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Le bouleau, l’avant-garde d’une forêt renouvelée

Le bouleau, l’avant-garde d’une forêt renouvelée

3 Juil, 23 | En forêt, La flore, nature

 

Il est le premier arbre que les enfants arrivent à nommer tant son écorce noire et blanche est reconnaissable. Il fait partie de l’avant-garde, car il est le plus téméraire pour recoloniser une forêt décimée par une catastrophe naturelle ou les espaces naturels dont l’homme s’était emparé.

Il s’accrochera aux anciens terrils des charbonnages, sera le premier arbre sur les remblais de carrières, il sortira sa blanche silhouette par la cheminée d’une maison abandonnée. En Ardenne, avec le genêt à balais et quelques autres, ils sont les pionniers pour remettre la forêt à la place qui lui a été dérobée par l’activité humaine. Cette faculté qu’il a de prendre place rapidement sur les sols déboisés est facilitée par le fait que deux espèces sont très courantes chez nous; le bouleau verruqueux et son cousin le bouleau pubescent se partagent ainsi les espaces. Il se reproduit très jeune, sa maturité sexuelle apparaît avant l’âge de dix ans, c’est évidemment un facteur favorable pour diffuser l’espèce.

Ils possèdent de surcroît cette propriété botanique de produire énormément de petits grains de pollen qui peuvent se disperser très loin avec le vent. Une caractéristique très efficace pour diffuser l’espèce mais qui, malheureusement, ne fait pas la joie des personnes allergiques. De mars à fin mai, durant la dispersion du pollen, il vaut mieux ne pas oublier les anti-histaminiques pour les personnes sensibles.

 

Au mois de mai, les chatons* libèrent le pollen. Gare aux allergies.
* Regroupement de petites fleurs en forme de cylindre pendant aux rameaux

On le voit, tout est fait chez lui pour qu’il soit l’avant-garde d’une forêt nouvelle.

Le bouleau est partout au cœur des forêts tempérées de l’hémisphère nord jusqu’à la Taïga, aux portes de la zone arctique. Il demande une humidité ambiante suffisante; les climats trop secs et trop chauds ne l’intéressent pas. Il n’est pas méditerranéen, c’est un nordique et un montagnard.

En Europe du Nord et de l’est, ainsi qu’au Canada, on peut parler de véritable civilisation du bouleau. Il sert (servait) à tous les usages, son écorce principalement, qui peut se décoller en larges plaques fines, permet de confectionner des canoës, de couvrir des toitures, de s’enrouler pour faire des bougies ou des rouleaux de papier à écrire, et même des chaussures.
En Ardenne, c’est surtout son bois et ses rameaux qui ont été utilisés abondamment.

Son bois est un combustible reconnu, on sait qu’il se consume vite, mais il dégage une puissante chaleur rapidement. Il est apprécié chez les boulangers qui cuisent encore au bois et, bien-entendu, les pizzerias sont intéressées ainsi que les utilisateurs de poêles de masse qui réclament une flamme vive et brève pour bien fonctionner. Les petits objets en bois de nos parents (ou grands-parents) étaient souvent en bouleau, les cuillères ou encore les bobines de fil à coudre.

Chez les fabricants de sabots – les sabotiers* – le bouleau était fréquemment préféré au hêtre, car il est plus léger et se fend moins rapidement selon la section de grume choisie par l’artisan.

N’oublions les rameaux du bouleau dont la souplesse permettait de confectionner des balais dans toutes les fermes ardennaises.

C’est aussi cette souplesse des rameaux qui a donné au bouleau le sobriquet “d’arbre de la sagesse”. Cette flexibilité était mise à profit pour servir de verge destinée à corriger les garnements et les ramener sur le droit chemin.
C’était un temps où les instituteurs étaient moins flexibles que leur arsenal d’outils d’éducation.

*En 1896, il y avait 262 entreprises sabotières rien qu’en Province de Luxembourg. (L’industrie sabotière dans la Province de Luxembourg – Louis BANNEUX – 1902)

 

Un balais  de bouleau et la presse qui permet de serrer les rameaux autour du manche.

Le polypore du bouleau (Photo : Luc Dethier) est un champignon qui s’installe sur les arbres affaiblis. Dans le cas du bouleau, un manque de lumière suffit à perturber la bonne santé de l’arbre car c’est une espèce qui réclame beaucoup de luminosité pour s’épanouir.

En 1991, on découvrit la momie d’un homme préhistorique dans les Alpes italiennes, à proximité de la frontière autrichienne. On s’aperçut qu’Ötzi (c’est le nom donné à la momie) transportait des champignons. De l’amadou, très certainement pour allumer du feu, et des parties de polypore du bouleau. On reconnaît en effet à celui-ci des pouvoirs cicatrisant, vermifuge, antibiotique… Est-il possible que ces pouvoirs soient connus à l’époque d’Ötzi, il y a 5.000 ou 6.000 ans.

+ sur le polypore

 sur Ötzi

Le bouleau redécouvert

Les industries contemporaines ont un peu négligé l’utilisation du bouleau, on ne fait plus des sabots et le plastique a remplacé le bois dans le tiroir des ustensiles de cuisine ou le coffre de la couturière. Pourtant, peu à peu, il remonte dans l’estime des producteurs forestiers. Le placage de tranches de bois de bouleau sur des panneaux de particules est apprécié en parqueterie et en ameublement.

Parallèlement à ses usages économiques, c’est son haut potentiel écologique qui éveille aujourd’hui l’intérêt des sylviculteurs, il compte en effet parmi les essences forestières les plus accueillantes pour la biodiversité. Il ouvre grandes ses ramures aux nids de nombreuses espèces d’oiseaux, plus de 300 espèces d’insectes lui sont associées, ainsi que des champignons.

A l’heure où la préservation de la biodiversité s’affirme être une condition de survie de l’humanité, la participation du bouleau semble être un atout de premier plan.
Et, vu sa propension à occuper l’espace, l’arbre ne s’y opposera pas.

 

Leur rôle d’accueil de la biodiversité est désormais reconnu.
Photo : Ann/Pixabay

Le bouleau “rejette de souche”.
A partir de la même souche d’arbre abattu, plusieurs troncs renaissent. Les bases incurvées de ces rejets sont très difficiles à fendre et les bourrelliers les utilisaient pour confectionner l’armature des colliers des chevaux de trait.

En Ardenne, deux espèces se croisent tous les jours :
le bouleau pubescent et le bouleau verruqueux.

 

 

 

1- Le bouleau pubescent
(Betula pubescens)

Les rameaux sont franchement dirigés vers le haut.
Les jeunes rameaux de l’année sont légèrement pubescents (garnis de poils), d’où le nom de l’arbre.

 

 

Les feuilles : de forme plutôt ovale à losange. Denture assez régulière.

 

 

 

L’écorce du bouleau pubescent reste plus lisse même sur un arbre âgé. Elle peut devenir plus grise.

 

2- Le bouleau verruqueux
(Betula pendula)

L’extrémité des rameaux a tendance à retomber vers le bas. Les jeunes rameaux de l’année sont légèrement verruqueux (garnis de verrues), d’où le nom de l’arbre.

 

 

Les feuilles sont plus triangulaires, la denture est également plus irrégulière.

 

 

 

L’écorce du bouleau verruqueux s’épaissit et se crevasse fortement vers la base du tronc avec l’âge.

Notons que le bouleau pubescent se trouvera plus facilement sur les terrains tourbeux et que les deux espèces peuvent s’hybrider, ce qui ne facilite pas toujours une identification certaine. (Cf : Flore écologique de Belgique)

Fr. Rion 2023

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