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Edgard Schindeler, un témoignage photographique inédit

Le photographe Edgard Schindeler est membre d’une famille liégeoise plutôt aisée. Il vit le jour à Seraing en 1880 et décéda en 1951 après avoir laissé un témoignage photographique inédit.

Si son patronyme est de consonance bien peu wallonne, c’est qu’il le doit à l’aïeul fondateur de la famille, un militaire Suisse. Le soldat rencontra une belle hollandaise vers 1758 à Maastricht et fonda un foyer qui s’installa bientôt dans la cité Liégeoise. Sont-ce les origines suisses qui firent que le couple et ses descendants prospérèrent rapidement et, au fil des générations, devinrent fonctionnaires, occupés dans les métiers du droit, de la finance ou encore de la banque ?
Edgard naquit donc sous une bonne étoile mais ne semblait pas être intéressé par de hautes responsabilités, il devint modestement photographe. C’est à la Fabrique Nationale de Herstal (la F.N.) qu’il exerça sa profession de photographe industriel entre 1921 et 1937.

Mais son talent, c’est à travers tout le pays, et principalement en Ardenne qu’il le révéla.

 

Schindeler et l’Ardenne

 

Photo du château de Bouillon

L’ancien corps de garde du château de Bouillon. C’est ainsi que Schindeler a annoté cette photo dans son carnet de notes.
Photo de 1934

 

Grâce à la situation bourgeoise de la famille, et dit-on, grâce à un gain substantiel à la loterie (*voir note), il s’offrit en 1929 une belle automobile ; une FN évidemment. Durant ses temps libres, il sillonne le pays pour fixer, non pas sur pellicule, mais sur plaque de verre de nombreuses scènes de vie, des bâtiments et surtout, des paysages. Son œuvre exceptionnelle est reconnue et appréciée par ses collègues photographes dont la plupart exerce dans le milieu des cartes postales. Cette expression artistique n’a rien de dérisoire, car à l’époque, la carte postale est en effet un puissant vecteur de diffusion d’images.

S’il visite les grandes villes du pays, c’est souvent en Ardenne que son art (et son auto) le ramène. Bouillon, La Roche, Spa, Vielsalm sont devenus ses points de chute réguliers. A Vielsalm, sa fille Fanny épousa le propriétaire de l’Hôtel Belle-Vue qui brûla complètement en 1938, hélas. A La Roche en Ardenne, Edgard lui-même acheta l’Hôtel du Nord qu’il n’exploita cependant jamais personnellement. Il en confia la gestion à une famille rochoise chez qui il revenait souvent. C’est aussi à La Roche qu’il fit ses derniers clichés de la région en 1946, les plus tragiques également. Lors de l’Offensive des Ardennes, la cité fut dévastée par les bombardements de décembre 1944, le photographe fixe les ruines sur ses fidèles plaques de verre.

 

Hotel Belle Vue à Vielsalm

L’Hôtel de Belle Vue où sa fille vécut à Vielsalm. Le bâtiment à été détruit par un incendie et a aujourd’hui disparu.

 

Il décéda à Herstal en 1951, laissant près de 2000 clichés qui forment un témoignage direct et sincère du paysage ardennais de l’entre-deux guerres.
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* Note : L’idée de gain à la loterie bat un peu de l’aile lorsqu’on sait que la “Loterie coloniale”, telle qu’elle était appelée à l’époque, fut créée en 1934 seulement.
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D’après le catalogue de l’exposition prévue à Herstal en 2020 : Jean-Claude Massart, Serge Alexandre, Anne-Marie André, Jean-Luc Devillers

Schindeler à La Roche-en-Ardenne en 1945

La Roche 1946

La Roche détruite par les bombardements durant l’Offensive des Ardennes.

En 2019, pour commémorer les 75 ans de la Bataille des Ardennes et la destruction de la cité, la ville de La Roche organisa une exposition des photos d’Edgard Schindeler : 75 photos pour 75 ans.
La salle du CPAS accueillit l’exposition qui retraçait ce qu’était la vie à La Roche avant la guerre. A l’extérieur des photos de plus grands formats illustraient les dégâts des bombardements. Ces photos placées sur les lieux même où elles ont été saisies par Edgard Schindeler permettaient de découvrir la cité rochoise avant et après les bombardements de décembre 44.
La commune de Herstal également se souvient de son citoyen photographe. Une exposition rétrospective prévue en 2020 dut être reportée faute de Covid 19. Partie remise !

Les plaques de verre en photo

Dès 1850, le verre sert de support aux négatifs photographiques. L’émulsion sensible adhère au support grâce à un liant, le collodion humide était le plus utilisé. La gélatine le remplace à la fin du 19ème siècle, elle permet l’utilisation de la plaque sèche rend la manipulation des négatifs beaucoup plus pratique et donc, plus abordable.
La photographie bénéficie de tous les progrès technologiques de l’époque. Les appareils peuvent devenir plus légers et être désormais tenus en mains, ils ne requièrent plus l’usage systématique du pied. La qualité des objectifs s’améliore et les appareils sont équipés d’un magasin à plaques. Edgard Schindeler continue cependant à travailler avec une chambre photographique sur pied. Peut-être est-ce une habitude prise dans l’exercice de sa profession de photographe industriel à la F.N. de Herstal? La qualité de ses cadrages et la précision de l’exposition montrent le soin dont il faisait preuve lors de ses prises de vues.

 

D’après J.L. Devilers

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