelle d’épicéa est un désert disent les plus sévères.

 

Toujours soif cet épicéa

 

epiceas-mise-a-blanc

L’épicéa est encore trop souvent exploité en « Mise à blanc ». La parcelle est complètement rasée avant la replantation; ce qui expose les parcelles voisines aux vents et peut provoquer la chute des jeunes arbres : des chablis.

 

Grand buveur (d’eau) c’est sur les écosystèmes humides que son impact s’est montré le plus significatif. Son installation massive dans les zones humides, principalement dans les Hautes-Fagnes, a sérieusement menacé les réserves hydriques que constituent ces biotopes particuliers. Au point que cent cinquante ans après la colonisation forcée des lieux par l’épicéa, l’action humaine amène à retirer l’espèce plutôt qu’à l’entretenir. La gestion des forêts se tourne désormais vers un équilibre plus fin entre la conservation des milieux naturels et la production économique.

Quoi qu’il en soit, l’épicéa a fait son lit en Ardenne et ses hautes ramures vert foncé resteront une caractéristique familière du paysage ardennais.

Fr. Rion / 2016

 

 

En 2 mots : Épicéa commun (Picea abies)

Une “pesse” ou “sapine”, un “spéciyâ” selon le wallon pratiqué.

Un peuplement d’épicéas s’appelle une pessière

Les aiguilles sont uniformément vertes sur les deux faces, longues de 15 à 25 mm. Les cônes pendent aux branches, ils mesurent une dizaine de centimètres.

Croissance rapide, d’une durée de vie d’au moins 200 ans en Haute-Ardenne. Il est exploité pour les scieries beaucoup plus tôt, vers 60 à 80 ans. A cet âge, la hauteur atteint près de trente mètres. Dans les Vosges, qui sont probablement le berceau des épicéas d’Ardenne (ainsi que la région des Carpathes), on trouve facilement des arbres de 50 mètres et plus.

Son enracinement est “traçant”, les racines pénètrent peu dans le sol mais s’étendent à l’horizontale à faible profondeur. Il peut donc tomber rapidement en cas de grands vents.

Bois blanc, considéré comme tendre et moyennement durable.
Son bois est très souvent utilisé traité superficiellement en charpente, ou imprégné en profondeur pour les usages extérieurs.
Très utilisé comme bois industriel, pour les pâtes à papier et panneaux divers, les piquets et les poteaux. Il est répandu en Europe dans les régions montagneuses, Alpes, Jura …, avec des variétés de plaine dans les pays nordiques d’où il est importé scié sous le nom de “Sapin blanc du Nord“.

Au canada, on le connaît sous le nom d’Epinette.

Saviez-vous que …

L’épicéa est le bois le plus utilisé en lutherie.

On l’appelle « bois de lutherie » ou encore « bois de résonance » lorsque les planchettes d’épicéa sont utilisées pour fabriquer les instruments à cordes, les violons, violoncelles, guitares, mandolines, ukulélés, luths etc…
Si l’érable est préféré pour confectionner les fonds de ces instruments, l’épicéa sert à fabriquer le corps et la tablette supérieure. Par sa légèreté et sa faible densité, il est tout à fait indiqué pour offrir la meilleure résonance aux notes composées par le musicien.

Il faut évidemment relever en forêt des troncs sans le moindre défaut physique. L’arbre doit présenter une forme conique irréprochable, il ne peut pas y avoir de tension entre les fibres du bois. Aucun nœud ne doit apparaître évidemment, ils déformeraient le son et fragiliseraient la structure très fine des pièces de bois utilisées sur les instruments.

Plus étonnant, les cernes de croissances qui, d’année en année, forment la matière ligneuse et font grossir l’arbre doivent être aussi réguliers que possible. Ce qui n’est pas garanti lorsqu’on sait que la croissance des arbres est directement liée aux conditions climatiques subies par la forêt. Les sécheresses de 1976 et 2003 ont, par exemple, diminué très fortement la croissance des arbres. Ces différences de largeur des cernes peuvent elles aussi nuire à la sonorité.

Si vous saviez déjà tout ça, soit vous êtres un génie, un violoniste ou un luthier (on peut être à la fois génie ET violoniste ET luthier), soit vous aviez déjà lu la source principale de ce paragraphe  dans le n° de janvier-mars 2020 de « Forêt Nature » :

https://foretnature.be

 

La photo d’illustration provient du site web de l’Ecole Internationale De Lutherie de Marloie (Marche-en-Famenne / Belgique). 

Le Cordaneum à Marche-en-Famenne

Gauthier Louppe formé en lutherie à l’école internationale de Crémone (Italie) transmet son savoir à Marche en Famenne depuis 2010. C’est la seule école du genre en Wallonie.
Les locaux du Cordaneum abritent également un centre d’exposition sur la lutherie. Une exposition permanente reconstitue l’atelier d’un luthier et présente la construction des instruments du quatuor à cordes, et vous emmène à la découverte d’instruments particuliers et des œuvres contemporaines du Maître luthier Gauthier Louppe. Des expos temporaires sur différents thèmes orientés vers la lutherie complètent la visite. À ne pas manquer !

https://www.ecoledelutherie.eu/

https://www.cordaneum.be/

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Le genêt à balais, un colon ardennais

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Végétal du printemps, la floraison du rude genêt à balais parsème d’éclats jaunes plus ou moins étendus l’émeraude dominant les paysages d’Ardenne. Allons à sa rencontre.

Peut-on trouver végétal plus emblématique du printemps ardennais que le genêt à balais ? Il était naguère impensable, pour un visiteur s’en retournant vers les basses-terres, de ne point adorner la calandre de son automobile de quelques branches fleuries attestant son passage en Ardenne. La mode a passé avec celle des belles carrosseries dont les chromes rutilants faisaient la joie des petits et des grands.

 

 

 

 

Une pratique qui a disparu : décorer les pare-chocs des voitures d’un bouquet de genêts fraîchement cueilli.

Ceci dit, je ne surprendrai pas grand monde en énonçant que ledit genêt doit son qualificatif à l’intervention de ses rameaux séchés dans la confection des ramons (ou balais, en français commun) spécialisation qu’il partageait avec les ramilles de bouleau.
Moins nombreux sans doute sont ceux qui conservent le souvenir des abris recouverts de genêts, qu’un art consommé de l’agencement rendait  imperméables aux intempéries. Il en est encore, ça et là, mais le tour de main se perd et c’est ma foi bien regrettable.

Pour le reste, ce rude gaillard fait partie des colonisateurs-nés s’emparant allègrement des friches, essarts et autres bords de chemins auquel il apporte un son et lumière estival du meilleur aloi. Occupation des sols oblige, ces refuges deviennent moins courants et le genêt avec eux, dont le claquement des gousses fait partie des ambiances estivales au même titre que le froissement des sauterelles dans l’air brûlant chargé d’odeurs.
Il atteint une hauteur de 1 à 3 mètres, rarement davantage. Le diamètre des branches maîtresses peut atteindre de 5 à 10 centimètres, elles se ramifient d’abondance et portent de petites feuilles caduques tandis que la floraison s’étend de mai à juin.

D’un jaune presque aveuglant.

 

Côté médicinal, on lui reconnaît depuis toujours une efficace action tonicardiaque. Cette propriété a été confirmée depuis qu’on en retire la spartéine, alcaloïde fort précieux. C’est aussi un excellent diurétique permettant l’élimination des chlorures et on en recommande l’emploi contre la goutte, les rhumatismes, l’hydropisie ainsi que dans les affections pulmonaires comme les pleurésies et la pneumonie et enfin pour élever la tension artérielle trop basse.
Complet et utile, sans doute, mais à n’utiliser qu’avec précautions : la cytisine et la spartéines sont toxique pour l’homme même si le bétail s’en accommode très bien.

 

Il colonise volontiers les espaces déboisés. Ici, sur les hauteurs de La Gleize en montant vers Spa.

 

Et enfin, faut-il estimer rassurant, à l’heure où la chasse aux essences exogènes envahissantes sévit en Ardenne, de savoir que notre cher genêt à balais est considéré comme une vraie peste en Californie et en Nouvelle-Zélande ? Après tout, pour peu que l’on se penche sur les multiples disséminations végétales et animales consécutives aux croisades, par exemple, l’actuelle extension des berces du Caucase et autre balsamine de l’Himalaya n’a rien d’exceptionnel.

Patrick Germain

Le genêt et le bétail

Bien avant que les animaux d’élevage ne passent l’hiver dans des étables équipées de citerne à lisier directement sous les bêtes, la paille était rare en Ardenne. L’agriculteur offrait  un peu de confort à ses bêtes avec ce qu’il trouvait sur place, les fougères, les feuilles mortes, la bruyère et le genêt. Ces plantes étaient récoltées et séchées durant la bonne saison, comme la paille ou le foin. La dureté des tiges du genêt, si c’était une qualité pour la fabrication des balais, nécessitait un traitement « assouplissant ». Les fagots de la plante étaient étalés sur les chemins et dans les ornières creusées par le passage fréquent des chariots attelés. Ainsi, les pas des bœufs, des chevaux et les lourdes roues en bois écrasaient les tiges et en faisaient une litière d’une douceur acceptable et plus absorbante.

Bouquet de genêts

Nos lecteurs ont bien travaillé sur la page Facebook de Mediardenne.

Odile nous rappelle qu’on se servait des fagots bien séchés pour allumer les poêles et surtout les fours à pain. Avec les tiges défibrées, on pouvait aussi tresser des cordages.

Brigitte nous parle de teinture à partir des fleurs, mais il semble qu’il s’agisse d’une autre variété de genêt:  Genista tinctoria, alors que notre genêt à balais porte le nom latin de Cytisus scoparius.

Agnès se souvient que es fleurs étaient récoltées pour les petites filles qui les lançaient lors des processions aux reposoirs dans les villages à la fête du Saint Sacrement. Les rameaux séchés étaient utilisés pour nettoyer les « buses » (les tuyaux) d’évacuation des fumées des poêles à bois.

Et, plus surprenant, Philippe note qu’il était aussi utilisé, non fleuri, dans les cas de diarrhées des lapins domestiques…

Genets sur une mise à blanc


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l’épilobe à feuilles étroites

l’épilobe à feuilles étroites

l’épilobe à feuilles étroites

Commun sur toute l’Ardenne, l’épilobe – au masculin – fait partie de ces végétaux auxquels on ne prête guère attention. Pourtant, outre le joli rosé de ses colonies au moment de la floraison, il constitue sans aucun doute l’un de nos végétaux sauvages les plus utiles.

 

Sa robustesse et sa jolie couleur rose, alliées à une vivacité qui requerra une grande vigilance si l’on décide de l’inviter dans un coin du jardin, en font l’une des plantes les plus répandues en Ardenne. On y rencontrera généralement l’épilobe en lisière ou dans les coupes, et les forestiers l’appellent quelquefois « plante à feu » parce qu’il – épilobe est du genre masculin – est une des premières à réapparaître sur les terres brûlées.

 

 

L’épilobe colonise rapidement les terrains incendiés, mais aussi les parcelles de bois mises à blanc.

 

Modeste mais point dépourvu de prestige, l’épilobe est une plante historique: en 1793, son observation permit au botaniste allemand Sprengel d’imaginer la théorie de pollinisation par les insectes, reprise et développée ensuite par Darwin. Il en existe une vingtaine d’espèces sous nos climats, auxquelles il conviendra d’ajouter bon nombre d’hybrides.

Très accommodant, on l’a vu, ce beau jeune homme au teint frais se dissémine le plus souvent en colonies, tant par l’expansion de longs rhizomes traçants que par les innombrables graines à aigrette que le vent d’automne emporte sans difficulté sur des distances parfois considérables.

 

La plante aurait permis de comprendre le phénomène du butinage.

La plante aurait permis de comprendre le phénomène du butinage.

 

 

Une santé dont on pourrait se plaindre si l’épilobe n’était l’un des végétaux sauvages les plus utiles, à défaut d’être de grande importance médicinale. Car si, à ce niveau, l’on se limitera à relever la forte teneur en tanins de sa racine, il n’en va pas de même pour ce qui concerne l’intérêt culinaire.
Ainsi la moelle de sa tige, une fois celle-ci épluchée, présente-t-elle une saveur sucrée dont on se régalera avant, par exemple, de consommer les jeunes pousses et les feuilles en salade, crues ou cuites. Feuilles dont on fera par ailleurs, une fois séchées, un thé de bonne tenue. Les fleurs, quant à elles, peuvent être infusées fraîches.

 

 

Tiges d'épilobe

Les tiges sont sucrées

 

Conservez donc à l’épilobe une place de choix dans un coin de votre mémoire, Pèlerins: les temps sont durs, mais finalement – comme toute période de crise – point inintéressants si l’on se prend à (re)trouver quelques « fondamentaux ». L’un d’entre eux consiste à ne pas chercher (ou pire, aller faire chercher) aux six-cents mille diables ce qu’on a sous la main.

 


Ecrit par :Patrick Germain 22-07-2008


 

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Le milan royal, talentueux flemmard

Le milan royal, talentueux flemmard

Le milan royal, talentueux flemmard

Admirable voilier, le milan royal est sans doute l’un des plus beaux rapaces diurnes de l’Ardenne.

Depuis quelques années maintenant, le ciel d’Ardenne retrouve progressivement ses rapaces. Et c’est avec bonheur que l’on y constate, au fil des saisons, un accroissement notable de la population de milans royaux alors même que l’espèce continue d’être réputée en danger ailleurs.

Quel bonheur, pour un – modeste – vélivole qui plus est, que celui d’observer ce talentueux flemmard en train de défier les lois de la pesanteur sans le moindre effort apparent ! Le plumage de queue en perpétuel mouvement, il glisse à quelques mètres du sol, point trop soucieux de la présence humaine. Puis, toujours sans effort apparent, il tournoie et monte, monte à perte de vue dans le ciel.

Flemmard dans l’espace, le milan le serait encore plus résolument sur le plancher des vaches. Il peut, paraît-il, rester des heures à rêvasser dans un arbre.

Outre son vol caractéristique c’est un magnifique rapace très facile à identifier, entre autres grâce à sa longue queue rousse triangulaire, profondément échancrée. La tête est blanchâtre et le plumage brun rouge dessus et roux rayé de brun dessous. Les ailes sont tricolores dessus et on peut observer au-dessous deux fenêtres blanches, situées au niveau des poignets.

 

milan_royal_quoidbach_petitCôté subsistance, il est principalement charognard, mais il arrive que notre surdoué trouve sa nourriture au sol à l’occasion d’imprévisibles piqués sur cibles mobiles. Rats, campagnols, jeunes oiseaux, grenouilles, charognes, lombrics et autres constituent l’essentiel de son menu. Ceci dit, que nos amis éleveurs se rassurent : tant il est vrai que l’on ne peut également briller en toute chose, le milan royal n’est pas le plus imparable des rapaces. Il est considéré comme un peu maladroit lorsque l’envie lui prend de tenter l’aventure vers nos poussins ou lapereaux.

 

 

C’est en février qu’il revient vers nos contrées – Photo de Harry Mardulyn

 

 

Anecdote : un milan en mauvaise posture

Un milan royal en mauvaise posture

 

Comment a-t-il pu aller se fourrer là ?

C’est notre ami photographe Roland Piron qui raconte l’anecdote :

Ma nièce me téléphone vers 18h00 heures, elle me signale qu’un rapace est coincé dans un arbre. Lorsque j’arrive sur place, à plus ou moins dix kilomètres, je vois que c’est un milan et que en effet, il est drôlement empêtré dans les branches. Mais il est difficilement accessible, il me faut une échelle. Ma nièce part en chercher une en courant. Dans l’instant d’après, un voisin agriculteur passe justement avec un tracteur muni d’un chargeur frontal et d’un bac. Je lui explique la situation et à l’aide de l’engin, il m’ amène en un tour de main à hauteur de l’oiseau qui fut très vite libéré et sans blessure.

Voilà un sauvetage qui se termine bien, on loin du temps où les superstitions idiotes clouaient les rapaces – les chouettes surtout – sur les portes des granges…
Heureusement !

Les photos de Roland Piron

 

Notes

Milan royal – Milvus milvus

Cantons de l’Est : Roter Milan
Wallon : grand mohèt, ram’neu d’bègasses

Envergure : 145 à 165 cm.
Longueur : 59 à 66 cm.
Poids : 720 g à 910 g pour le mâle et 800 g à 1010 g pour la femelle.
Dimorphisme sexuel : Il existe un léger dimorphisme de taille chez les adultes, les ailes du mâle mesurent 475 à 500 mm tandis que celles de la femelle sont plus grandes, de 475 à 530 mm.
Voix : plutôt silencieux, il peut faire entendre des sortes de miaulements et des cris aigus rappelant ceux de la buse.
Durée de vie : record de 26 ans pour une femelle.
Habitat : régions montueuses boisées ; localement en plaine et milieux découverts avec arbres disséminés.
Reproduction : 2 à 3 œufs en moyenne, pondus en mars-avril, vont être couvés pendant 35 à 40 jours. Les jeunes, élevés pendant deux mois, attendront environ l’âge de 3 ans avant de commencer à se reproduire à leur tour.

Texte : Patrick Germain / 2007
La photo du titre est de Corentin Thomas – 2018
Crédit(s) iconographiques : Jacques Quoidbach

Source :

  • « Histoires d’ailes en val de Lienne et Glain… » Textes et dessins de Marc Deroanne – Cercles des naturalistes de Belgique éditeur – 2004 –
  • « Mémoire : Oiseaux du Pays de Salm » – Bernard Clesse – Cercles des naturalistes de Belgique éditeur – 1988 –
  • « Guide des oiseaux d’Europe » – Peterson, Mountfort, Hollom, Géroudet – Delachaux & Niestlé éditeurs – 7ème édition – 1976
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… et en vidéo (Harry Mardulyn – Natagora)

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Le brame

Le brame

Le brame

Rendons une visite – distante – à Sa Majesté le cerf au moment où il fait trembler la forêt d’Ardenne au rythme d’une fête sauvage dont les échos venus du fond des âges réveillent, même chez l’homo internetus, d’étranges sensations.

“ La fièvre l’a saisi à l’improviste, un soir de septembre (…) il a senti l’odeur des biches, et l’impétueux instinct a soudain transformé son comportement. D’abord, il a apaisé sa nervosité avec de furieux coups de tête sur le premier arbuste qu’il a rencontré en quittant sa reposée (…) puis, il s’est brusquement retourné, a vu son compagnon habituel marcher sur ses talons. Pendant un long moment, il l’a toisé d’un regard dont toute aménité était absente. Voila que, subitement, cette présence, pourtant appréciée pendant tout l’été, lui était devenue insupportable „

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Ils se toisent

 

En quelques lignes, Roger Herman (1) vient de brosser le portrait psychologique du premier rôle de ce qui constitue sans doute l’événement le plus impressionnant de l’année ardennaise : au sombre des forêts le brame peut commencer ; drame épique dont les échos se répercutent depuis le fond des âges avec une même force brute, chargé d’émotions contradictoires auxquelles nul ne peut échapper en ses intimes

Sinon, comment expliquer cette mystérieuse pulsion qui, quelques semaines durant, va faire affluer vers l’Ardenne et ses forêts plusieurs milliers de personnes de tous âges et de tous sexes ? Comment expliquer que le plus blasé des coureurs de bois ne peut rester indifférent à ce qui, somme toute, ne constitue qu’un instant de l’année parmi d’autres sans cesse renouvelés?
Car, au fond, le brame n’est jamais que le rut du cerf. Notre plus grand mammifère sauvage, certes, et le plus expressif en la matière sans doute, mais encore ?

 

LE BRAME : MODE D’EMPLOI

 

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En voilà des manières !

 

Pour ce qui concerne les faits, le brame correspond à une période allant grosso modo du début septembre à la fin octobre, durant laquelle les cerfs en majesté rejoignent les hardes de biches en vue de s’accoupler. Le reste du temps, ils vivent seuls, ou en petits groupes.

D’un tempérament généralement flemmard, le cerf titillé par ses hormones devient alors un personnage irascible qu’il est très fortement déconseillé de rencontrer au détour d’un taillis sans avoir pris rendez-vous : quand quelque 150 à 200 kilos d’os et de muscles pour un mètre cinquante au garrot, surmontés d’une tête de furieux pourvue de bois redoutables quel que soit le nombre de leurs andouillers, décident de vous faire part de leur plus vif mécontentement, ça craint, croyez-m’en ! (voir anecdote)

 

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Lorsque vous assistez à une telle scène, il y a vraiment intérêt à rester à distance.

 

Bref, restez prudemment en-dehors du coup, laissant à ces messieurs le soin de s’expliquer en comité restreint. Un rituel immuable qui débute par un stade d’observation durant lequel les seigneurs en présence vont se jauger, avant de fuir ou de se rentrer littéralement dans le lard, entrechoquant leurs bois avec une violence inouïe car le combat ne mettra jamais en lice que des adversaires de puissances similaires. Il peut durer plus ou moins longtemps, selon la vigueur des cerfs aux prises et/ou la gravité des blessures reçues. Quelquefois, tous deux mourront d’épuisement, le bois inextricablement entremêlés. Tout qui, même à distance, a pu entendre le choc des ramures, peut se faire une idée de la sauvagerie de l’affrontement.

 

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Les grondements dans la forêt.

 

Les grondements rauques qui résonnent alors dans la forêt constituent à la fois une manière de revendiquer le territoire avec les femelles qui s’y trouvent, et de provocation envers les rivaux potentiels. Avec un peu d’oreille et de pratique, il est possible de les bien imiter à l’aide du verre d’une ancienne lampe à pétrole. Mais ne venez pas vous plaindre ensuite si vous vous retrouvez contraint de passer la nuit dans un arbre

 

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Le repos du seigneur

 

Ceci dit, vous y auriez tout le temps de compatir au sort du Seigneur de nos forêts qui, non content d’en prendre plein les ganaches pour conquérir son harem est ensuite contraint de veiller doublement au grain. Premièrement parce que les biches ne sont – individuellement – réceptives qu’une seule journée par an ; et deuxièmement parce que les cerfs plus jeunes, qui ont assisté de loin au choc des Titans, ne se privent pas de leur faire à l’occasion un (en)faon dans le dos.

 

LE GRAND CORNU

Voilà qui nous dresse le portrait d’un animal “ solaire „ brillant lors du brame d’un feu “ fixe „ qui, comme tous ceux de son espèce, peut à la fois être générant et destructeur dans un même élan. D’un animal qui impose le respect par sa stature et son allure, tout en représentant à bien des égards une puissante métaphore de la vie. De là à en faire un dieu il n’y a qu’un pas.

 

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Cernunos : la divinité

Franchi depuis plusieurs millénaires, les meilleures sources s’entendant pour prêter à la divinité celtique Cernunos une antériorité historique qui en fait sans doute, avec les divers avatars de la Terre-mère, l’une des plus anciennes du Panthéon occidental. Tout ceci pourrait n’être malgré tout que pure spéculation si Cernunos, avec quelques autres comme Épona, n’avait par ailleurs fait l’objet d’une christianisation insistante dont la figure la plus célèbre est sans conteste le cerf de saint Hubert. Et ça, c’est un indice de taille.
Quant à savoir s’il existe un lien entre le brame et le sabbat qui, avec ses bacchanales, ne serait que l’avatar dévoyé de rituels plus anciens, c’est une autre histoire. Reste qu’il existe de troublantes similitudes.

À titre purement personnel, mes affinités électives iraient plutôt dans le sens de la vision que Jean-Claude Servais a donné du brame au mois de septembre (2) de son “ Almanach „. Très émouvant.

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Jean-Claude Servais : « L’Almanach » – Septembre / Adrien

Alors, au bout du compte, trouvez donc votre chemin vous-mêmes dans l’infinité de lectures possibles qu’offre un symbole. Laissez-vous imprégner par l’ambiance du brame en commençant par les odeurs et le climat de la forêt d’Ardenne à l’automne ; montez en puissance avec le cerf en ne négligeant aucune sensation, fut-elle dérangeante pour la morale du temps, car nul ne connaît la lumière s’il n’a affronté l’ombre. Que chaque froissement, chaque odeur, chaque cri, chaque choc rapporté par l’écho, pénètre en vous jusqu’à en devenir intime. Vous fasse prendre conscience de votre unité avec le tout. Il se peut bien qu’alors des choses surprenantes se produisent en vous et autour de vous. Attentifs, Pèlerins, soyez attentifs.

 

AU CERF,  LA BIÈRE !

Bien-sûr, tout ceci suppose idéalement que vous ayez le bonheur de découvrir le brame seul, ou en compagnie d’un familier de la forêt qui saura vous guider et, le cas échéant, vous protéger.
Car on ne martèlera jamais assez, tout particulièrement à cette époque, le vieil adage de vénerie : “ au sanglier, le mire (médecin) ; au cerf, la bière (rien à voir avec le houblon) „ !

À défaut, il vaudra donc mille fois mieux rejoindre l’un des nombreux groupes de naturalistes qui organisent des soirées “ brame „ voire l’un des lieux de concentration tolérés par la DNF, que prendre des risques inutiles : l’instant recèlera de toute manière sa part d’intense magie.

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Texte Patrick Germain / 2007
Crédit(s) iconographiques :Jean-Claude Servais
Photos : Daniel Pigeon
Voir la page Facebook de Daniel
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Anecdote

Je dois au maître-traqueur José Léonard l’une des trouilles de ma vie lorsqu’un jour de battue en Hertogenwald il me chargea de “ rester pour retenir les chiens „ au sortir d’une clôture à gibier mal fermée dans laquelle il rentra en prononçant le “ on ne sait jamais… „ annonciateur des grands désastres. Quelques instants plus tard, au terme d’une fantasia de branches brisées, de cris et d’aboiements furieux, je me retrouvai nez à nez avec un cerf dont la seule chose que je puisse dire est qu’il était de très méchante humeur et qu’il me laissa juste le temps de me jeter à plat ventre dans un fossé dont je sortis ensuite couvert de boue et d’une verdure poisseuse qui seyait à merveille à mon teint du moment. C’était, me dit-on, un “ beau douze „ et j’avais tenu mon poste jusqu’à l’extrême limite : l’honneur était sauf. C’est fou ce qu’on vous observe, en forêt, dans ces instants de pur hasard…

Source :
•    (1)  “ Bêtes sauvages d’Ardenne „ – Roger Herman – Paul Legrain éd. 1976
•    (2)  “ L’Almanach „ – Jean-Claude Servais – Casterman 1988 – ISBN 2-203-38009-8
•    “ Les Celtes „ – Collectif – EDDL Paris éd. 2001 – ISBN 2-23700-484-6 et “ Chasse – Pêche „ – Cours technique secondaire de l’IPEAFP La Reid 1975


 

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Le pin sylvestre, le bois de mine

Le pin sylvestre, le bois de mine

Le pin sylvestre, le bois de mine

 

Le pin sylvestre (Pinus Sylvestris)

Comme presque tous les résineux qui peuplent les forêts d’Ardenne, le pin est une essence importée. Son aire de répartition naturelle est très étendue en Europe, particulièrement présent en Europe de l’Est.

En fait, il existe une controverse chez les spécialistes depuis peu de temps.
Le pin sylvestre aurait été présent naturellement chez nous jusqu’à l’époque romaine puis aurait disparu pour enfin être réintroduit au cours du 17ème siècle. Des graines retrouvées dans les tourbières profondes confirment cette théorie.

Le bois de mine

plantation de pins sylvestres

De jeunes pins sylvestres (environ 25 ans). La lumière passe facilement à travers le feuillage et permet le développement d’un sous-étage. Ici, beaucoup d’orties, probablement par le fait que la plantation se trouve sur une ancienne pâture.

 

Il fut, tout comme l’épicéa, largement planté à partir de la moitié du 19 ème siècle pour valoriser les terres dites incultes de l’Ardenne.
Il s’adapte facilement sur les sols rocheux pauvres, résiste au froid mais peut se briser sous le poids de la neige collante. Il fut en son temps le bois privilégié pour constituer « le bois de mine », débité en courtes billes et écorcé ; peu fissile, il convenait parfaitement pour étançonner les galeries des nombreuses mines du Pays de Liège, du Hainaut et du Limbourg. Il présentait l’avantage considérable de « prévenir » avant de casser. Il crissait, criait, geignait, ce qui permettait aux hommes du fond de remplacer à temps les éléments qui risquaient de se rompre.

Il est une essence de lumière, son feuillage (ses aiguilles) peu dense laissant passer la lumière permet ainsi le développement de la flore au niveau du sol. Il grandit relativement vite, mais pas très droit. Ce qui n’avait pas une importance capitale pour l’utilisation dans les galeries de mines, les billons utilisés étant fort courts. Il est désormais largement supplanté par les cultures d’épicéas et de douglas, sa présence en Ardenne est en constante régression.

 

ecorce d'un jeune pin

Ecorce d’un jeune pin sylvestre, les écailles sont déjà bien distinctes.

 

Son écorce, structurée en espèces d’écailles, se colore progressivement de rouge-ocre avec l’âge.

Les pins se reconnaissent à leurs longues aiguilles souples (4 à 6 cm) rassemblées dans une même gaine ; le sylvestre possède deux aiguilles. C’est un « bois rouge », le cœur du tronc – le duramen – présente une couleur orangée, mais le bois peut facilement virer au gris-bleu lorsque l’arbre est abattu au printemps et gorgé de sève.

Ecorce pin âgé

Un pin âgé, l’écorce devient fort épaisse.

Sapin rouge du Nord

C’est sous le nom de « sapin rouge du nord » qu’il est connu en charpente et menuiserie, ce qui sous-entend que le bois vendu provient des régions nordiques où la croissance plus lente des arbres donne une fibre plus serrée, donc de meilleure qualité.
Pour la petite histoire, des pins sylvestre issus des forêts ardennaises, sciés sur place ont fait il y a quelques décennies, un petite balade en bateau, revenant au port d’Anvers habillés du cachet certifiant l’origine nordique des bois. Un petit trafic qui a été vite découvert, et qui serait sans doute plus difficile à mettre sur pied aujourd’hui vu la traçabilité imposée par la labellisation des produits forestiers.

En parallèle à l’usage de son bois, les huiles essentielles qui sont extraites du sylvestre, lui ont donné la réputation d’un puissant antiseptique pulmonaire.

pins sylvestres

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3 balades en forêt

Laissez-nous un commentaire, une précision…

L’oxalis petite oseille, trois en une

L’oxalis petite oseille, trois en une

L’oxalis petite oseille, trois en une

Chère surelle ! Combien de fois n’ai-je succombé au goût délicatement acidulé de tes feuilles ! Et médité sur elles, sur tes fleurs.

Bon, je vous préviens tout de suite : si, après avoir lu cet article, je vous surprends encore à pisser n’importe où, je vous mords sauvagement l’oreille ! C’est clair ? Non mais c’est vrai, quoi ! Est-ce que j’urine sur votre garde-manger, ou sur votre pharmacie, moi ?

Bref : l’oxalis (ou oxalide) petite oseille fait partie de ces trésors sur lesquels nous avons tous marché un jour ou l’autre, sans même nous en rendre compte. Et c’est bien dommage.
Car, en l’occurrence, les usages domestiques et médicinaux de cette plante commune sous nos latitudes sont innombrables.
Attention toutefois aux abus : le sel d’oseille, tiré de l’acide oxalique qui a donné son nom à la plante sert, entre autres, à effacer les taches d’encre ou à nettoyer les cuivres ; il attaque les teintures et serait… un bon détartrant pour les radiateurs d’automobiles. Besoin d’un dessin ? Par ailleurs, les personnes souffrant de lithiases et de la goutte s’en interdiront toute consommation.

oxalis_4Ceci étant entendu, mâchonner quelques feuilles de surelle coupe la soif tout en chatouillant subtilement les papilles. Vous trouverez également, à la fin de cet article, la recette d’une infusion qui, bien fraîche, joindra l’utile à l’agréable en remplissant votre gourde.

La fleur de l’oxalis petite oseille est blanche, délicatement veinée de lilas, de mauve ou de bleu. Elle s’épanouit généralement aux environs de Pâques (d’où l’un de ses surnoms : « alléluia ») et, à l’instar de ses feuilles, se penche et se replie sur elle-même la nuit ; ou lorsque la lumière vient à manquer significativement, durant la journée.
La fleur ? La première. Car une seconde floraison, beaucoup plus discrète bien qu’abondante, a lieu durant l’été.

oxalis_5_surelleLa symbolique ? Au lieu de courir après Arduinna sait quoi, arrêtez-vous donc un instant et, si ce n’est qu’une fois dans votre vie, regardez bien. Ternaire des feuilles (en forme de cœur, qui plus est) ; bipolarité dans l’unité à travers les propriétés médicinales ; photopériodisme ; abondance dans ce qui est voilé…

Mais, bien sur, on peut parfaitement vivre sans ça. Et préférer signer des pétitions.org pour la protection du gnou en Patagonie orientale, avec la photo du Dalaï-lama en fond d’écran. Mais je m’égare, je m’égare : à bientôt en Ardenne, pèlerin. Et pas pipi partout, hein ! Sinon…

Ecrit par :Patrick Germain / 2007

Note :
Oxalis acetosella L.
Surelle – Pain de coucou – Alléluia – Trèfle aigre – Oseille du bûcheron
Wallon : coucou
Infusion de surelle : 15 grammes de feuilles pour un litre d’eau bouillante. Infuser 5 minutes et laisser refroidir. Psst ! La gourde : en inox. Ou alors dans une bouteille thermos. Propres. J’dis ça , j’dis rien, hein…


 

Dormir, manger, bouger en Ardenne

L’Ardenne couvre en Belgique, la province du Luxembourg, le sud et l’est de la province de Liège et le sud de la province de Namur. En France elle s’inscrit dans le département des Ardennes. Elle se prolonge au Grand-Duché de Luxembourg sur la province du nord, l’Oesling.

Vous trouverez sur les sites ci-dessous toutes les adresses afin de passer un bon séjour touristique en Ardenne.

Le site officiel du tourisme dans les Cantons de l'Est
Le site officiel du tourisme en province de Liège

Le site officiel du tourisme en province de Liège

Le site officiel du tourisme en province de Namur

Le site officiel du tourisme en province de Namur

Le site officiel du tourisme en Ardenne française

Le site officiel du tourisme en Ardennes française

Le site officiel du tourisme en Ardennes luxembourgeoises

La truite, l’anneau et le miracle

La truite, l’anneau et le miracle

La truite, l’anneau et le miracle

Pâques 2016, la Fédération Sportive de Pêche Francophone Belge organise cinq jours de stage à destination des jeunes.
Les 24 stagiaires sont reçus à Engreux, près de Houffalize, mais les séances d’entraînement sont itinérantes. Un peu en eaux vives, au bord de l’Ourthe, un peu en étang.

C’est à l’étang de Basse-Bodeux, à Trois-Ponts que le miracle se produit pour un des plus jeunes stagiaires. Timour a dix ans seulement, mais le gamin est déjà sacrément doué et bardé d’une solide d’expérience (le lecteur pardonnera certaines familiarités de langage et une évidente propension aux superlatifs concernant le jeune pêcheur, mais l’auteur de ces lignes n’est autre que le grand-père du stagiaire…).

Pourtant, ce matin-là, et malgré le talent incomparable du jeune génie de la pêche… ça fait quand-même beaucoup de superlatifs… Soyons raisonnable, ce matin-là, ça ne marche pas très fort pour Timour, les touches se font attendre. Tout à coup, les poignets du garçon vibrent sous « un départ appuyé », une grosse touche courbe la canne. Un poisson de cette force et de cette taille, cela ne peut  être qu’une grosse carpe.

« Non, non c’est une énorme truite, s’écrie un des stagiaires, je viens de la voir »

Au bord de l’étang, y compris chez les moniteurs, l’incrédulité règne ; une truite de cette taille c’est rarissime.
Sous la terrrrible traction, la canne se tord et se courbe mais ne rompt point. La ligne se tend mais le fil résiste à la traction, alors que les nerfs du gamin résistent à la pression. Timour, entouré de ses congénères et rejoint par les moniteurs, travaille le poisson avec l’aide et les conseils des enseignants. Vingt minutes d’âpre lutte se sont écoulées. Tous revivent l’aventure du vieux pêcheur d’espadon qu’Ernest Hemigway a décrite dans le « Vieil homme et la mer ». C’est homérique. (Je rappelle à l’auteur qu’il faudrait y aller mollo avec les superlatifs…)

Et, catastrophe, une fois de plus, le matériel trahit l’homme. Dans un invraisemblable fracas (?), comme le déraillement d’une locomotive à vapeur, la ligne se brise. Ou plutôt, et plus simplement, l’anneau porteur de fil, au bout de la canne, se décroche. Ce qui fait nettement moins de bruit qu’un déraillement, mais pour les acteurs de la scène, le résultat a dû paraître identique.
Le moniteur, Julien, aux réflexes prompts comme doit les avoir un homme d’action, lance sa propre ligne. Il espère emberlificoter son fil à la ligne du malheureux stagiaire. Il y réussit, le diable d’homme (nous verrons plus bas que cette expression est un peu malheureuse). Ainsi à deux, les héros ramènent sur la berge, via une trop petite épuisette, une énorme truite mâle de soixante-trois centimètres. Soixante-trois centimètres ET DEMI précise Timour, en bon pêcheur qu’il est devenu.

C’est seulement à partir de cet instant que l’épopée devient miracle.

Reprenant leurs esprits, les stagiaires immortalisent l’exploit par quelques photos d’usage. La truite combattive retrouve le chemin de l’étang, fatiguée et vaincue mais libre et vivante.

Les pêcheurs entreprennent alors de démêler la victorieuse paire de fils emberlificotés à dessein.
Le croirez-vous : au moment où les cloches de l’église proche sonnaient l’Angélus, stagiaires et moniteurs découvrirent que les fils n’étaient pas le moins du monde emmêlés, mais…, mais… ( j’en perds le souffle) ; mais, que le crochet de l’hameçon de la ligne lancée à la rescousse, s’était glissé à l’intérieur de l’anneau défaillant. Il y avait à peu près une chance sur quinze milliards que cela puisse arriver. C’est arrivé, c’est un miracle, l’Angélus le confirme.

Est-ce étonnant, sachant qu’il y a quelques siècles déjà, à Orval, une truite rapporta l’anneau d’or que Mathilde avait laissé glisser dans l’onde de la fontaine. Décidément, les truites,  l’Ardenne et les miracles sont liés à jamais.


La photo est de Benoit Sottiaux.
Le reportage (plus objectif celui-là) est paru dans « le Pêcheur Belge »  de mai 2016
www.lepecheurbelge.be

 


 

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La linaigrette

La linaigrette

La linaigrette

Même si sa relative rareté lui confère un je-ne-sais-quoi de noblesse supplémentaire, la linaigrette partage avec le pissenlit un mode de reproduction anémophile (cul et chemise avec le vent, allez djan…) auquel on doit les jolis champs neigeux parsemant les habitats fagnards au mois de mai.

 

Dès le mois de mai, elles blanchissent les fagnes. On les trouve partout dans les Hautes Fagnes, ou ici, dans la Fagne des Tailles près de la Baraque de Fraiture.

Dès le mois de mai, elles blanchissent les fagnes. On les trouve partout dans les Hautes Fagnes, ou ici, dans la Fagne des Tailles près de la Baraque de Fraiture. Photo de Michel Humblet.

 

La faune et la flore de ce que Julos Beaucarne appelle plaisamment – et non sans raison – nos « petites Sibérie » fagnardes indique qu’elles ont constitué au fil des âges autant de refuges biologiques pour des espèces désormais confinées dans des habitats beaucoup plus nordiques, plus élevés, ou plus atlantiques. Relique parmi d’autres de ces époques successives de l’histoire ardennaise, la linaigrette compte au nombre des plus spectaculaires. Par ses graines.

Car ce sont bien aux graines que l’on doit les jolis champs neigeux qui parsèment les fagnes au mois de mai : au même titre que le pissenlit, la belle est anémophile et confie à des soies porteuses l’éolienne dissémination de sa descendance. La fleur à proprement parler, qui apparaît au début du printemps, est minuscule.

 

Les flocons du printemps en Fagne.

Les flocons du printemps en Fagne. Photo de Michel Humblet.

 

Trois espèces distinctes de linaigrettes adornent ainsi les âpres solitudes comme autant de transitions métaphoriques entre la supposée morte saison et celle de toutes les promesses : la linaigrette engainée (vaginatum), la linaigrette à plusieurs épillets (polystachium) et la linaigrette à larges feuilles (latifolium). Les deux dernières citées, par la multiplication de leurs épillets, s’avérant particulièrement douées pour le pointillisme paysager.

En des temps pas si lointains, il était de coutume de ramener quelques épis de ses incursions fagnardes quand, à l’instar de ce qui se pratiquait avec le genêt à balais, il ne s’agissait pas d’en témoigner avec plus ou moins de tapage sur la calandre des automobiles. Faut-il préciser que, les belles étant désormais protégées, la perpétuation de cet usage risque de valoir quelques ennuis à nos visiteurs s’en retournant vers les basses terres ?

 


Écrit par : Patrick Germain /2008
Photos : Pat. Germain et Michel Humblet > voir sa page Facebook

Note :Eriophorum vaginatum(L) – polystachium (Honckeny) – latifolium (Hoppe).
Oreiller du pauvre – jonc à coton
Wallon  : tchitchoûle

Source :
Fagne, mon pays – Freyens – Fédération du tourisme de la province de Liège – 2° Les Hautes Fagnes – Schumacker / Noirfalise – Ibid + ASBL Parc naturel des Hautes Fagnes Eifel – 1° Guide de la Fagne – Freyens – Marabout 1967


 

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