La légende d’Orval : Mathilde, la truite et la fontaine | Florenville
La légende d’Orval : Mathilde, la truite et la fontaine | Florenville
Écoute, Pèlerin de toi-même, la Légende d’Orval ; du Val d’Or où tout est possible.
Or donc en ces temps-là il advint que Mathilde, veuve de Godefroid le Bossu, duc de Lorraine, s’en vint rendre visite à son parent Arnould, comte de Chiny, pour tenter d’apaiser quelque peu la douleur d’un double deuil. Nul n’échappe en effet au sort commun, et Mathilde n’était veuve que depuis peu lorsque son fils unique fut englouti par la Semois alors qu’il jouait sur son cours pris par le gel.
Ainsi le comte évoqua-t-il la présence, dans une forêt voisine, d’ermites y menant une vie angélique. Mathilde, brûlant de rencontrer ces saints hommes, se rendit au lieu-dit dès le lendemain, et fut touchée au plus profond par la rude fraternité qu’elle découvrit chez ceux-là qui avaient décidé de quitter l’agitation du siècle.
Après être demeurée quelques instants en prière dans leur robuste oratoire de chêne, elle les rejoignit auprès d’une fontaine dans l’eau de laquelle, en quête de fraîcheur, elle plongea la main. Mais voici que l’onde fait glisser de son doigt l’anneau qu’elle porte, cher souvenir de son époux disparu. On imagine sans peine la désolation de Mathilde et l’empressement de ses compagnons à retrouver l’objet. Mais en vain : celui-ci demeurait enfoui dans les graviers.
Les voici dès lors aux pieds de Notre-Dame Marie, patronne du lieu, implorant son aide avec la ferveur qu’on devine. Oraisons faites, Mathilde et les membres de la communauté s’en revinrent vers la source d’où ne tarda pas à émerger une truite tenant dans sa bouche l’anneau perdu : « Voici l’or que je cherchais „, s’écria la dame, » Heureuse la vallée qui me l’a rendu ! Aussi je souhaiterais qu’on l’appelle désormais le Val d’Or „.
Texte : Patrick Germain 2008
Photos : Daniel Pigeon – www.fotopassion.be/
Note :
Les Fils de Cîteaux, ultime et affectueux lien avec l’Église de mon père, ne me tiendront pas rigueur de citer ce passage de Tillière d’ailleurs publié sous leurs auspices et rendant aux dieux tutélaires ce qui leur appartient sans doute : » Si Godefroid le Bossu, époux de Mathilde, avait eu un enfant, pourquoi aurait-elle adopté son neveu Godefroid de Bouillon ? Cette fort belle histoire pourrait bien être un remaniement d’une vieille légende d’origine pré-chrétienne „. Que les enfants d’Épona (parfois appelée sainte Brigitte – de Kildare) soient rassurés : nulle communauté chrétienne ne pouvait mieux que les Cisterciens respecter l’esprit des lieux. Que la Paix soit avec eux et avec tous ceux qui sont en chemin vers le coeur du roncier.
Source :
• Adaptation libre de la légende rapportée par Henriquez in N.Tillière : » Histoire de l’abbaye d’Orval „ – Éditions d’Orval – 7° éd. 1967 –
Sur la toile :
Où est Orval
Orval
La fontaine Mathilde à Orval