Givet, fille de Meuse
Au pied du fort de Charlemont, la Meuse fait de l’oeil au Vieux Givet : petit crochet par les ruelles d’une Marianne bien ardennaise.
Disons-le tout net : ardennais militant et francophile convaincu l’auteur de ces lignes est totalement incapable de franchir la frontière française sans ressentir un curieux sentiment de bien-être. France : nom de femme pour un pays qui, malgré toutes ses contradictions, agit comme un aimant aimant.
Ajoutez-y que c’est bien le wallon que l’on entend ça et là dans la région de Givet, où la Meuse nonchalante raconte ses histoires en léchant sur les quais celle écrite par les hommes, et vous comprendrez mieux que cet article de Médiardenne vous encourage vivement à passer le pont. Car si l’abord de Givet ressemble à s’y méprendre à l’abord de n’importe quelle ville contemporaine, le centre historique, lui, ne ressemble qu’à lui.
UNE HISTOIRE MOUVEMENTÉE
L’origine du nom « Givet » est discutée : faut-il y voir la trace du patois « givées » désignant les trains de bois qui descendaient la Meuse ; ou de « gabelium » qui, chez les mérovingiens, désigne une forme d’impôt et plus largement un établissement établi pour percevoir celui-ci au passage ? Toujours est-il que c’est « in vico gabelio » que Saint Hubert accomplit un miracle, nous rapporte la Chronique.
L’endroit fut stratégique de tout temps. Ainsi la Meuse y marque-t-elle la limite naturelle entre les territoires auduatuques (rive gauche) et trévire (rive droite). Après avoir appartenu à la Principauté Épiscopale de Liège, qui le fait sommairement fortifier, Givet passe dans l’escarcelle de Charles Quint, qui, en 1555, fait construire le Fort de Charlemont.
En 1678 le traité de Nimègue donne Givet à la France et c’est en exécution de celui-ci qu’en 1680, la place de Charlemont est remise à Louis XIV, qui s’empresse de faire compléter les fortifications de Charlemont et celles du Grand-Givet par Vauban.
Assiégé par les Prussiens en 1815, Givet sera ensuite occupé par les Russes. Un siècle plus tard, ce sont les troupes allemandes qui s’y installent. Elles y reviendront en 1940, avant d’en être chassées le 7 septembre 1944. Désormais, le fort de Charlemont accueille le prestigieux Centre d’entraînement commando du 9ème régiment de Zouaves.
De cette histoire mouvementée subsistent de nombreuses traces, que l’on découvrira en flânant dans les rues du Vieux Givet, dont l’agencement particulier ne doit rien au hasard.
GIVET, BELLE MOSANE
Et l’on est agréablement surpris, au vu de ce qui précède, de ressentir une telle impression de quiétude en déambulant dans ce centre qui, pour réduit que soit son étendue, offre de multiples occasions de découverte au milieu de commerces accueillants.
Église Saint Hilaire, avec ses boiseries Louis XV, Forge Toussaint, Tour Victoire, tour Grégoire qui lui fait face etc. : Givet ne manque pas d’atouts.
Puis, bien sûr, il y a la Meuse. Son port, les quais où les péniches un instant immobiles vous parlent de voyages portés par le courant au beau milieu des terres, offrant d’autres regards sur les lieux et les hommes.
Rêveries traversières, à deux pas des voitures et de l’agitation. Givet, la belle frontalière, c’est aussi une région sur laquelle nous ne manquerons pas de revenir, au fil des saisons de Médiardenne.
Écrit par : Patrick Germain /2007
Crédit(s) photographique(s):Patrick Germain
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