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Le site de Saint-Thibaut, sur les Hauts de Marcourt

20 Mai, 16 | dernier en date, histoire, lieux

Surplombant la rive gauche de l’Ourthe, l’Ermitage Saint-Thibaut veille sur les ruines du château de Montaigu, et sur une source thérapeutique toujours réputée. La pente est raide, mais la découverte vaut bien un petit effort.

Oui, décidément, ça vaut bien un petit effort de se hisser là-haut.
Photo : Johnny Holtzheimer

C’est aux environs de l’an mil, semble-t-il, que la famille normande des de Montaigu, en charge de la vaste Prévôté des Rivières, fait établir un château sur un promontoire qui domine la vallée de l’Ourthe face au village de Marcourt.

De ce nid d’aigle imposant, aux puissantes défenses en éperon barré, les comtes de Looz puis les seigneurs de Walcourt vont verrouiller un vaste territoire qui revient aux de la Marck en 1408.

De la Marck : comment s’étonner qu’en 1413 Evrard de la Marck et son épouse, Agnès de Rochefort, refusent de prêter hommage à leur désormais suzerain, Antoine de Brabant (1) ?
Frère du duc de Bourgogne, ce dernier vient d’hériter du Duché de Luxembourg. Il compte bien faire valoir ses droits et, en matière de règlements amiables, n’a rien à envier aux de la Marck : orgueil pour orgueil, Montaigu est incendié et mis à sac. Les ruines du donjon, symbole s’il en est, se trouvent désormais sous la butte du calvaire.

Car si, après cet épisode, la Prévôté perd peu à peu son influence, le site n’est pas abandonné pour autant et le culte de saint Thibaut, à qui était dédiée la chapelle castrale, s’y développe rapidement.

Les ruines du donjon se trouvent désormais sous la butte du calvaire.
Photo : Johnny Holtzheimer

AUX SOURCES DE LA CHAPELLE

Bon, va pour saint Thibaut, comte de Champagne devenu ermite dont la Légende Dorée nous trace un portrait plutôt sympathique, tout en humilité et en austérité. Mais il n’est point nécessaire de passer par Remoiville pour voir clair et deviner, sous la bure de ce probable cousin des comtes de Montaigu, une source qui n’a pas attendu son baptême pour accomplir des miracles.

En contrebas de l’éperon jaillit en effet une eau claire et rafraîchissante à laquelle on prête des vertus thérapeutiques, particulièrement efficaces en matière de maladies des membres inférieurs. Les nombreuses petites croix qui émaillent les lieux, traditionnellement confectionnées à l’aide de matériaux rencontrés sur place, témoignent d’une confiance toujours vivace

Une eau claire et rafraîchissante à laquelle on prête des vertus thérapeutiques
Photo : Patrick Germain

Pèlerinages

Deux pèlerinages (les premiers samedis de mai et de juillet) convergent encore vers la chapelle, dont la construction fut envisagée dès le début du XVIIème siècle pour répondre à une dévotion croissante. Au final, la paternité de l’édifice reviendra à un curé de Marcourt, Charles Jamotte, qui réunit les matériaux et les fonds nécessaires à sa construction, achevée en 1639.

Consacrée en 1660, un ermitage lui a été adjoint dès 1645 dont le Frère Gabriel Lardinois fut, en 1968, le dernier occupant à ce jour. L’ensemble occupe l’emplacement d’une tour d’angle de la forteresse incendiée.

La chapelle flanquée de l’hermitage depuis 1645
Photo : Johnny Holtzheimer

Classement, vandalisme et restauration…

A l’emplacement de l’ancien donjon, outre le calvaire dont les escaliers et le pavement ovale remontent à 1608, une grotte figurant le tombeau du Christ. Logique, pour un lieu d’où de nombreux Croisés partirent vers la Terre-Sainte. Construit au XIXème siècle, celui-ci dut être restauré – vandalisme oblige – en 1984.

Un vandalisme dont le classement du site, en 1973, n’a pu entraver les manifestations sporadiques. Par bonheur, le beau travail et la présence régulière des membres de l’association « Royale asbl chapelle et ermitage Saint-Thibaut (2) » compense l’oeuvre des quelques inévitables imbéciles de passage. Et conserve toute sa magie à un site exceptionnel dont le visiteur saura goûter les saveurs dans l’état d’esprit commun aux amoureux de l’Ardenne et de ses mémoires. Des visites guidées y sont organisées.

La grotte figurant le tombeau du Christ
Photo : Johnny Holtzheimer

Le gisant à l’intérieur du “tombeau”
Photo : Patrick Germain

= Agrandir les images

Notes :

1- A partir de Wenceslas II (1361 † 1419), les ducs de Luxembourg vont donner le duché en gage à certains princes, moyennant une somme d’argent, qu’ils pouvaient rembourser pour le récupérer le duché. Ce qu’ils n’arrivèrent jamais à faire. Sous l’angle de la stricte légitimité, on ne peut donc donner tort aux de la Marck. Hommage leur soit rendu : à se soumettre à n’importe qui, on devient n’importe quoi.

2- Renseignements : Royale asbl chapelle et ermitage Saint-Thibaut
Jacques Martin, Le Douaire, 3 à 6987 MARCOURT
T. +32 (0) 84 47 73 45

Source :

  • « Communes de Belgique – Dictionnaire d’histoire et de géographie administrative » – Crédit Communal de Belgique, à la Renaissance du Livre -1980.
  • « L’ermitage de St. Thibaut – Le Site de Montaigu » au SI de Marcourt (Merci à Sophie pour sa compétence et sa gentillesse)

Texte : Patrick Germain
Photos : Johnny Holtzheimer et  Jean-Marc Evrard

Où est Marcourt

Marcourt

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