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Trop chaud pour l’oreillard

Trop chaud pour l’oreillard

15 Août, 24 | nature

Une surprise désagréable nous attendait sur le seuil de la porte du jardin ce soir d’août. Il avait fait très chaud durant la journée, est-ce une des raisons qui expliquerait notre découverte ?

 

Au sol gisait un oreillard. Il n’est pas nécessaire d’être un grand spécialiste des chauves-souris pour reconnaître l’espèce, ou du moins le genre. Vu la taille impressionnante des oreilles, aucun doute, il s’agit d’un oreillard. Quant à préciser si c’est un oreillard roux (Plecotus auritus) ou un oreillard gris (Plecotus austriacus), c’est là une affaire de scientifique. Il me paraît bien un peu plus gris que roux, mais on ne peut se fier à cette simple observation.
Les deux espèces occupent plus ou moins la même répartition géographique en Ardenne, cependant, l’oreillard gris serait moins forestier que le roux et plus fréquent dans les lieux plus urbanisés, proche des humains.

Notre victime logeait-elle dans le clocher de l’église toute proche ? Il aurait alors fallu partager l’endroit avec une colonie nombreuse de choucas des tours.
Peut-être vivait-elle tout simplement dans mon grenier ? Si c’est le cas, c’était un locataire discret et pas du tout dérangeant.

Et cela expliquerait la découverte du corps sur le seuil en contrebas des combles ; l’animal serait tout simplement mort de chaud me confirme un connaisseur. Réfugié à la base du toit, là où les ardoises sont fortement chauffées depuis deux ou trois jours de canicule, il n’aurait pas supporté la température. Mais pourquoi n’a-t-il as cherché un refuge plus supportable ? Sorry, je n’ai pas de réponse à présenter.

 

Tendre l’oreille

On imagine mal Batman avec de pareils pavillons ; il serait rigolo.

Ils sont pourtant bien utiles ces appendices démesurés. Supposez un être humain avec des oreilles d’un mètre trente par rapport à votre corps ; c’est la proportion de ces organes qu’on trouve chez l’oreillard.

Rappelons-nous comment chassent et s’orientent les chauves-souris. Animal nocturne, très à l’aise dans l’obscurité, leur vue moyenne ne leur est pas d’un grand secours. Ils sont par contre équipés d’un talent très particulier appelé sonar en langage populaire. Ces mammifères volants (les seuls connus) émettent des ultrasons qui se répercutent sur les obstacles, mais aussi sur les proies. Ainsi, les chauves-souris de toutes les espèces peuvent de diriger avec beaucoup d’adresse dans l’obscurité et détecter et poursuivre les proies mobiles.

 

L’oreillard en particulier a multiplié ses chances de succès au cours de la chasse en développant ses impressionnants organes auditifs. Comme chez tous les mammifères, vous ne serez pas surpris, d’apprendre que ses oreilles lui servent à … entendre. Et avec de pareils organes, à peine plus petits que le reste du corps, l’oreillard n’a pas besoin de beaucoup « tendre l’oreille »  pour percevoir ce qui se passe devant lui. Si bien qu’approchant de ses proies qui pourraient ressentir les ultrasons émis, notre chasseur coupe son sonar et ne se dirige plus qu’aux sons que peuvent émettre les proies.

 

Une particularité supplémentaire que la nature a su développer, renforçant ainsi l’extraordinaire diversité des espèces.

 

 L’oreillard en vol et en position suspendue en hiver. Dans cette position suspendue, on ne voit pas les oreilles entières qui sont repliées en dessous des ailes (typique des oreillards en position suspendue). La partie que l’on voit, ce sont les tragus, partie utilisée chez l’humain pour les piercing.

Les photos sont de Didier Goethals  >>>>    https://nuit-expo.be

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