
Le barrage de la Gileppe, son lac et son lion
Le barrage de la Gileppe, son lac et son lion
Vers le milieu du 19° siĂšcle, les besoins de son industrie textile et le dĂ©frichement de la forĂȘt de l’Hertogenwald amĂšnent la ville de Verviers Ă rĂ©clamer l’Ă©tude de travaux d’amĂ©lioration du rĂ©gime de la Vesdre. Le barrage de la Gileppe va naĂźtre.
En dĂ©cembre 1859, l’ingĂ©nieur Bidaut dĂ©pose un premier projet, mais ce n’est qu’en fĂ©vrier 1867 que vont ĂȘtre donnĂ©s les premiers coups de pioche de ce qui va devenir le barrage de la Gileppe et dont la capacitĂ© initiale sera de 13,26 millions de mÂł.
Les travaux sont achevés le 1er novembre 1875, les vannes ayant été fermées pour la premiÚre fois le 9 mai 1875. Et le roi Léopold II se déplace, trois ans plus tard, pour une inauguration mémorable.
Le 8 juillet 1952, lors de la construction du tunnel de la Soor (long de quelque 2.500 mĂštres et destinĂ© Ă capter les eaux du bassin versant de cette rivĂšre), un violent orage surprit huit ouvriers, sept italiens et un belge, ayant dĂ©cidĂ© de revenir vers la Soor par le tunnel lui-mĂȘme. Ils pĂ©rirent engloutis. Une plaque commĂ©morative figure Ă la sortie du tunnel, cĂŽtĂ© lac.
Le barrage, fatigué, sera ensuite consolidé et surhaussé entre 1967 et 1971.
RĂSERVE D’EAU POTABLE
Ce sont aujourd’hui 26,4 millions de mÂł, qui s’accumulent derriĂšre l’Ă©paisse muraille de ce barrage-poids (le plus ancien d’Europe en son genre) dont le mur, d’un volume 1,4 millions de mÂł, est complĂ©tĂ© par un enrochement de 1,2 millions de mÂł.
Deux tours de prise prĂ©lĂšvent l’eau Ă partir de quatre capteurs situĂ©s entre 260 et 290 mĂštres au-dessus du niveau de la mer, le fond du lac se trouvant pour sa part Ă 240 mĂštres.
En fonction des critĂšres fournis par les appareils de mesure et les analyses, l’eau distribuĂ©e est celle qui prĂ©sente les meilleures caractĂ©ristiques. Elle rejoint la station de traitement de Stembert, au-dessus de Verviers, via un aqueduc long de 9 km, haut de 2,4 m, large de 2,25 m et d’une pente de 15 cm/km. L’excĂ©dent disponible est pompĂ© dans l’adduction reliant les installations du barrage de la Vesdre (Eupen) Ă l’agglomĂ©ration liĂ©geoise.
Le débit journalier distribuable est de 75.000 m³
UN LION DANS LA QUIĂTUDE
Le niveau maximum du lac est situĂ© Ă 300 mĂštres, alors que le mur du barrage culmine Ă 305 m. Cette marge est calculĂ©e pour rĂ©sister Ă une crue  » millĂ©naire  » mais, pour parer Ă toute Ă©ventualitĂ©, un dĂ©versoir permet l’Ă©vacuation de 185 mÂł/sec. En cas de menace de rupture, glissement de terrain ou autre infiltration, le lac pourrait ĂȘtre vidĂ© en trois jours.
RafraĂźchi Ă©galement, le lion du sculpteur FĂ©lix BourrĂ© – fort de ses 13,5 mĂštres de hauteur et de ses 300 tonnes – continue inlassablement de porter son regard vers ce qui fut la Prusse voisine.
Mais si la rĂ©serve d’eau potable constitue sa fonction principale, le site vaut lui aussi le dĂ©tour. Car avec ses 130 hectares enfouis dans la profonde forĂȘt de l’Hertogenwald, le barrage et ses environs constituent un but de promenade qui satisfera Ă la fois l’amateur de sites grandioses et le promeneur avide de quiĂ©tude. Le chemin qui serpente sur ses rives prĂ©servĂ©es offre quelques heures de bonheur paisible.
Par ailleurs la tour panoramique, d’une hauteur de 77 mĂštres, et le belvĂ©dĂšre, permettent une vue impressionnante sur l’ouvrage et ses environs tout en offrant une infrastructure d’accueil polyvalente.
Ăcrit par Patrick Germain /2008
photos 2016 : Fr. Rion
Anecdote
Il y a prescription
Comme on peut s’en douter, un tel ouvrage d’art ne va pas sans surveillance. Mais cette surveillance est-elle fiable, me direz-vous ?
Or donc, en ces temps lĂ , j’Ćuvrais en qualitĂ© d’ouvrier forestier au service de ce que l’on n’appelait pas encore la Division nature et forĂȘts.
Théùtre de combats durant la percĂ©e alliĂ©e vers l’Allemagne, la forĂȘt de l’Hertogenwald restitue rĂ©guliĂšrement quelques reliques de l’Ă©poque. C’est ainsi qu’un obus croisa un jour la route de l’Ă©quipe dont je faisais partie, et notre route commune celle – c’est sa faute – d’un magnifique brasier destinĂ© Ă nettoyer une mise Ă blanc.
Faut-il prĂ©ciser que la combinaison de ces trois ingrĂ©dients fut particuliĂšrement dĂ©tonante ? Et que, trop heureux de nous en ĂȘtre tirĂ©s sans mal, nous dĂ©cidĂąmes de respecter l’omerta ?
L’engueulade – le terme est faible – du brigadier forestier de l’Ă©poque, Octave Techy, n’en fut donc que plus surprenante. Il y avait bien eu comme un bruit, mais…
Bref : je peux vous assurer qu’il y a bien des outils de mesure lĂ -bas. Ils sont sensibles et prĂ©cis… , la dĂ©tonation n’a pas Ă©branlĂ© l’ouvrage. Verviers et la vallĂ©e de la Vesdre peuvent dormir en paix.
Vidéo
Le lion comme vous ne l’avez jamais vu : Une vidĂ©o de Jean Marc Charette / LZ crĂ©ations
N’hĂ©sitez pas Ă regarder en plein Ă©cran, et mettez le son.
Galerie
OĂč sont le lac et le barrage de La Gileppe
Lac et barrage de La Gileppe

La Gileppe
