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Variations sur la buse variable (Buteo buteo)

21 Déc, 21 | nature, poils et plumes

La buse est au sol, pestant de s’être posée trop tard. Le campagnol a senti le danger venir du ciel et s’est engouffré dans sa galerie. Le rapace reprendra lourdement son vol et ira se poser sur le piquet de clôture le plus proche. Qui sera le plus patient, ou le plus malin ? Le campagnol sortira-t-il de nouveau par le même passage ? La buse sera-t-elle toujours sur son poste d’observation pour plonger de nouveau et, peut-être enfin, capturer sa proie ?

Le plus commun des rapaces de l’Ardenne

La buse variable est sans aucun doute le rapace diurne le plus commun des terres ardennaises. C’est elle que l’on aperçoit postée en hauteur sur un piquet, un arbre, sur le poteau ou même les câbles électriques. De là elle observe attentivement les mouvements de ses proies dans les champs et les pâtures.

 

La buse sur son poste d'observation favori

La buse sur son poste d’observation favori : le piquet de clôture. Photo de Jean-François Delepine

 

 

En Ardenne, elle niche plutôt en forêt mais les terrains découverts sont ses territoires de chasse préférés. Son vol est relativement lent et lourd, elle a besoin d’espace pour se mouvoir et plonger sur ses cibles. Elle n’a pas l’agilité ni la rapidité des faucons ou des éperviers. Elle se nourrit principalement de petits rongeurs, de grenouilles, de reptiles et de vers de terre ; d’animaux terrestres en somme car elle ne capture pas ses proies en vol.
Elle se transforme en charognard en hiver, lorsque la nourriture fraiche se fait plus rare.

 

 

L’envol est plutôt lent et lourd. La buse n’est pas rapide mais elle est un excellent planeur. Photo de Jean-François Delepine

 

Si son envol est pesant, elle est par contre assez douée pour utiliser les courants d’air ascendants ; ce qui fait d’elle un excellent planeur. Elle peut tournoyer lentement en de larges cercles aériens pendant des heures. Comme les autres rapaces, son regard est perçant, elle peut donc prendre de la hauteur pour repérer ses proies.
Le ciel est aussi le terrain des jeux nuptiaux. Il n’est pas rare d’observer un couple jouer dans une série de vols planés et de piqués acrobatiques tout en faisant entendre des cris espacés. Quand ils percent le silence des campagnes ensoleillées, ces miaulements caractéristiques sont l’expression du bien-être de l’oiseau.

Ce paisible tableau peut-être troublé, le vacarme devient alors assourdissant. Le ciel se transforme en tribune de foot. La débonnaire et pacifique buse doit fréquemment faire face au caractère irascible des bandes de corneilles noires. On dirait que ces volatiles aux couleurs de « macralles » ne peuvent s’empêcher de houspiller les buses en vol. Un coup de bec ou de serre se perd parfois mais souvent la buse s’éloigne et laisse la place aux corneilles. Le ciel est assez grand !

 

Nom de nom, ces corneilles sont bien belliqueuses ! Photo d’Evelyne Wintgens

 

 

Vous avez dit « variable »

Les naturalistes sont des gens pragmatiques. Lorsqu’il s’agit de baptiser une espèce, ils se basent sur l’observation. Ainsi, la buse variable est devenue variable car son plumage est … variable. CQFD.
Il n’y a pas d’uniformité de plumage d’un individu à l’autre. La couleur du dos est relativement constante allant du gris-brun au brun foncé, mais le dessous (la poitrine) peut aller d’une couleur très sombre à une tonalité presque blanche striée de taches plus sombres sur une poitrine claire, et plus claires sur une poitrine foncée. Le dessous des ailes et de la large queue arrondie sont de la même couleur que la poitrine.
L’animal présente un aspect trapu au sol. En vol, il est tout en rondeurs, sa queue est déployée comme un éventail de demoiselle, ses ailes sont très larges. L’envergure peut avoisiner les 130 cm. On peut parfois s’apercevoir que ce planeur nous survole par l’ombre de sa silhouette que le soleil projette à nos pieds.
Elle peut vivre jusqu’à 25 ans.

 

La poitrine, le bas des ailes et de la queue sont de la même couleur allant du brun au blanc. Photo d’Evelyne Wintgens

Sédentaire mais pas trop

En Ardenne, la buse est plutôt sédentaire, elle passe l’hiver « à la maison ». Pendant la saison froide, elle peut partager son espace aérien avec des sujets d’Europe du nord qui se réfugient chez nous où les températures hivernales sont un peu plus clémentes.
Une étude belge sur le baguage de populations de buses a signalé un animal bagué à Ekeren (Anvers) en octobre 1978 et retrouvé mort en Mauritanie deux mois plus tard. Il s’agissait d’une des deux sous-espèces que compte la région : Buteo b. vulpinus, plus migratrice que sa très proche cousine Buteo b. buteo. (Aves 1997 – Contribution à l’étude la buse variable, mortalité et mouvements – Patrick del Marmol)

 

Plus de danger pour l’espèce, … pour le moment.

L’espèce n’est pas – ou plus – considérée comme espèce en danger. Pourtant, pendant de siècles, jusqu’à une époque récente, la bêtise humaine a fait des rapaces la cible des hommes. Considérée comme un concurrent par certains fiévreux de la gâchette, elle en prit du plomb dans l’aile, et ailleurs. Les agriculteurs ont mis bien du temps à comprendre que les rapaces pouvaient être de précieux alliés dans la lutte contre les rongeurs, destructeurs de récoltes. Cette alliance nouvelle compense les quelques poules attaquées par les buses de temps à autres.

Une pratique barbare consistait à placer des pièges à mâchoires sur les piquets de clôture fréquentés par les buses. Il n’était pas rare de découvrir un cadavre de buse pendouillant le long d’un piquet.

Heureusement, les mentalités changent, elles sont un peu aidées – il faut bien le dire – par le statut de protection totale dont bénéficient désormais les rapaces. Certains agriculteurs, les maraîchers et les pépiniéristes en tête, adoptent  la buse et ses cousins en tant qu’alliés. Plutôt que tenter de piéger les rongeurs, ils invitent les rapaces en installant des perchoirs en hauteur sur lesquels les oiseaux peuvent se poser et scruter le sol à l’affut d’une rate ou d’un mulot qui se risquerait hors de sa galerie.

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Vidéo : Les buses ne sont pas partageuses

Une vidéo de Harry Mardulyn

3 Buses variables se disputent une carcasse de marcassin dans la réserve du Bec du Feyi à Wibrin (Ardennes belges).



 

 

Les photos sont de
Roland Piron, Evelyne Wintgens, Ploppys Jean-François Delepine

La vidéo est de
Harry Mardulyn

Texte Fr. Rion – MediArdenne
Sources :
Guide des oiseaux – Sélection RD – 1975
Chasse-Pêche – Institut enseignement agricole et forestier La Reid – W. Ernould – 1979

http://biodiversite.wallonie.be/fr/buteo-buteo.html?IDD=50334099&IDC=312

https://www.oiseaux.net/oiseaux/buse.variable.html

https://www.lesitedesanimaux.com/dossier-30-buse-variable.html


 

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