L’oxalis petite oseille, trois en une
Chère surelle ! Combien de fois n’ai-je succombé au goût délicatement acidulé de tes feuilles ! Et médité sur elles, sur tes fleurs.
Bon, je vous préviens tout de suite : si, après avoir lu cet article, je vous surprends encore à pisser n’importe où, je vous mords sauvagement l’oreille ! C’est clair ? Non mais c’est vrai, quoi ! Est-ce que j’urine sur votre garde-manger, ou sur votre pharmacie, moi ?
Bref : l’oxalis (ou oxalide) petite oseille fait partie de ces trésors sur lesquels nous avons tous marché un jour ou l’autre, sans même nous en rendre compte. Et c’est bien dommage.
Car, en l’occurrence, les usages domestiques et médicinaux de cette plante commune sous nos latitudes sont innombrables.
Attention toutefois aux abus : le sel d’oseille, tiré de l’acide oxalique qui a donné son nom à la plante sert, entre autres, à effacer les taches d’encre ou à nettoyer les cuivres ; il attaque les teintures et serait… un bon détartrant pour les radiateurs d’automobiles. Besoin d’un dessin ? Par ailleurs, les personnes souffrant de lithiases et de la goutte s’en interdiront toute consommation.
Ceci étant entendu, mâchonner quelques feuilles de surelle coupe la soif tout en chatouillant subtilement les papilles. Vous trouverez également, à la fin de cet article, la recette d’une infusion qui, bien fraîche, joindra l’utile à l’agréable en remplissant votre gourde.
La fleur de l’oxalis petite oseille est blanche, délicatement veinée de lilas, de mauve ou de bleu. Elle s’épanouit généralement aux environs de Pâques (d’où l’un de ses surnoms : « alléluia ») et, à l’instar de ses feuilles, se penche et se replie sur elle-même la nuit ; ou lorsque la lumière vient à manquer significativement, durant la journée.
La fleur ? La première. Car une seconde floraison, beaucoup plus discrète bien qu’abondante, a lieu durant l’été.
La symbolique ? Au lieu de courir après Arduinna sait quoi, arrêtez-vous donc un instant et, si ce n’est qu’une fois dans votre vie, regardez bien. Ternaire des feuilles (en forme de cœur, qui plus est) ; bipolarité dans l’unité à travers les propriétés médicinales ; photopériodisme ; abondance dans ce qui est voilé…
Mais, bien sur, on peut parfaitement vivre sans ça. Et préférer signer des pétitions.org pour la protection du gnou en Patagonie orientale, avec la photo du Dalaï-lama en fond d’écran. Mais je m’égare, je m’égare : à bientôt en Ardenne, pèlerin. Et pas pipi partout, hein ! Sinon…
Ecrit par :Patrick Germain / 2007
Note :
Oxalis acetosella L.
Surelle – Pain de coucou – Alléluia – Trèfle aigre – Oseille du bûcheron
Wallon : coucou
Infusion de surelle : 15 grammes de feuilles pour un litre d’eau bouillante. Infuser 5 minutes et laisser refroidir. Psst ! La gourde : en inox. Ou alors dans une bouteille thermos. Propres. J’dis ça , j’dis rien, hein…